Ce que pensent les militants pour le climat de la COP26


Marche pour la justice climatique à Glasgow, le 6 novembre 2021

Les militants pour le climat n'ont pas mâché leurs mots à propos de la fraude de la COP26 - de l'exclusion de la voix des peuples dans la discussion au refus de même considérer l'impact de l'OTAN, du militarisme et des guerres sur les changements climatiques et la crise climatique, en passant par la répétition de phrases vides de sens comme « l'engagement en faveur d'un zéro net ».

Mhairi McCann, d'Écosse, a participé à la COP26. Elle est la fondatrice de Youth Stem 2030, une organisation qui vise à donner aux jeunes les moyens de faire progresser les objectifs de développement durable des Nations unies. Une entrevue de Mhairi par la North American Association for Environmental Education a été publiée en ligne par wildcentre.org. Mhairi a déclaré : « Ce n'est pas la façon dont la COP26 est organisée qui va nous permettre d'agir pour lutter contre les changements climatiques. C'est ce que j'en retiens. À bien des égards, la COP26 a exclu de nombreux groupes de personnes, en partie à cause de la COVID et en partie autrement. Ce n'est pas vraiment là que l'action va se produire. J'aimerais pouvoir en partir sur une note plus optimiste que cela, mais c'est l'impression que j'ai eue ici. »

Ramon Mejia, un ancien combattant américain de la guerre en Irak et membre de la Grassroots Global Justice Alliance, était également présent. Dans une entrevue accordée à Democracy Now, Ramon a déclaré : « Lorsque les industries des combustibles fossiles disposent d'une délégation plus importante que la plupart de nos communautés de première ligne et du Sud, nous sommes réduits au silence. Cet espace n'est pas un espace pour de véritables discussions. C'est un espace de discussion pour les sociétés transnationales, l'industrie et les gouvernements pollueurs qui continuent à essayer de trouver des moyens de continuer comme si de rien n'était sans s'attaquer aux racines de la discussion. »

« Il ne peut y avoir de véritable discussion sur la lutte contre les changements climatiques si nous n'incluons pas les forces armées. Les forces armées, comme nous le savons, sont les plus grandes consommatrices de combustibles fossiles et aussi les plus grandes émettrices des gaz à effet de serre qui sont les plus responsables du dérèglement climatique. Cette conférence des parties a été baptisée « net zéro »... mais c'est faux et trompeur. C'est une fausse solution, tout comme l'est 'l'écologisation des forces armées'. ... [L'écologisation des forces armées] n'est pas non plus la solution. Nous devons nous attaquer à la violence que les forces armées entretiennent et à l'effet catastrophique qu'elles ont sur notre monde ».

Tamara Lorincz, une militante canadienne, membre de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté-Canada et de Voice of Women for Peace, a également pris la parole et souligné le lien entre le militarisme et la crise climatique. Partout où elle est allée, elle a distribué des dépliants expliquant pourquoi l'OTAN est une menace pour les peuples et la planète, ainsi que sur l'empreinte carbone des forces armées, de la militarisation et des dépenses militaires. Dans un reportage à Science for Peace, elle a déclaré : « La science exige des réductions drastiques des émissions », alors que « le zéro net, les compensations, la capture et le stockage du carbone et les solutions basées sur la nature colportées par le gouvernement et l'industrie sont de fausses solutions ». Elle a été extrêmement répugnée par la forte présence policière, à cheval et aux barrages de police, et par les espaces hautement sécurisés avec des clôtures qui empêchaient les gens de pouvoir participer. Les discussions sur la paix, le militarisme et les dépenses militaires, a-t-elle dit, étaient totalement absentes de la COP26, alors que l'espoir pour l'avenir se trouve dans le mouvement de solidarité internationale.

Dans un communiqué de presse publié le 13 novembre, le Réseau Action Climat Canada a rendu compte de la réaction de la société civile et des groupes environnementaux canadiens et a déclaré : « La COP26 n'a pas été en mesure de combler le fossé entre l'écoblanchiment tape-à-l'oeil et l'action climatique réelle. La plus grande délégation à la COP26 était un groupe de 500 lobbyistes de l'industrie des combustibles fossiles. Le Royaume-Uni les a accueillis à bras ouverts. En même temps, les peuples autochtones, les jeunes, les syndicats et les organisations environnementales qui sont venus à Glasgow pour lutter pour l'intégrité, l'ambition et l'action transformatrice ont été confrontés à des restrictions et des barrages constants. Nous continuerons à demander au Canada de faire sa juste part de l'effort mondial pour le climat et de mettre fin à la production coloniale de combustibles fossiles. »

Neta Crawford, cofondatrice et directrice du projet Cost of War de l'Université Brown de Boston était également présente à la COP26. « Je suis ici parce que plusieurs universités au Royaume-Uni ont lancé une initiative pour essayer d'inclure davantage les émissions des forces armées dans les déclarations d'émissions des différents pays », a-t-elle déclaré. Chaque année, tous les pays signataires du protocole de Kyoto « doivent inclure certaines de leurs émissions militaires dans leurs inventaires nationaux, mais il ne s'agit pas d'une comptabilité complète. Et c'est ce que nous aimerions voir ». Elle a fait remarquer que le département de la Défense des États-Unis avait informé la Maison-Blanche en 1997, lors du sommet de Kyoto sur le climat, que si les missions militaires étaient incluses dans les protocoles sur le climat, les forces armées des États-Unis pourraient devoir réduire leurs opérations. Selon les responsables du département de la Défense, une réduction de 10 % de leurs émissions, entre autres, entraînerait un manque de préparation à la guerre à tout moment et en tout lieu.

Aminath Shauna, ministre de l'Environnement des Maldives, parlant des besoins des nations insulaires, a déclaré : « Ce qui est équilibré et pragmatique pour les autres parties n'aidera pas les Maldives à s'adapter à temps. Pour nous, c'est une question de survie. Nous reconnaissons les fondements qui conduisent à ce résultat, mais il n'apporte pas d'espoir dans nos coeurs. La différence entre 1,5 et 2 degrés est une condamnation à mort pour nous.

Saleemul Hug, directeur du Centre international pour les changements climatiques et le développement au Bangladesh, a déclaré : « En ce qui me concerne, c'est un échec..... (Je) suis venu ici avec un seul objectif, celui d'aider les personnes les plus pauvres de la planète qui souffrent déjà des effets des changements climatiques provoqués par les activités humaines. Et nous avions besoin que Glasgow facilite le financement des pertes et dommages chez nous. Cent trente-huit pays en développement ont inséré une formulation dans le texte hier. Elle a été supprimée du jour au lendemain. Elle n'est plus là. Elle a été remplacée par une offre de dialogue ... absolument décevante et totalement inacceptable. »

Asad Rehman, de l'organisation britannique War on Want, a déclaré : « C'est une trahison de la science, c'est une trahison des réalités des impacts climatiques qui se produisent et dévastent la vie et les moyens de subsistance des gens. Les seules personnes qui célèbrent ce résultat sont les centaines de lobbyistes de l'industrie pétrolière et gazière, ceux dont les intérêts particuliers disent essentiellement ‘nous ne pouvons pas voir de changement, nous ne pouvons pas nous éloigner de la dépendance aux combustibles fossiles de notre économie'. »


Glasgow, 6 novembre 2021

Amanda Mukwashi, directrice exécutive de Christian Aid, une organisation britannique, a déclaré : « On nous avait dit que la COP26 était la dernière chance de maintenir le seuil de 1,5 degrés Celsius en vie, mais elle est maintenue en vie artificiellement. Les nations riches ont mis la clé sous la porte, et avec elle la promesse d'une action climatique urgente dont les peuples en première ligne de cette crise ont besoin.

« Après deux semaines de négociations, les voix de ceux qui subissent les dures conséquences des changements climatiques ont été largement exclues et n'ont pas été prises en compte. Les mots réconfortants sur les pertes et dommages et le financement des pays en développement pour qu'ils s'adaptent aux changements climatiques ne suffisent pas. Les nations riches doivent accepter leur responsabilité, joindre le geste à la parole et fournir les milliards nécessaires. Les nations en développement sont celles qui ont fait le moins pour provoquer cette crise, mais se sont engagés à s'y attaquer. »

Plus de 700 organisations et mouvements du monde entier ont lancé un appel, dès le début de la COP26, en faveur de véritables solutions pour résoudre le problème du changement climatique et non de la poursuite d'un mal déguisé en des budgets « nets zéro » en carbone . « Nous ne voulons pas lire vos promesses d'équilibrer le budget des émissions d'ici le milieu du siècle, en utilisant des solutions techniques, la géoingénierie, les marchés carbone et des astuces comptables, ont-ils écrit. Nous exigeons que vous présentiez de véritables mesures pour réduire les émissions et la production de combustibles fossiles au ‘Vrai zéro'. Ces mesures doivent être fondées sur une transformation réelle, soutenues par des ressources concrètes et mises en oeuvre avec l'urgence exigée par les crises actuelles. » Leur déclaration est disponible en français en ligne ici .

Séance d'ouverture du Sommet des peuples, le 7 novembre 2021

(Sources : Al Jazeera, Greenpeace, Réseau Action Climat Canada)


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 16 - 14 décembre 2021

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2021/Articles/L510164.HTM


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca