Les stratagèmes du
Canada pour payer les riches comme prétendues solution à la crise climatique
La signification de la «feuille de route pour y arriver» de Trudeau
- Pauline Easton -
Les jeunes manifestent lors de la Conférence des Nations unies sur le climat COP26,
le 2 novembre 2021.
Le 29 octobre, le premier ministre Trudeau a prononcé une allocution
devant une réunion conjointe des membres du Sénat et de la Chambre des
représentants des Pays-Bas. Ses commentaires ont été suivis d'un échange
avec eux, comprenant des questions sur les politiques du Canada en
matière de crise
climatique, en prévision du sommet COP26 sur le point de commencer.
L'échange a révélé comment Trudeau ne cesse d'inventer de nouvelles
façons d'éviter de répondre à une question d'une manière qui ne soit pas
obscurantiste.
Le
député néerlandais Jesse Klaver, chef du parti de la Gauche verte, a
demandé pourquoi les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet
de serre du Canada sont inférieurs à ceux proposés par l'Union
européenne. Jesse Klaver a demandé pourquoi les préoccupations exprimées
par le Canada à
l'égard de la crise climatique ne se traduisent pas par des objectifs
ambitieux en matière d'émissions.
Selon la transcription de la conférence de presse, Justin Trudeau a
déclaré que la lutte contre les changements climatiques ne peut être
définie uniquement par des cibles; celles-ci doivent également être
assorties d'un plan réaliste visant à orienter l'économie vers des
sources d'énergie plus
propres. Le Canada, en tant que grand producteur de pétrole et de gaz,
est difficilement comparable à un pays comme les Pays-Bas qui exploite
moins de combustibles fossiles, a-t-il déclaré.
« Une grande partie de l'énergie est consacrée à la définition de
cibles plutôt qu'à l'élaboration d'un plan concret ou d'une feuille de
route pour y parvenir », a déclaré Justin Trudeau.
Lors d'un sommet international sur le climat en avril, Justin Trudeau
a promis que le Canada réduirait ses émissions de 40 à 45 % par rapport
aux niveaux de 2005 d'ici 2030. Cela « réduirait les émissions totales
beaucoup plus que l'objectif présenté pour la première fois par l'ancien
gouvernement conservateur et accepté par l'ancienne ministre de
l'Environnement, Catherine McKenna, lors des négociations climatiques de
Paris en 2015 », indique un journaliste du bureau parlementaire de la
CBC.
« L'un des engagements que j'ai pris à Paris il y a six ans, alors
même que le Canada faisait preuve de leadership en matière de climat,
était que nous n'irions pas de l'avant en annonçant des cibles avant
d'avoir un plan réel et concret pour les atteindre, et c'est ce à quoi
nous travaillons
depuis quelques années », a déclaré Justin Trudeau à Jesse Klaver.
Selon Justin Trudeau, le Canada est « manifestement sur la bonne voie
pour atteindre 36 % de moins que les objectifs de 2005 » et s'efforcera
d'aller encore plus loin, car cela accélère la transition vers
l'abandon des combustibles fossiles.
Pour
savoir pourquoi Justin Trudeau s'est exprimé avec autant de confiance,
il faut se pencher sur les tractations, marchandages et accords qui
sortiront de la Conférence COP26 et sur le rôle des financiers mondiaux
dirigés par Mark Carney[1] ,
envoyé spécial
des Nations unies pour le financement de l'action climatique. Mark
Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada puis de la Banque
d'Angleterre, a été chargé d'amasser les milliers de milliards de
dollars contrôlés par diverses entités privées pour les accords verts
qui doivent être mis en place.
Depuis des décennies, les oligarques financiers mettent en place des
structures réglementaires et organisationnelles pour mettre les
financiers directement responsables et transformer les gouvernements
nationaux en leurs facilitateurs.
Lorsque Mark Carney a été nommé à ce poste, il a déclaré avoir
constitué une équipe pour accomplir « une tâche simple mais vitale ... à
accomplir d'ici la COP26 ... toutes les bases nécessaires pour que
chaque décision financière tienne compte des changements climatiques ».
Il décrit l'objectif
de cette tâche comme « une réorganisation fondamentale du système
financier afin que tous les aspects de la finance – investissements,
prêts, produits dérivés, produits d'assurance, marchés entiers –
tiennent compte systématiquement des répercussions de leurs actions sur
la course vers le zéro net
». L'objectif est un système financier dans lequel le changement
climatique est un déterminant de la valeur au même titre que la qualité
de crédit, les taux d'intérêt ou la technologie, où l'incidence d'une
activité sur le changement climatique est un nouveau vecteur, un nouveau
déterminant, de la
valeur. »
Mark Carney a lancé deux projets d'organisation du capital financier :
la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) et l'Alliance
bancaire Net Zéro (NZBA). Il existe également une Net-Zero Insurance
Alliance (NZIA). Mark Carney se vante que quelque « 1 300 des plus
grandes entreprises
mondiales soutenues par des institutions financières contrôlant des
bilans totalisant plus de 170 000 milliards de dollars, notamment les
plus grandes banques, les plus grands fonds de pension, les plus grands
gestionnaires d'actifs et les plus grands assureurs » se sont engagés
dans ce nouveau
système financier qui comprendra des éléments comme de nouvelles normes
pour les rapports annuels et les prospectus d'entreprises calqués sur le
modèle Envron afin de montrer qui est digne et qui ne l'est pas d'être
le bénéficiaire des fonds qui circulent pour l'économie « nette zéro ».
Le fait de servir ces entreprises et leurs financiers, et de
trafiquer avec elles dans des organismes supranationaux par lesquels les
pouvoirs exécutifs sont exercés, permet également de comprendre
pourquoi Trudeau devait déclencher des élections pour tenter d'obtenir
un gouvernement majoritaire
afin de prétendre qu'il a le mandat de faire passer ces mesures.
Cependant, l'élite dirigeante mondiale ne se laisse pas abattre par
le fait de ne pas obtenir de majorité et est déterminée à faire passer
son ordre du jour en utilisant la diversion selon laquelle le problème
est celui des extrémistes qui représentent le plus grand danger pour la
sécurité dans
des conditions de crise climatique.
La prise de contrôle des politiques climatiques par les oligarques
financiers du monde a été déclarée lors de la cérémonie d'ouverture de
la COP26 par Charles, prince de Galles, qui est aujourd'hui
présenté comme le prochain roi du Canada et
le chef
potentiel du Commonwealth, qui n'est pas une poste « héréditaire », dans un avenir relativement proche. Il a
déclaré aux dirigeants mondiaux réunis que les « initiatives
indépendantes menées en parallèle » ne suffiraient pas pour faire face à
la crise climatique et affirmé que « l'ampleur et la portée de la
menace à laquelle nous sommes
confrontés exigent une solution globale, au niveau des systèmes ».
Sans honte, le prince a déclaré aux dirigeants réunis : « Nous avons
besoin d'une vaste campagne de style militaire pour mobiliser la force
du secteur privé mondial. Avec des milliers de milliards à sa
disposition, bien au-delà du PIB mondial et avec le plus grand respect
au-delà même des
gouvernements des dirigeants du monde, il offre la seule perspective
réelle de réaliser une transition économique fondamentale. »
Quant à la question qui s'impose en arrière-plan : « qui paie, et
comment ? », la réponse donnée a été la suivante : « Nous devons aligner
les investissements privés sur ces stratégies sectorielles pour aider à
financer les efforts de transition, ce qui signifie renforcer la
confiance des
investisseurs afin de réduire le risque financier. »
« Plus de 300 chefs d'entreprise et investisseurs institutionnels de
premier plan m'ont dit qu'à côté des promesses faites par les pays, ils
avaient besoin de signaux de marché clairs, convenus au niveau mondial,
afin d'avoir la confiance nécessaire pour investir sans que les poteaux
de but ne
bougent soudainement », a annoncé le « Prince ».
Il est clair pour les peuples du monde que c'est à eux de régler
leurs comptes avec ce nouvel ordre financier anti-peuple extrémiste qui
est en train de se mettre en place et qui va avoir des répercussions
très importantes sur leurs vies. Chacun doit revendiquer ce qu'il doit
revendiquer dans la
société et ne pas laisser les décisions prises dans son dos et à ses
dépens décider de l'issue des crises qui se produisent parce que les
élites dirigeantes sont devenues un poids énorme et insupportable. Les
solutions qui favorisent la classe ouvrière et le peuple sont sensées et
doivent
prévaloir.
Note
1. Marc Carney est l'un
des plus grands courtiers en finance du monde, il est lui-même un
détenteur de richesse secondaire avec une valeur nette de 35 millions de
dollars US. Il est actuellement vice-président de Brookfield Asset
Management et responsable des
investissements de transition. Son travail chez Brookfield est décrit
comme « le développement de produits pour les investisseurs qui
combineront des résultats sociaux et environnementaux positifs avec de
solides rendements ajustés au risque ». De 2013 à 2020, il a occupé le
poste de gouverneur de la
Banque d'Angleterre, après avoir été gouverneur de la Banque du Canada
de 2008 à 2013. Il a été président du Conseil de stabilité financière de 2011 à 2018. Avant 2008, il a travaillé
chez Goldman Sachs, ainsi qu'au ministère canadien des Finances. Il est
également membre
du conseil consultatif mondial de la Pacific Investment Management
Company (PIMCO), qui appartient à son tour à Allianz SE, dont les
principales participations comprennent Apple, Microsoft, Amazon,
Facebook, United Health Car, Alphabet et Tesla.
Marc Carney est également devenu membre du
conseil d'administration de Stripe, une entreprise technologique
mondiale qui construit des infrastructures économiques pour l'Internet.
Il a été nommé au conseil d'administration en février 2021 comme
quelqu'un qui bénéficiera à l'entreprise « alors
qu'elle déploie ses efforts en matière de climat au niveau mondial,
permettant à des millions d'entreprises d'apporter plus de financement
aux technologies émergentes de suppression du carbone ». L'entreprise
ajoute que le rôle de Mark Carney aux Nations unies lui a permis de «
galvaniser l'action
climatique et le financement privé avant la prochaine conférence COP26 à
Glasgow ».
M. Carney est également membre du Groupe des
Trente, du Conseil de fondation du Forum économique mondial, et siège
aux conseils d'administration de Bloomberg Philanthropies, du Peterson
Institute for International Economics et du Hoffman Institute for Global
Business and Society de l'Institut européen d'administration des Affaires.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 13 - 7 novembre 2021
Lien de l'article:
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