La fraude du débat sur le plafond de la dette
- Kathleen
Chandler -
Les médias monopolisés publient des reportages presque quotidiens sur
le conflit actuel au Congrès des États-Unis concernant le plafond de la
dette, notamment sur la question de savoir s'il faut le relever, le
suspendre ou l'abolir complètement. On dit que le plafond de la dette
est distinct du
budget fédéral, mais le débat a systématiquement lieu lorsque le budget
est débattu et que plane la menace de la fermeture du gouvernement. En
effet, en 2013, la loi No Budget, No Pay Act a été adoptée, ce
qui a suspendu le plafond de la dette pour la première fois, permettant
une dette
illimitée pour cette période. Des suspensions ont eu lieu régulièrement
par la suite, de 2013 à 2017. Aujourd'hui, un accord a été trouvé pour
relever le plafond de 480 milliards de dollars, ce qui suffit seulement à
financer les paiements de la dette jusqu'au 3 décembre 2021, date à
laquelle une
fermeture du gouvernement pourrait se produire si le budget n'est pas
adopté.
L'affirmation que le plafond de la dette sert à réguler les dépenses
et à empêcher que trop de dettes soient contractées est un mythe et fait
partie de la fraude. En réalité, le plafond de la dette a constamment
été relevé. Dans les années 1980, il était de plusieurs milliers de
milliards de
dollars et aujourd'hui, il est d'environ 28 500 milliards de dollars.
Une autre partie de la fraude est la peur suscitée par le fait que si le
plafond de la dette n'est pas relevé, les États-Unis ne pourront pas
rembourser leurs dettes. Elle est utilisée comme une forme de chantage
contre ceux qui
ne se soumettent pas aux plans de l'administration. Les dettes,
principalement sous forme d'obligations et de billets d'État, qui paient
tous des intérêts, sont en grande partie détenues par les géants
financiers privés. Ces financiers sont également ceux qui déterminent la
cote de crédit des
États-Unis. Cela signifie que la promotion d'un défaut de paiement
potentiel permet aux financiers d'abaisser la cote de crédit des
États-Unis, ce qui rend les emprunts publics encore plus chers. Dans le
même temps, la peur de la catastrophe qui est générée détourne tous les
regards vers le plafond
de la dette, ce qui, à son tour, pousse les gens à se ranger derrière
l'une ou l'autre des factions au pouvoir et les intérêts privés qu'elles
représentent.
La fraude sert également à détourner l'attention du financement
militaire par le biais de projets de lois adoptés par la Chambre et le
Sénat (316-113) sans problème. Les lois sont en cours de réconciliation
pour pouvoir être envoyées au président afin qu'il les signe. Pendant ce
temps, le reste du
budget fédéral, qui comprend le financement de programmes sociaux tels
que l'éducation, les soins de santé et le logement, a de nouveau été
laissé en suspens jusqu'en décembre.
Le budget militaire fournit au Pentagone 768 milliards de dollars,
soit plus de 24 milliards de dollars de plus que ce que demandait Joe
Biden, et comprend 28 milliards de dollars pour moderniser les armes
nucléaires. Il prévoit également que les femmes de 18 ans pourront
désormais s'inscrire
pour le service militaire en même temps que les hommes de cet âge.
Actuellement, l'inscription pour le service militaire n'est pas
appliquée, mais le fait que les femmes soient désormais ajoutées est une
indication que les États-Unis se préparent à d'autres guerres et se
positionnent pour imposer un
service militaire obligatoire. L'augmentation du financement a été
principalement défendue comme nécessaire pour une guerre potentielle
avec la Chine.
Au nom de la modernisation des infrastructures et de l'énergie «
verte », le débat sur le plafond de la dette est également devenu une
arme utilisée par les factions rivales de la classe dirigeante
américaine pour déterminer quels constructeurs automobiles, entreprises
de construction,
fournisseurs d'énergie et autres oligopoles obtiendront la plus grosse
part du budget. C'est également un élément du conflit entre l'exécutif,
en l'occurrence le secrétaire au Trésor, et le Congrès, qui,
constitutionnellement, contrôle les cordons de la bourse mais qui, en
réalité, le concède
généralement au bureau du président.
Un défaut de paiement des États-Unis serait principalement un
problème pour les financiers privés et les oligopoles, qui utilisent les
fonds publics pour servir leurs propres intérêts étroits. Ces fonds ne
sont pas utilisés au profit du peuple ou de la société dont il dépend. Le
peuple se porterait bien mieux si le gouvernement cessait de verser
des paiements de la dette, y inclus les intérêts, à ces intérêts privés
et établissait à la place une structure bancaire publique.
Il est également vrai que le peuple exige constamment et de toutes
sortes de manières, que le gouvernement cesse de financer la guerre et
utilise les fonds alloués à la guerre pour garantir le droit du peuple
aux soins de santé, au logement, à l'éducation et à des moyens de
subsistance.
Actuellement, le budget consacré au financement des programmes sociaux
est bien inférieur à ce qui est nécessaire pour répondre aux justes
revendications du peuple. De plus en plus, les gens s'expriment en leur
propre nom et manifestent pour leurs propres revendications. Cette voix
peut être
entendue dans les nombreuses manifestations, grèves et actions
organisées dans tout le pays.
Cela montre que la plus grande fraude du débat sur le plafond de la
dette consiste à cacher le fait que le peuple ne décide d'aucun aspect
du budget fédéral, qui provient en grande partie des impôts des
travailleurs. L'élite dirigeante espère que les revendications du peuple
d'arrêter de payer le
Pentagone et les riches et d'augmenter les investissements dans
les programmes sociaux se perdront dans le brouillard des menaces répétées
de catastrophe et de fermeture du gouvernement. C'est un espoir vain car
plus les gens prennent position pour ce qui est juste, plus ils se
donnent du pouvoir et plus
les fraudes sont révélées pour ce qu'elles sont. À cet égard, le peuple
sait que les fermetures du gouvernement nuisent aux personnes qui
travaillent dans les services gouvernementaux et qui dépendent de ces
services, et non aux riches. Le débat sur le plafond de la dette est une
hydre dont la
défaite exige un effort herculéen.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 12 - 17 octobre 2021
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