Les résultats de la 44e élection
générale
Une élection inutile, en temps de pandémie, qui ne règle rien
- Dougal MacDonald -
Donnant raison au consensus majoritaire qui existait parmi les Canadiens
avant l'élection, la 44e élection fédérale, qui a coûté 610 millions de
dollars, a été une perte de temps et d'argent qui n'a rien changé.
Après avoir promis de ne pas le faire, le gouvernement libéral a
déclenché les
élections pendant la pandémie de COVID-19 qui a tué jusqu'à présent 28
000 Canadiens, dans le seul espoir de transformer son gouvernement
minoritaire en un gouvernement majoritaire. Mais sa stratégie s'est
retournée contre lui. La répartition des sièges au parlement reste
essentiellement la même et
beaucoup de Canadiens sont furieux d'avoir été soumis à cette manoeuvre.
Il y a 338 sièges au Parlement. Avant l'élection, le Parti libéral
avait 155 sièges, le Parti conservateur 119, le Bloc québécois 32, le
NPD 24, le Parti vert 2 et les indépendants 5, et il y avait un siège
vacant. En date du 8 octobre, avec des recomptages en cours dans deux
circonscriptions,
les résultats de l'élection de 2021 sont que les libéraux ont remporté
160 sièges, les conservateurs 119, le Bloc québécois 32, le NPD 25, le
Parti vert 2 et les indépendants 0. En d'autres termes, un autre
gouvernement libéral minoritaire et une répartition des sièges très
similaire à l'élection
précédente. Un observateur a qualifié l'élection de remaniement
ministériel de 610 millions de dollars.
L'élection n'a fait que démontrer le besoin urgent de renouveau
démocratique. Le manque de démocratie a donné un spectacle honteux. Par
exemple, comme c'est le cas depuis de nombreuses années, une désignation
« officielle » et arbitraire est imposée qui divise les partis en
partis « majeurs » et
partis « marginaux ». Cela signifie que, bien que 22 partis politiques
enregistrés aient présenté des candidats à l'élection, seuls cinq ont
été invités à participer aux débats et forums « officiels » organisés
par la « Commission du débat des chefs » créée par Justin Trudeau en
2018. Les 17 autres
partis ont été laissés pour compte et rabaissés devant l'opinion
publique. Tout cela est tout à fait contraire à la notion d'un public
informé participant à une élection équitable.
La 44e élection générale était encore basée sur le scrutin uninominal
majoritaire à un tour, dans lequel les électeurs votent pour le
candidat de leur choix et le candidat qui reçoit le plus de voix
remporte la circonscription. Mais le pourcentage du vote populaire qu'un
parti obtient ne se
reflète pas dans le pourcentage de sièges qu'il obtient. Et ceux qui
n'ont pas voté pour le candidat gagnant ne sont pas représentés au
gouvernement.
En juin 2015, le premier ministre Justin Trudeau a juré que les
élections fédérales de 2015 seraient les dernières à se tenir avec le
scrutin majoritaire uninominal à un tour, laissant entendre qu'un
nouveau système de représentation proportionnelle serait en place pour
la prochaine élection. La
représentation proportionnelle signifie que les sièges sont d'abord
attribués aux partis en fonction du nombre de votes reçus à la dernière
élection. Ce serait une amélioration. Mais Justin Trudeau est revenu sur
son engagement en
février 2017, pas même deux ans après l'avoir pris.
Dans l'élection 2021, les Canadiens ont comme d'habitude été traités
comme de simples spectateurs et une masse votante. Leur seul rôle était
de « choisir un camp ». La « démocratie » signifie donc que chacun vote
une fois tous les quatre ou cinq ans et n'exerce ensuite aucun contrôle
sur ce que
font, disent et décident les partis du cartel.
Même les membres des partis du cartel sont privés de toute voix au
chapitre en ce qui concerne la sélection des candidats ou les prises de
décision. Leurs candidats et leurs députés sont tout aussi impuissants.
La désinformation envahit les médias et personne n'a voix au chapitre
sur ce qui se
passe.
En campagne, les chefs des partis du cartel font des déclarations
ahurissantes. Ils inventent des « enjeux » en fonction du nombre de
votes que cela peut leur rapporter selon les calculs de leurs stratèges.
Ils s'engagent à faire d'énormes dépenses pour « réparer » les choses,
comme si le monde
réel et les personnes réelles n'existaient pas. Ils s'échangent des
attaques personnelles qui n'accomplissent rien. Pendant ce temps, des
analystes et des sondeurs disent à tout le monde ce qu'il faut penser,
avant et après l'élection. Tout cela souligne que les travailleurs
doivent parler en leur
propre nom pour changer la situation en leur faveur dans la période à
venir.
Le premier ministre de l'Alberta, Jason Kenney, a joué un rôle
négatif tout au long de l'élection. Sa gestion négligeante de la
pandémie de COVID-19, qui a fait que le système de santé de l'Alberta a
été complètement submergé, a miné la campagne du Parti conservateur. Le
soutien aux
conservateurs en Alberta a baissé d'environ 14 %. Les libéraux ont
repris un siège à Calgary et un autre à Edmonton et le NPD a remporté un
deuxième siège à Edmonton.
Il est très probable que Jason Kenney, qui a littéralement disparu
pendant la campagne, sera pointé du doigt maintenant que les
conservateurs cherchent un
bouc émissaire pour leur piètre performance à l'élection. Non seulement
Jason Kenney est-il le premier ministre le moins populaire du Canada,
mais les fusils sont maintenant braqués contre lui au sein de son propre
parti.
L'idée que les travailleurs ont un véritable choix entre un parti et
un autre lors des élections a été démentie maintes fois. Beaucoup ont
fait remarquer que depuis la Confédération, seuls deux partis forment le
gouvernement et que leurs politiques servent et sont financées par les
intérêts
d'entreprises privées. Le peuple veut avoir le pouvoir de résoudre les
vrais problèmes, et non pas continuer à élire des gouvernements qui
paient les riches.
Il est important qu'après les élections, nous ne soyons pas passifs,
et que nous affirmions constamment notre droit de parler en notre propre
nom, en nous renforçant à chaque étape par des prises de position qui
sont à notre avantage. C'est ainsi que nous pouvons affirmer notre droit
de
participer activement à la prise des décisions importantes qui affectent
nos vies.
Maintenant
que les élections sont terminées et que les libéraux restent
minoritaires, un très bon point de départ pour renverser la vapeur est
d'intensifier le travail dans nos collectifs, dans nos endroits de
travail, nos établissements d'enseignement et nos résidences pour
personnes âgées.
Durant la fraude de faillite de Stelco, qui a duré de 2003 à 2006, et
pendant plusieurs années par la suite, les travailleurs de la section
locale 1005 du Syndicat des Métallos ont tenu des « réunions du jeudi »
de deux à trois heures au cours desquelles ils se sont informés et ont
ensuite discuté des problèmes auxquels ils étaient confrontés et des
mesures à prendre. Voilà
le genre de démocratie où les gens peuvent s'exprimer en leur propre
nom, participer à la prise de décisions et exercer un contrôle sur leur
mise en oeuvre et assumer les résultats obtenus. Les travailleurs ont pu
s'unir et se donner la confiance nécessaire pour avancer audacieusement
sur la voie
choisie.
Un autre exemple de démocratie digne de ce nom est celui où les
citoyens et résidents, et non les partis politiques, choisissent leurs
candidats parmi ceux qui sont aux premiers rangs de la résolution des
problèmes de la société.
En somme, notre objectif global doit maintenant être de participer
activement à l'édification d'un nouveau Canada qui soit dirigé par les
travailleurs et leurs alliés et qui serve les intérêts du peuple. C'est
possible. C'est nécessaire.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 11 - 10 octobre 2021
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