Biden recourt aux menaces pour tenter de surmonter l'humiliation subie par les États-Unis

Dans une allocution à la Maison-Blanche le 31 août, pendant que les dernières troupes américaines ont été forcées de quitter l'Afghanistan, le président américain Joe Biden a eu recours aux menaces pour tenter de surmonter l'humiliation essuyée par les États-Unis suite à leur défaite dans ce pays. Il a tenté lamentablement de dissimuler leur déroute en Afghanistan, les talibans prenant d'assaut une ville après l'autre et, finalement, Kaboul. Le retrait des troupes, des ressortissants américains et de leur entourage dans un climat de panique, de désordre et d'indiscipline surpasse de loin celui dont le monde entier a directement été témoin à Saïgon le 30 avril 1975. Joe Biden, dans le déni, a prétendu que l'évacuation a été un « succès extraordinaire ».  Il l'a appelée une « mission de miséricorde », attribuant son succès « aux compétences, à la bravoure et au courage altruiste incroyables de l'armée américaine et de nos diplomates et professionnels des renseignements ».

S'il croit pouvoir ainsi cacher la réalité, il se trompe royalement. Les peuples du monde entier ont observé ce qui s'est passé, y compris l'incapacité de ses « professionnels du renseignement » de prédire le retour au pouvoir des talibans et la rapidité de leur déploiement. Ils ont aussi vu de leurs yeux l'agent des États-Unis qui avait assumé le rôle de président de ce pays prendre la poudre d'escampette avec tellement d'argent que, faute de place, il a dû en laisser sur le tarmac. Peut-être prétendra-t-il qu'il a agi pour le bien des femmes et des filles, car la vérité est qu'après avoir justifié pendant vingt ans les crimes des États-Unis au nom d'établir l'État de droit et d'embrasser la cause des droits des femmes et des filles, il n'en reste absolument rien, si ce n'est un pays dévasté que Biden continue de menacer, affirmant que l'agression américaine va se poursuivre, y compris par le biais de guerres illégales par drones et d'assassinats décidés par le président.


Des enfants tués dans l'attaque au drone des États-Unis en août 2021

« Nous continuerons le combat contre le terrorisme en Afghanistan et dans d'autres pays, a dit Joe Biden. Mais nous n'avons pas besoin d'une guerre sur le terrain pour cela. Nous avons la capacité de frapper à distance : nous pouvons attaquer les terroristes et atteindre des cibles sans la présence de soldats américains à terre, ou avec très peu, si besoin. Nous avons démontré cette capacité au cours de la dernière semaine. »

Il a parlé de la frappe par drone qui devait cibler le Daech-K, mais a en fait tué plusieurs civils, y compris au moins six enfants. Le Canada reste silencieux, comme d'habitude, tout en s'engageant à appuyer la commission de tels crimes.

Dans un étalage de l'arrogance typique de l'impérialisme américain, Joe Biden a ajouté :

« En tant que commandant en chef, je suis intimement convaincu que le meilleur moyen de préserver notre sécurité est à travers une stratégie robuste, sans pitié, ciblée et précise qui vise la terreur là où elle sévit aujourd'hui, non pas là où elle sévissait il y a deux décennies. »

Il a malgré tout fait comme George W. Bush il y a dix ans, en disant : « Pour ceux qui pourraient mal interpréter mes propos, je vais parler clairement. À ceux qui cherchent à nuire aux États-Unis, à ceux qui s'engagent dans des activités terroristes contre nous et nos alliés, sachez ceci : les États-Unis ne connaîtront pas de repos. Nous ne pardonnerons pas. Nous n'oublierons pas. Nous vous poursuivrons jusqu'au bout du monde et vous payerez de votre vie. »

Le chef de l'état-major, le général Mark Milley, a fait écho aux propos du président :

« Notre mission est de veiller à ce que nos efforts de renseignement se poursuivent, à ce que nos efforts de contre-terrorisme se poursuivent, ainsi que nos efforts militaires pour protéger le peuple américain au cours des vingt prochaines années. »

Le secrétaire de la Défense Lloyd Austin a ajouté :

« Il est de notre devoir de défendre cette nation, et nous n'allons pas nous laisser déconcentrer. Ce qui veut dire qu'il faut déployer sans relâche nos efforts de contre-terrorisme contre toute menace envers le peuple américain où que ce soit. »

Ces efforts pour rehausser la crédibilité des États-Unis ont comme but d'unir la bureaucratie militaire derrière cette direction belliciste qui est essentiellement celle qu'avaient déclarée George Bush et Donald Rumsfield, qui avaient soutenu que l'approche « choc et stupeur » ferait en sorte que le peuple irakien accueillerait à bras ouverts les libérateurs américains. Cela ne s'est pas produit à ce moment-là, et ne se produira pas plus aujourd'hui.

Rien ne permet de croire au succès de la doctrine Biden. Les peuples du monde ne l'acceptent pas, le peuple américain ne l'accepte pas, les peuples des pays alliés aux États-Unis ne l'acceptent pas. La Grande-Bretagne, l'Allemagne, le Canada et les autres pays de l'OTAN qui ont fourni financement et troupes pour conquérir l'Afghanistan en ont aussi subi les contrecoups. Après les grandes déclarations à l'effet de former une seule force à la défense de la liberté, ils ont tous été abandonnés à eux-mêmes dans l'évacuation chaotique et brutale. Joe Biden a rejeté leur demande de plus de temps pour préparer leur retrait.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a dit que la défaite était « un échec du monde occidental et que cela change la donne des relations internationales ».

Le Canada a alors engagé des forces spéciales ukrainiennes formées par le Canada pour terminer l'évacuation des Afghans qui ont servi le Canada et ont travaillé pour le Globe and Mail pendant l'occupation. Le gouvernement Trudeau s'est engagé à accueillir 20 000 Afghans au Canada. Le secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis a dit qu'au moins 50 000 réfugiés afghans seront admis aux États-Unis. Au total, près de 300 000 Afghans ont participé aux opérations militaires des États-Unis et pourraient être victimes de représailles.

Depuis qu'il est président, Biden tente de composer avec la perte de prestige et de crédibilité des États-Unis, à la fois au pays même, parmi ses alliés et parmi les peuples du monde. Ses prétentions que « l'Amérique est de retour » sonneront faux tant que les États-Unis ne réussiront pas à convaincre les peuples d'accepter leur autorité. Quiconque refuse de se plier aux quatre volontés de la puissance impérialiste américaine risque la destruction, les sanctions et le recours à la force. Comme l'a dit Joe Biden, les États-Unis vont « vous pourchasser jusqu'au bout du monde » et « vous payerez de votre vie ».

Le plus gros problème auquel les États-Unis font face est leur échec à tout coup à prédire la suite des choses et qu'ils subissent défaite après défaite en conséquence. Leur défaite en Afghanistan montre que les actions et les politiques des États-Unis sont bourrées de contradictions, parce que les factions au sein de l'oligarchie dirigeante se multiplient et que les peuples du monde et des États-Unis mêmes fixent leur propre ordre du jour pour que se concrétisent leurs aspirations à la paix, à la liberté et à la démocratie.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 10 - 6 septembre 2021

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