L'humiliation de l'«armée la plus puissante du monde»
- Kathleen Chandler -
La force militaire ne fera jamais droit. Aucun problème ne peut être
résolu par le recours à la force. Les problèmes requièrent des solutions
à leur mesure. Ils requièrent des politiques qui donnent au peuple le
pouvoir de décider ce qui peut être fait dans toutes les conditions et
toutes les
circonstances.
Depuis
que le monde a été témoin en direct de la défaite des États-Unis en
Afghanistan, les élus et les médias font tous les efforts pour diriger
l'attention sur le prétendu « devoir moral » des États-Unis de sauver
leurs collaborateurs en Afghanistan. Cela est fait pour détourner
l'attention de
la nécessité d'exiger des comptes des États-Unis pour les crimes de
guerre d'agression et de punition collective du peuple afghan. Et c'est
la même chose pour le Canada. Il doit lui aussi rendre des comptes, mais
au lieu de cela, ce qui est mis au premier plan c'est son devoir moral
de sauver ses
collaborateurs.
De fait, pendant plusieurs jours, de nombreux reportages et
éditoriaux des médias ainsi que ceux de diverses organisations non
gouvernementales ont concentré toute l'attention sur le respect de ce «
devoir moral » et ont débattu de la question de savoir si l'évacuation
avait été mal gérée, aurait
pu avoir lieu plus tôt, si elle devait se poursuivre, etc. Tout cela
sert à détourner l'attention des crimes des États-Unis et de
l'humiliation des États-Unis et de leurs forces armées aux mains du
peuple afghan.
Le fait est que cette guerre n'avait aucun but politique, elle était
une guerre de destruction des forces productives humaines, dont plus de
240 000 personnes prises sous le feu des forces armées des États-Unis en
Afghanistan et au Pakistan.
Rien n'est dit du devoir moral de payer des réparations pour les
crimes des États-Unis et de l'OTAN ou d'exiger que les responsables
rendent des comptes, surtout les présidents et les chefs militaires
américains ou les commandants canadiens et de l'OTAN, ni de mettre fin à
toutes les guerres et
agressions des États-Unis à l'étranger. Une mère de famille de
l'organisation Military Families Speak Out l'a exprimé ainsi : « En tant
que mère dont le fils a effectué trois missions après les attentats du
11 septembre, je me réjouis d'apprendre que nos troupes rentrent
d'Afghanistan après 20 ans.
J'espère que ce n'est que le début des retraits de troupes de partout où
nous avons participé à des guerres injustes. Je connais de première
main les dommages que cette guerre a causés, non seulement aux proches
des anciens combattants, mais aussi à ceux qui sont touchés par la perte
de milliers de
vies innocentes en Afghanistan. »
L'humiliation
des forces armées des États-Unis est telle que les hauts gradés de
l'armée de terre, de la marine militaire, des forces aériennes et du
corps des Marines ont tous envoyé des lettres à leurs troupes pour leur
dire que les soldats américains ne sont pas morts en vain. Le chef
d'État-Major des armées des États-Unis, le général Mark Milley, a
déclaré : « Une chose dont je suis certain : pour tout soldat, marin,
marine et sa famille, votre service a compté, et il n'a pas été vain. »
Même Joe Biden a admis : « Nous n'avions plus d'objectif clair dans
cette mission indéfinie
en Afghanistan. Après 20 ans de guerre en Afghanistan, j'ai refusé
d'envoyer une autre génération de fils et de filles des États-Unis à une
guerre qui aurait dû se terminer il y a longtemps. »
À quoi donc a servi la mort de tant de personnes, si ce n'est à la
destruction ? Les soldats ont raison de dire que la guerre n'aurait
jamais dû commencer et que beaucoup sont morts en vain. Pour ceux qui
rentrent chez eux, les crimes commis et dont ils ont été témoins font
qu'en moyenne, 18
anciens combattants – dix-huit – se suicident chaque jour aux États-Unis. C'est une véritable tragédie.
De nombreux soldats ont dénoncé la guerre, les crimes de guerre et
les crimes contre l'humanité commis par les États-Unis et les forces de
l'OTAN, ainsi que les mensonges et la désinformation que répandent les
forces armées. Un commandant des Marines en service actif, le
lieutenant-colonel Stuart
Scheller, a déclaré : « Potentiellement, toutes ces personnes sont
mortes en vain... Les gens sont contrariés parce que leurs hauts
dirigeants les ont laissés tomber, et aucun d'entre eux ne lève la main
et n'accepte la responsabilité de dire que nous avons tout gâché. » À la
honte des autorités
responsables, il a été immédiatement relevé de ses fonctions.
Cette humiliation appartient au gouvernement des États-Unis et à ses
forces armées parce que la défaite leur appartient. Aucune déclaration
contraire ne changera cette réalité et ne réparera la perte de prestige
et de crédibilité, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, et ne
fera cesser le
mécontentement croissant et la position anti-guerre des peuples.
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 10 - 6 septembre 2021
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