L'humiliation de l'«armée la plus puissante du monde»

La force militaire ne fera jamais droit. Aucun problème ne peut être résolu par le recours à la force. Les problèmes requièrent des solutions à leur mesure. Ils requièrent des politiques qui donnent au peuple le pouvoir de décider ce qui peut être fait dans toutes les conditions et toutes les circonstances.

Depuis que le monde a été témoin en direct de la défaite des États-Unis en Afghanistan, les élus et les médias font tous les efforts pour diriger l'attention sur le prétendu « devoir moral » des États-Unis de sauver leurs collaborateurs en Afghanistan. Cela est fait pour détourner l'attention de la nécessité d'exiger des comptes des États-Unis pour les crimes de guerre d'agression et de punition collective du peuple afghan. Et c'est la même chose pour le Canada. Il doit lui aussi rendre des comptes, mais au lieu de cela, ce qui est mis au premier plan c'est son devoir moral de sauver ses collaborateurs.

De fait, pendant plusieurs jours, de nombreux reportages et éditoriaux des médias ainsi que ceux de diverses organisations non gouvernementales ont concentré toute l'attention sur le respect de ce « devoir moral » et ont débattu de la question de savoir si l'évacuation avait été mal gérée, aurait pu avoir lieu plus tôt, si elle devait se poursuivre, etc. Tout cela sert à détourner l'attention des crimes des États-Unis et de l'humiliation des États-Unis et de leurs forces armées aux mains du peuple afghan.

Le fait est que cette guerre n'avait aucun but politique, elle était une guerre de destruction des forces productives humaines, dont plus de 240 000 personnes prises sous le feu des forces armées des États-Unis en Afghanistan et au Pakistan.

Rien n'est dit du devoir moral de payer des réparations pour les crimes des États-Unis et de l'OTAN ou d'exiger que les responsables rendent des comptes, surtout les présidents et les chefs militaires américains ou les commandants canadiens et de l'OTAN, ni de mettre fin à toutes les guerres et agressions des États-Unis à l'étranger. Une mère de famille de l'organisation Military Families Speak Out l'a exprimé ainsi : « En tant que mère dont le fils a effectué trois missions après les attentats du 11 septembre, je me réjouis d'apprendre que nos troupes rentrent d'Afghanistan après 20 ans. J'espère que ce n'est que le début des retraits de troupes de partout où nous avons participé à des guerres injustes. Je connais de première main les dommages que cette guerre a causés, non seulement aux proches des anciens combattants, mais aussi à ceux qui sont touchés par la perte de milliers de vies innocentes en Afghanistan. »

L'humiliation des forces armées des États-Unis est telle que les hauts gradés de l'armée de terre, de la marine militaire, des forces aériennes et du corps des Marines ont tous envoyé des lettres à leurs troupes pour leur dire que les soldats américains ne sont pas morts en vain. Le chef d'État-Major des armées des États-Unis, le général Mark Milley, a déclaré : « Une chose dont je suis certain : pour tout soldat, marin, marine et sa famille, votre service a compté, et il n'a pas été vain. » Même Joe Biden a admis : « Nous n'avions plus d'objectif clair dans cette mission indéfinie en Afghanistan. Après 20 ans de guerre en Afghanistan, j'ai refusé d'envoyer une autre génération de fils et de filles des États-Unis à une guerre qui aurait dû se terminer il y a longtemps. »

À quoi donc a servi la mort de tant de personnes, si ce n'est à la destruction ? Les soldats ont raison de dire que la guerre n'aurait jamais dû commencer et que beaucoup sont morts en vain. Pour ceux qui rentrent chez eux, les crimes commis et dont ils ont été témoins font qu'en moyenne, 18 anciens combattants – dix-huit – se suicident chaque jour aux États-Unis. C'est une véritable tragédie.

De nombreux soldats ont dénoncé la guerre, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par les États-Unis et les forces de l'OTAN, ainsi que les mensonges et la désinformation que répandent les forces armées. Un commandant des Marines en service actif, le lieutenant-colonel Stuart Scheller, a déclaré : « Potentiellement, toutes ces personnes sont mortes en vain... Les gens sont contrariés parce que leurs hauts dirigeants les ont laissés tomber, et aucun d'entre eux ne lève la main et n'accepte la responsabilité de dire que nous avons tout gâché. » À la honte des autorités responsables, il a été immédiatement relevé de ses fonctions.

Cette humiliation appartient au gouvernement des États-Unis et à ses forces armées parce que la défaite leur appartient. Aucune déclaration contraire ne changera cette réalité et ne réparera la perte de prestige et de crédibilité, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, et ne fera cesser le mécontentement croissant et la position anti-guerre des peuples.


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 10 - 6 septembre 2021

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/Lml2021/Articles/L510104.HTM


    

Site Web:  www.pccml.ca   Courriel:  redaction@cpcml.ca