Inde
La lutte des fermiers pour les droits de tous se poursuit sans relâche
- Jaspal Singh -
Les fermiers tiennent
leur Kisan Sansad (Parlement des fermiers) à
Jantar Mantar à New Delhi.
La lutte des fermiers en Inde pour abroger les
trois lois anti-fermiers et pour leurs droits se
poursuit sans relâche, alors que de plus en plus
d'initiatives sont prises par les fermiers et que
les efforts du gouvernement pour les vaincre
connaissent un échec après l'autre.
Le 22 juillet, les fermiers ont inauguré un Kisan
Sansad (Parlement des fermiers) près du parlement
indien pour discuter en plein air des problèmes
des fermiers et des lois anti-fermiers. Le Kisan
Sansad a débuté avec une minute de silence en
hommage aux 560 fermiers qui sont morts pendant
les manifestations dans les campements. Ensuite,
les fermiers ont expliqué une des lois article par
article et comment elle s'attaque aux fermiers.
Les orateurs ont souligné que ces lois
engendreront la misère pour tout le peuple en
mettant les aliments hors de sa portée. Les
représentants des fermiers ont dit que ce
parlement parallèle de fermiers et du peuple
discute des préoccupations du peuple, tandis que
le parlement de l'autre côté de la rue agit contre
les intérêts des fermiers et du peuple. À chaque
jour, 200 fermiers appartenant à 40 syndicats de
fermiers en provenance des campements participent
à ce parlement. Le parlement des fermiers sera
ouvert aussi longtemps que durera la session de la
mousson au parlement, ont-ils dit.
Le 26 juillet, le Parlement des fermiers a été
convoqué par 200 femmes provenant des quatre coins
de l'Inde. Arborant les couleurs des fermiers,
elles ont discuté de la Loi sur les produits
essentiels qui autorise l'entreposage
illimité de denrées essentielles et laisse le
peuple à la merci des grands monopoles qui
achètent à bas prix, stockent les denrées pour
ensuite les vendre à des prix très élevés. Les
femmes ont analysé les conséquences de cette loi
et l'ont condamnée.
Les femmes se
réunissent à Kisan Sansad, 26 juillet 2021.
Les fermiers ont annoncé la Mission Uttar Pradesh
et Uttarakhand qui va transporter le mouvement des
fermiers aux villages de ces deux États. Ils
organiseront des discussions publiques sur les
lois agricoles dans chacun des villages et
appelleront le peuple à défaire le parti au
pouvoir.
Sous la pluie battante, le Parlement des fermiers
a continué de discuter des préoccupations du
peuple et des lois anti-fermiers, tandis que les
partis de l'élite dirigeante poursuivaient leur
cirque au sein des édifices parlementaires à
Delhi, le moulin à paroles des riches. Les
fermiers ont annoncé qu'un monument commémoratif
pour les plus de 560 fermiers qui sont décédés sur
les frontières de Delhi au cours des huit derniers
mois sera érigé à la frontière de Singhu.
Après que les fermiers ont donné un statut de «
whip populaire » aux membres du parlement qui
appartiennent aux partis d'opposition, ces
derniers ont lancé des slogans en appui aux
fermiers à l'ouverture de la session de la mousson
qui a été ajournée pour une journée. Les fermiers
ont mis de l'avant le slogan Chuppi Chhodo Ya
Kursi Chhodo. (Brisez le silence ou laissez votre
siège). Dans le but de tromper le peuple une fois
de plus, les dirigeants d'Akali Dal, du Parti du
Congrès et d'autres ont manifesté à l'extérieur de
l'entrée du parlement sous la pression exercée par
le mouvement des fermiers.
Les Indiens non-résidents partout dans le monde
ont organisé une nuit à la belle étoile dans
plusieurs pays en appui aux fermiers de l'Inde.
Des centaines de personnes ont passé la nuit à
Times Square à New York, Trafalgar Square à
Londres et dans plusieurs pays du monde. À chaque
jour de la semaine, des rassemblements, des
réunions et des manifestations ont lieu aux quatre
coins du globe. À Boston, un rassemblement se
tient tous les samedis en appui aux fermiers de
l'Inde.
Une étude menée par l'ancien conseiller
économique en chef du gouvernement Modi, qui est
professeur à l'Université Harvard, a indiqué que
les décès en Inde dus à la COVID pourraient être
10 fois plus élevés qu'ils ne l'ont été
officiellement déclarés. « Les décès réels
seraient plutôt de l'ordre de plusieurs millions
et non de centaines de milliers, faisant de cette
pandémie la pire tragédie humaine à sévir en Inde
depuis la partition et l'indépendance », selon le
rapport. La désinformation, la fraude et la
tromperie sont la norme en ce qui concerne le
modus operandi du gouvernement indien. Un ministre
du cabinet Modi a même prétendu dans la Chambre
haute du parlement que personne n'est décédé en
Inde par suite d'un manque d'oxygène.
Le 31 juillet, les
fermiers et les Indiens non-résidents partout dans
le monde ont commémoré le 81e anniversaire du
martyr de Shaheed Udham Singh. Udham Singh a été
pendu le 31 juillet 1940 dans la prison de
Pentonville en Angleterre pour avoir tué Michael
O'Dwyer, connu comme le boucher du Pendjab.
O'Dwyer était lieutenant-gouverneur du Pendjab
losqu'il a ordonné le massacre de Jalianwala Bagh
à Amritsar en 1919, tuant des milliers de
personnes de sang froid. Partout dans le monde, la
vie et l'oeuvre d'Udham Singh continuent
d'inspirer la jeunesse et d'autres en Inde et dans
d'autres régions du globe.
Après avoir tué O'Dwyer, Udham Singh s'est rendu
aux policiers en déclarant : « [...] Depuis plus
de 21 ans, je recherche la vengeance. Je suis
heureux d'y être arrivé. Je ne crains pas la mort.
Je meurs pour mon pays. J'ai vu mon peuple mourir
de faim en Inde sous le pouvoir britannique. Je
m'y suis opposé, c'était mon devoir. Y a-t-il un
plus grand honneur pour moi que celui de mourir
pour ma patrie ? »
La déclaration d'Udham Singh devant les tribunaux
a été classifiée par le gouvernement britannique
après le procès et déclassifiée seulement en 1996.
Il a déclaré en cour : « Me voilà debout devant un
jury anglais. Je suis dans une cour anglaise. Des
gens comme vous vont en Inde et lorsque vous en
revenez, on vous accorde un prix et on vous place
dans la Chambre des communes. Nous venons en
Angleterre et nous sommes condamnés à mort [...]
lorsque vous, sales chiens, viendrez en Inde, le
jour viendra où vous serez rayés de l'Inde. Tout
votre impérialisme britannique sera défait. »
« Les mitrailleuses dans les rues de l'Inde
fauchent des milliers de femmes et d'enfants
pauvres partout où votre soi-disant drapeau de la
démocratie et de la chrétienté est hissé. »
« Vos agissements, vos agissements — je parle ici
du gouvernement britannique. Je n'ai absolument
rien contre le peuple anglais. J'ai plus d'amis
anglais vivant en Angleterre que j'en ai en Inde.
J'éprouve une grande sympathie pour les
travailleurs de l'Angleterre. Je suis contre le
gouvernement impérialiste ».
« Vous, les travailleurs, vous souffrez. Tout le
monde souffre en raison de ces sales chiens, de
ces bêtes déchaînées. L'Inde n'est qu'esclavage.
Tuer, mutiler et détruire — voilà ce qu'est
l'impérialisme britannique. Les gens ne lisent pas
cela dans les journaux, mais nous, nous savons ce
qui se passe en Inde. »
Les fermiers dans les campements autour de Delhi
ont commémoré l'anniversaire du martyr d'Udham
Singh en rendant hommage à sa vie et à son oeuvre.
Plusieurs fermiers ont exhorté le peuple à émuler
la détermination d'Udham Singh.
Le 28 juillet 2021 était
le 51e anniversaire de l'assassinat de Baba Bujha
Singh à l'âge vénérable de 82 ans. Il a été tué
par l'État indien lors d'un coup monté aux petites
heures du matin. Bujha Singh était le dirigeant
des fermiers, des communistes et du parti Ghadar.
À ce jour, personne n'a été puni pour ce meurtre
sanctionné par l'État.
Des milliers de jeunes hommes et de vieux
dirigeants ont été tués par le gouvernement du
Congrès à Delhi dans les années 1970 lors de coups
montés. Institutionnalisés par le parti du
Congrès, ils ont été mis à exécution par le
CPI(M), Akalis, le BJP ainsi que par d'autres
partis gouvernementaux. Le génocide perpétré au
Penjab dans les années 1980 et 1990 a été appuyé
par l'ensemble du système de partis du
gouvernement. Plusieurs personnes ont rappelé les
similarités entre le meurtre du père Stan Swamy et
celui de Baba Bujha Singh. Les fermiers ont rendu
hommage à Baba Bujha Singh lors d'une réunion
commémorative organisée dans son village, où est
érigé un monument à sa mémoire.
Le 28 juillet était aussi le 49ème anniversaire
du meurtre en prison de Charu Mazumdar, secrétaire
général du Parti communiste de l'Inde
(marxiste-léniniste), avant que ce parti ne se
scissionne en plusieurs factions après son décès.
Il a été tué en prison par le gouvernement indien
après son arrestation à Kolkata sans qu'aucune
accusation ne soit portée contre lui et sans la
tenue d'un procès. Au milieu des années 1960,
Charu Mazumdar a écrit huit articles analysant la
société indienne et l'État qui ont inspiré des
millions de paysans qui se sont soulevés contre
leur oppression et ont été brutalement réprimés.
Il a analysé que le peuple de l'Inde, qui a versé
des rivières de sang pour s'affranchir des
Britanniques, n'avait pas atteint ce pour quoi il
avait combattu. L'État indien antipeuple est au
service des grands monopoles et des grands
propriétaires, a-t-il souligné. À leur grande
honte, aujourd'hui certains qui se proclament des
disciples de Charu Mazumdar crient que la
démocratie en Inde est « la plus grande
réalisation du mouvement pour l'indépendance ».
Cet article est paru dans
Volume 51 Numéro 9 - 1er août 2021
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