Élection ou pas
Des sujets de préoccupation pour le corps politique

Défendons les droits de toutes et tous et faisons du Canada une zone de paix!

Les spéculations vont bon train quant au déclenchement prochain d'une élection fédérale. Pendant ce temps, le premier ministre Justin Trudeau continue d'insister sur le fait qu'il ne veut pas d'élections, même s'il parcourt le pays en utilisant sa position de premier ministre pour faire des cadeaux pour attirer des votes au Parti libéral, tout en se plaignant que l'opposition rend le parlement dysfonctionnel. Il fait comme si tous les partis à la Chambre, y compris le Parti libéral, n'avaient pas voté une motion contre le déclenchement d'une élection pendant la pandémie. Malgré les preuves du contraire, tout est fait pour dire que la pandémie est terminée et que la vie reprend son cours normal. Tel est le cynisme de la classe dirigeante qui manipule des questions aussi importantes que l'élection d'un nouveau gouvernement d'une manière qui sert ses propres intérêts.[1].

Cela est une source d'anxiété et de confusion, car la plupart des rapports indiquent que la pandémie n'est pas terminée et que les cas de variants du coronavirus à l'origine de la pandémie de COVID-19 augmentent dans certaines régions du pays, notamment en Colombie-Britannique, en Alberta et dans le nord de la Saskatchewan. De plus, le pourcentage de personnes qui ont été vaccinées varie beaucoup d'une province et d'une région à l'autre. Le 29 juillet, l'Agence de la santé publique du Canada a signalé que « la moyenne d'aujourd'hui pour les sept derniers jours est de 594 cas signalés quotidiennement du 22 au 28 juillet, ce qui démontre une augmentation de 39 % par rapport à la semaine précédente ». Les professionnels de la santé mettent en garde contre une quatrième vague. Au cours de la dernière semaine de juillet, une éclosion a été déclarée dans la région de l'Okanagan en Colombie-Britannique, ce qui a entraîné le retour à des directives de santé publique plus strictes. La CBC a rapporté le 28 juillet que le Grand Nord de la Saskatchewan avait enregistré 220 cas de COVID-19 pour 100 000 habitants la semaine précédente, alors que le taux national n'était que de 8 pour 100 000 personnes, et que la situation s'est depuis aggravée.

En plus des problèmes que la pandémie pose à tout le monde, des milliers de personnes dans l'Ouest ont été déplacées ou font l'objet d'avis d'évacuation en raison des feux de forêt et des inondations. En Colombie-Britannique, la chaleur extrême, la sécheresse et les conditions de sécheresse extrême sont loin d'être terminées. Les feux de forêt font également rage en Ontario, créant un smog qui emprisonne la chaleur et affecte la respiration. Ce smog a gagné le sud de l'Ontario et l'ouest du Québec.


La fumée des feux de forêt à Prince George, 1er août 2021

C'est dans ces conditions que les spéculations sur le déclenchement imminent d'une élection se poursuivent sans relâche. Une élection dans les conditions de la pandémie, sous des directives de Santé publique qui, dans les régions où il y a des éclosions et une augmentation des cas, limitent les rassemblements publics et les contacts de personne à personne, et qui sont différentes dans chaque région du pays, signifie une plus grande inégalité encore entre les partis et les candidats. Les partis et les candidats disposant de gros coffres de guerre achèteront de la publicité, tandis que les candidats qui comptent sur les bénévoles et le porte-à-porte seront encore plus marginalisés. Le déni du droit des citoyens à un vote éclairé est une affaire qui va de soit maintenant. Ce nouveau mépris pour le corps politique est honteux.

La préparation de l'élection et le mépris pour le peuple sont on ne peut plus évidents dans la récente série d'annonces de financement du premier ministre Justin Trudeau qui sillonne présentement le pays, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador. La Colombie-Britannique a été la première province à signer une entente de partage des coûts à parts égales avec le gouvernement fédéral pour avoir accès à une partie des 27,2 milliards de dollars annoncés dans le budget fédéral pour les services de garde d'enfants.

Cette annonce du 8 juillet a été faite à la suite de celle faite par le premier ministre le 5 juillet à Sault-Sainte-Marie, selon laquelle le gouvernement fédéral verserait 420 millions de dollars à Algoma Steel Inc. pour l'achat d'équipement de pointe afin de soutenir sa transition vers la production par four à arc électrique et l'élimination progressive de la fabrication d'acier au charbon.

Le 14 juillet, le ministre des Transports a annoncé un financement supplémentaire de 1,9 milliard de dollars pour le Fonds national des corridors commerciaux, qui permettra de veiller « à ce que le réseau de transport du Canada soit bien placé pour attirer d'autres investissements du secteur privé ». L'annonce du ministre soulignait que 15 % du financement renouvelé est consacré aux régions de l'Arctique et du Nord.

Le même jour, Justin Trudeau était en Gaspésie, au Québec, où il a annoncé une contribution de 25 millions de dollars à un projet conjoint avec le gouvernement du Québec et une filiale danoise de General Electric pour l'expansion d'une usine d'éoliennes afin de produire des pales pour les marchés américain et européen. Le 15 juillet, il a annoncé que les gouvernements du Québec et du Canada accordent jusqu'à 685 millions de dollars aux entreprises aérospatiales établies au Québec, notamment Pratt & Whitney Canada, Bell Textron Canada et CAE.

Lors du passage du premier ministre dans les Maritimes les 27 et 28 juillet, son bureau a annoncé des ententes sur les services de garde d'enfants avec l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi qu'une entente de 5,2 milliards de dollars avec Terre-Neuve-et-Labrador pour terminer la construction du projet hydroélectrique de Muskrat Falls, dont le coût est passé de 7,2 milliards à plus de 13 milliards de dollars.

Une annonce de 400 millions de dollars pour l'aciérie ArcellorMittal Dofasco à Hamilton a été faite le 30 juillet et des millions de dollars de financement pour des projets dans les aéroports, le transport en commun et d'autres projets dans différentes villes du pays ont été annoncés les 28 et 29 juillet.

Dans un autre stratagème cynique pour gagner des voix, le gouvernement Trudeau a annoncé le 26 juillet de nouvelles réglementations « pour améliorer la protection des travailleurs étrangers temporaires », qui est en réalité un plan pour assurer l'approvisionnement de l'agrobusiness en main-d'oeuvre migrante non protégée et bon marché. Les avantages éventuels pour les travailleurs sont accessoires aux plans gouvernementaux visant à payer les riches, comme les 50 millions de dollars donnés aux monopoles de l'agrobusiness l'année dernière pour la quarantaine obligatoire de 14 jours pour les travailleurs agricoles migrants entrants, et les 35 millions de dollars de plus cette année en soutien d'urgence à la ferme pour améliorer leurs conditions de vie.

Chacune des annonces de ces projets qui ont pour objet de payer les riches avec les fonds publics a été formulée dans le langage de l'« économie verte », de la création d'emplois, du soi-disant programme féministe de Justin Trudeau et du soutien aux familles de travailleurs. Un simple coup d'oeil à ces programmes montre qu'il s'agit en fait de stratagèmes pour payer les riches avec un mépris total pour le bien-être des Canadiens et des Québécois.

Les demandes répétées des responsables d'Élections Canada pour que la Loi électorale soit modifiée en prévision d'une élection pendant la pandémie, afin d'offrir des conditions optimales aux travailleurs électoraux et aux électeurs, ont été rejetées. Le déclenchement d'une élection dans ces circonstances est imprudent et irresponsable et mettra à risque la santé et la vie des électeurs et des travailleurs électoraux, dont beaucoup sont des personnes âgées.

Pour le premier ministre, le déclenchement d'élections en août serait le summum du calcul électoraliste, fondé uniquement sur la perspective de l'obtention d'une majorité de sièges par les libéraux, quoiqu'il en coûte. Ce serait l'expression d'un mépris total pour le peuple et montrerait que tous les discours du type « nous sommes là pour vous » ne sont rien d'autre que des postures pour obtenir des votes.

Les Canadiens doivent se préparer à intervenir dans cette élection d'une manière qui favorise leurs intérêts. Peu importe la propagande utilisée pour créer des illusions sur qui est populaire et qui ne l'est pas, élections ou pas, intensifions les efforts pour défendre les droits de toutes et tous et pour faire du Canada une zone de paix !

Note

1. Lors d'un vote à la Chambre des communes le 25 mai, tous les députés de tous les partis présents, y compris Justin Trudeau, ont voté en faveur d'une motion du Bloc québécois visant à dénoncer la tenue d'une élection pendant la pandémie et à convenir que le gouvernement a la responsabilité d'en empêcher le déclenchement. Le seul vote dissident était celui du député indépendant Derek Sloan. Pourtant, des rapports provenant d'initiés lors d'une réunion du Parti libéral pour les candidats, les directeurs de campagne et les présidents d'associations de circonscription le 19 juillet ont amené les participants et les médias à spéculer que l'élection pourrait être déclenchée dès la mi-août. Le directeur de campagne libéral Azam Ishmael leur aurait dit de « commencer à chercher un bureau de campagne, d'aller chercher un bureau de campagne » et qu'un bail de deux mois serait une « bonne idée ».


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 9 - 1er août 2021

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