Les injustices contre les peuples autochtones se poursuivent

Les communautés autochtones ont un droit humain à l'eau potable


Manifestation en 2019 à Attawapiskat pour exiger que gouvernement assure
de l'eau potable salubre

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, a publié un rapport accablant sur le fait que le gouvernement Trudeau ne respecte pas son engagement d'éliminer les avis de faire bouillir l'eau dans les communautés autochtones avant mars 2021.

L'« engagement » du gouvernement Trudeau en 2015 avait été pris envers près de 1 050 réseaux publics d'alimentation en eau desservant près de 330 000 personnes. Plus d'un tiers de tous les ménages n'étaient pas compris dans cet engagement puisqu'ils obtiennent l'eau de puits privés et de citernes, et n'ont aucune eau courante. On n'a pas non plus tenu compte de plusieurs communautés nordiques.

Services aux Autochtones Canada a reconnu en décembre que l'engagement ne serait pas respecté. Le premier ministre a dit que les difficultés engendrées par la pandémie de la COVID-19 avaient compliqué les choses.

La vérificatrice générale a cependant conclu que le gouvernement n'avait jamais été en voie d'atteindre son objectif – et ne le sera jamais, en raison de ses tergiversations à vouloir régler le problème. Quinze ans après que son ministère a fait mention de ce problème pour la première fois en 2005 (et à nouveau en 2011), plusieurs communautés autochtones n'ont toujours pas d'eau potable salubre. Elle a trouvé qu'il n'existait même pas de régime de réglementation pour la gestion de l'eau potable dans les communautés des Premières Nations.

Voici quelques faits saillants du rapport de la vérificatrice générale pour 2021 :

- la formule de financement du fonctionnement et de l'entretien des réseaux d'alimentation en eau des Premières Nations est la même depuis sa création, il y a 30 ans, et ne reflète pas les avancées technologiques ni les frais réels de fonctionnement et d'entretien des infrastructures;

- l'état des systèmes d'alimentation en eau dans les communautés des Premières Nations, évalué en fonction des taux de risques annuels, ne s'est pas du tout amélioré dans les cinq dernières années – malgré des dépenses de plus d'un milliard de dollars;

- il y a eu en 2015 au total 160 avis à long terme sur la qualité de l'eau potable touchant les réseaux publics d'approvisionnement en eau. De ce total, 60 (soit 37,5 %) demeuraient en vigueur dans 41 collectivités des Premières Nations.

- l'année dernière, il n'y avait pas d'opérateurs entièrement formés et agréés pour 189 réseaux publics d'alimentation en eau sur 717 (soit 26 %) dans les réserves des Premières Nations, et il n'y avait pas d'opérateurs de remplacement entièrement formés et agréés pour 401 de ces 717 réseaux. La faiblesse des salaires contribuerait aux problèmes de maintien en poste d'opérateurs qualifiés de réseaux d'alimentation en eau, comparativement aux communautés non autochtones.

La vérificatrice générale conclut que l'accès à l'eau potable propre et salubre pour les communautés autochtones est la clé pour respecter l'engagement de réconciliation du gouvernement et son échec à ce sujet met en danger la santé et la sécurité des communautés des Premières Nations.

Seulement depuis les deux dernières décennies, deux tiers des communautés des Premières Nations au Canada ont eu des « avis sur la qualité des eaux potables » à un moment donné. Le refus continu du gouvernement Trudeau, tout comme celui du gouvernement Harper avant lui, de régler ce problème est en violation des droits humains fondamentaux des peuples autochtones et la souffrance causée à la santé et au bien-être des peuples autochtones est un crime.

Fidèle à la tradition libérale, le gouvernement se dit d'accord avec tout ce que la vérificatrice générale recommande. Le responsable du ministère s'engage – non pas à régler le problème, ce qui serait trop demander – mais d'être « transparent », de « fournir autant d'information que possible à tout le monde » et de « surveiller de près les développements » et de s'engager fermement à « faire mieux ». Les grandes prétentions qui sont la marque de commerce des libéraux de Trudeau se vérifient dans les résultats de leurs engagements de 2015.

Nous devons mettre fin aux mesures et aux politiques racistes coloniales de l'État canadien et de ses gouvernements à tous les niveaux en violation des droits des peuples autochtones.

(Source : Rapport 3 de la vérificatrice générale du Canada – L'accès à une eau potable salubre dans les collectivités des Premières Nations)


Cet article est paru dans

Volume 51 Numéro 5 - 4 avril 2021

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