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Vendredi 8 novembre 2024

Élections 2024 aux États-Unis

Résultats du décompte des votes
pour la présidentielle


Le rassemblement et la marche à Chicago le lendemain de l'élection, le 6 novembre 2024, pour une Palestine libre et un programme populaire, expriment la détermination des gens à poursuivre leur combat.

Résultats du décompte des votes pour la présidentielle

Explications des résultats électoraux

À quoi s'attendre d'une présidence Trump?


Élections 2024 aux États-Unis

Résultats du décompte des votes
pour la présidentielle

Il est désormais établi qu'à l'élection du 5 novembre, Donald Trump a obtenu à la fois la majorité de ce que l'on appelle le vote populaire, actuellement 72 804 211 voix (50,9 %), contre 68 161 909 voix (47,6 %) pour Kamala Harris) et des votes du collège électoral (295 contre 226) et a battu Kamala Harris pour devenir le prochain président des États-Unis.

Cela signifie que Donald Trump a obtenu 9,75 million de voix de plus lors de cette élection que lors de l'élection où il est devenu président en 2016. Pour sa part, Kamala Harris a obtenu 12 millions de voix de moins que Joe Biden lorsqu'il a accédé à la présidence en 2020, bien que la population des États-Unis ait augmenté de 5 % depuis. En 2020, Joe Biden a obtenu 81 282 916 voix et 306 votes du collège électoral, contre 74 223 369 voix et 232 votes du collège électoral pour Trump.

Le taux de participation global a été d'environ 65 %, soit moins qu'en 2020 mais plus que lors de l'élection de Barack Obama en 2008. Des dizaines de millions de personnes n'ont pas voté, en particulier parmi les jeunes.

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Explications des résultats électoraux

Chicago, 6 novembre 2024

Une pléthore d'explications sont données pour la victoire de Donald Trump et la défaite de Kamala Harris, y compris certaines qui blâment les électeurs américains pour les malheurs qui leur arriveront assurément sous une présidence Trump. Ce que ces commentaires et explications ont en commun, c'est l'échec à expliquer ce qui se passe aux États-Unis du point de vue du peuple étasunien. Le peuple est toujours exclu de l'équation, sauf si c'est pour le dénigrer et le blâmer pour tous les maux de la société, ce qui est en fait une autre façon de l'écarter.

Par exemple, beaucoup se demandent pourquoi une personne noire, ou issue d'une autre minorité, ou une femme, voterait pour Donald Trump, étant donné qu'il est ouvertement et violemment raciste et misogyne. Ne serait-ce pas parce que la personne ne voit pas Kamala Harris comme une option, elle qui dit fièrement représenter le système judiciaire connu pour l'incarcération de masse avec un préjugé raciste et l'injustice des procureurs et des tribunaux.

Une fois que le peuple, ce qu'il pense et comment il agit sont retirés de l'équation, l'explication du vote échappe au champ de vision et à la compétence de l'analyste. En fait, toute tentative d'agréger les votes individuels de millions de personnes ayant des opinions très différentes en une même pantoufle de verre avec laquelle le prince charmant parcourt le pays à la recherche de sa Cendrillon n'est rien qu'une volonté d'interpréter les choses à sa façon qui mène nulle part.

Néanmoins, l'expérience des élections aux États-Unis montre qu'en général, les gens ne votent pas en fonction du candidat, mais en fonction de préoccupations précises. Des décisions qui semblent contre-intuitives dans l'isoloir expriment en fait des préoccupations précises, comme celles contre la guerre ou le rejet des institutions qui incarcèrent les Noirs et les Latinos et produisent des candidats pourris pour les élections.

Une explication plausible de l'élection de Trump est que les Étasuniens ont voté pour les causes qui les animent au quotidien, aussi contre-intuitif que cela puisse paraître. Lors de cette élection, de nombreux électeurs ont voté contre le génocide, beaucoup s'en tenant à leur ligne rouge Pas de vote pour le génocide ! Par exemple, le refus de voter pour Kamala Harris à Dearborn, dans le Michigan – où se trouve la plus grande communauté arabo-américaine des États-Unis – a fait que 22 % des électeurs ont voté en faveur de la Dre Jill Stein, candidate du Parti vert à la présidence, qui s'est prononcée contre le génocide. Dans cette ville, Kamala Harris a obtenu 27,8 % des voix et Donald Trump 46,8 %. Certains croient que si les votes en faveur de Jill Stein n'avaient pas été exprimés délibérément contre le soutien de l'administration Biden/Harris au génocide, le vote combiné aurait pu battre Donald Trump. L'argument est ensuite utilisé pour blâmer Jill Stein et les Arabes-Américains pour la défaite de Kamala Harris, plutôt que de reconnaître qu'il s'agit de la position de beaucoup de gens qui refusent d'accepter le génocide américano-sioniste suivant la logique que Kamala Harris serait moins génocidaire que Donald Trump.


Dearborn, Michigan, 2 novembre 2024, journée d'action « Pas de vote pour le génocide ! »

De même, beaucoup ont voté non pas pour un candidat mais pour une cause, par exemple en exprimant la conviction – fondée ou pas – que Donald Trump est moins susceptible d'envahir l'Iran et plus susceptible de mettre fin à la guerre en Ukraine. Que ce soit fondé ou pas n'est pas la question. En fait, que Trump projette ou non l'image d'un opposant à la guerre n'a rien à voir, car ce ne sont pas les individus qui définissent les politiques. Ce sont les intérêts privés qu'ils représentent qui décident, et ils ont montré leur volonté de préserver l'État israélien et ses alliances – y compris les accords d'Abraham avec les États arabes négociés sous la première présidence Trump. De même, les intérêts que Trump représente exprimeront le désir des cercles dirigeants américains de préserver l'hégémonie mondiale des États-Unis en maintenant une situation de ni guerre/ni paix dans la guerre par procuration des États-Unis et de l'OTAN en Ukraine, tout en mettant fin à la guerre, en comblant les fossés entre les États-Unis et l'Europe, et en essayant de monter la Russie contre la Chine et la Chine contre la Russie, l'Inde contre les deux, et ainsi de suite.

Plus important encore, une partie importante de la classe dirigeante américaine semble penser qu'une présidence Trump pourrait être plus efficace pour préserver l'Union. Il est en effet difficile de concevoir que des officiers supérieurs racistes et misogynes reçoivent des ordres d'une femme commandant en chef qu'ils ne considèrent ni comme « virile » ni comme « guerrière ».

Il est bien connu que les candidats des riches, en particulier à la présidence, seront toujours pro-guerre, anti-peuple, racistes, anti-ouvriers et ainsi de suite. Ils représentent l'État américain, qui est l'État le plus raciste, le plus violent et le plus militariste de la planète, et les candidats ne peuvent donc pas être différents. La classe ouvrière et le peuple américains ne sont pas confus sur l'appartenance de classe de ces candidats, ni d'ailleurs sur le système qu'ils représentent. Ces candidats sont les représentants d'un État et d'élites dirigeantes confrontés à de graves problèmes existentiels. Lorsque les candidats sont présentés comme des individus indépendants, dont les politiques individuelles gouverneront le pays, c'est la conscience inhérente à l'expérience américaine qui est attaquée.

S'intéresser à la manière dont les travailleurs américains ont tendance à voter en fonction de leur perception des questions de guerre et de paix, de liberté et de justice, c'est brosser un tableau totalement différent de celui qui dépeint la moitié du corps politique américain comme raciste, misogyne, adepte du génocide, ignorant, etc. Cela signifie que lors de cette élection, les préoccupations concernant Gaza et la guerre en général se sont traduites par un vote pour Trump, un vote pour Harris, un vote pour Jill Stein ou en ne votant pas du tout.

Un autre exemple est la mesure dans laquelle les gens ont voté pour exprimer leur profonde colère contre le système en place, colère dirigée contre Kamala Harris et non contre Donald Trump puisque c'est elle qui est au pouvoir. Il s'agit notamment de la colère contre l'administration dans les États laissés pour compte après les ouragans, les sécheresses et autres catastrophes naturelles, ou de la colère contre le système américain d'incarcération de masse et l'absence de justice contre les flics tueurs racistes et autres.

Aux États-Unis, la colère contre l'establishment et ce qu'il représente est très grande, très profonde. Il en va de même dans d'autres pays. Elle est viscérale, c'est-à-dire qu'elle fait appel à des sentiments profonds plutôt qu'à l'intellect. Ces sentiments et ces émotions, profondément enracinés dans l'expérience, la culture et la résistance, créent une conscience collective indépendante des cerveaux humains individuels. En outre, parce qu'elle est façonnée par l'expérience et la résistance humaines, elle peut être aussi informée pour définir une direction conçue pour atteindre une destination favorable précise.

Cette explication défie toutes les notions d'identification du vote aux États-Unis en tant que « bloc de vote noir », « bloc de vote latino » et autres, comme si des collectifs entiers de personnes, indépendamment de ce qu'elles sont dans la vie elle-même, représentaient ce que la machine de propagande de la classe dirigeante dit qu'elles représentent.

Par exemple, selon ce type de « politique identitaire », il est courant d'entendre dire que les travailleurs blancs sont à blâmer pour l'élection de Trump parce qu'ils sont favorables à la suprématie blanche, aux mesures contre les immigrants ou à la misogynie des dirigeants. Loin de là, beaucoup disent simplement qu'ils veulent la sécurité économique pour eux-mêmes, leurs familles et leurs communautés. De même, la moitié de la population des États-Unis est blâmée pour l'élection de Trump sans tenir compte de la colère populaire envers un establishment qui commet des crimes contre le peuple à chaque minute de chaque jour.

Une appréciation des préoccupations des Étasuniens fait sauter toute la propagande selon laquelle les électeurs qui ont voté pour Donald Trump sont racistes, anti-immigrants, etc. Cela démolit également l'idée que ceux qui ont voté pour Kamala Harris sont progressistes. Ou que ceux qui n'ont pas voté sont indifférents.  Ou qu'un vote pour Kamala Harris sauverait la démocratie libérale et la Constitution, tandis qu'un vote pour Donald Trump détruirait la démocratie libérale et la Constitution, alors que les deux candidats sont favorables au renforcement des pouvoirs de police de la présidence et à la privation des citoyens de leurs droits civiques d'une manière ou d'une autre.

Ce ne sont pas les peuples, en tant que collectifs, qui sont racistes, favorables à la guerre et hostiles à l'immigration ; c'est l'État américain, ses agences, ses institutions et ses présidents.

Les explications simplistes du vote font également abstraction du rôle que joue la désinformation d'État aux États-Unis, qui sert à dépolitiser tout le monde, c'est-à-dire à faire en sorte que les électeurs n'influent en rien sur les affaires du corps politique. C'est-à-dire que la classe ouvrière et le peuple ne doivent pas constituer une force organisée visant un objectif qu'ils ont eux-mêmes fixé.

Cette élection a montré que non seulement les Étasuniens ont voté pour des causes qui leur sont chères, mais que la force organisée des jeunes et des voix qui s'expriment en leur propre nom contre le génocide, l'injustice et l'incarcération de masse, pour l'égalité, la durabilité économique, pour la défense des soins de santé et d'éducation publics, etc. ne s'est pas laissé prendre à cette tentative particulière de désinformation.

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À quoi s'attendre d'une présidence Trump?

Ce qui est certain, c'est qu'avec Donald Trump comme président des États-Unis, le corps politique peut s'attendre à des attaques virulentes contre les immigrants et les réfugiés, et à des tentatives de les dépeindre comme des ennemis intérieurs et comme un danger pour la prospérité et la stabilité des États-Unis. Le recours aux pouvoirs de police présidentiels contre les manifestations populaires va probablement s'intensifier. En outre, l'anarchie – engendrée lorsque l'autorité publique est détruite et que les intérêts privés prennent le contrôle du pouvoir d'État – va continuer à inciter la violence, au pays et à l'étranger.

Mais ce n'est pas tout. Il est certain aussi que la véritable majorité aux États-Unis, c'est-à-dire la classe ouvrière et le peuple, toutes origines confondues, vont continuer de faire leurs réclamations à la société. L'opposition résolue au génocide, à l'impunité, à l'inégalité et aux attaques de toutes sortes va se poursuivre et s'intensifier.

C'est la résistance de la classe ouvrière et du peuple des États-Unis à leur exploitation et oppression et leurs aspirations à la liberté, la justice, l'égalité et la paix qui forgent leur identité en tant que peuple. C'est cette résistance qui a été et sera toujours une réalité jusqu'à ce que le peuple s'investisse du pouvoir et se fixe un ordre du jour et le mette en oeuvre, et il en sera ainsi pour la suite des choses.

La conscience collective des Étasuniens est telle que leurs luttes ne sont pas déterminées par des élections, mais par leurs aspirations à la justice et la défense de leurs droits, au pays et à l'étranger. Trump ne peut pas les arrêter, pas plus qu'il n'a pu empêcher les actions de masse unifiées contre les morts aux mains de la police raciste en 2020.

La classe ouvrière et le peuple forment la majorité et c'est leur résistance qui permet de contrecarrer les actions du gouvernement et de continuer d'affirmer par leurs prises de position que le génocide, les incarcérations de masse sur une base raciste, la séparation des familles et les camps de détention de femmes et d'enfants, et les lois misogynes ne sont « Pas en notre nom ! ». Les actions du gouvernement ne représentent pas la société que veut le peuple. Elles ne sont pas acceptables, Pas dans nos communautés !

Que ce soit à la frontière ou dans les villes partout au pays ou dans les régions rurales, les gens vont continuer de parler en leur propre nom et de s'organiser à la défense de leurs droits et pour promouvoir une voie vers l'avant pour le peuple. Ils vont continuer de s'unir avec les peuples du monde qui partagent le même désir de s'investir du pouvoir contre les vieux arrangements qu'on appelle état de droit, qui investit les élites du pouvoir pour les dominer, prendre toutes les décisions et les écarter.

Il est important de souligner que l'espace du changement n'appartient pas qu'aux dirigeants. Il est objectif. Il appartient à quiconque s'avance pour l'occuper. La résistance organisée de la classe ouvrière et du peuple pour un changement qui leur est favorable commence à occuper cet espace dans le temps dès qu'ils refusent de concilier avec les crimes commis contre l'humanité et la destruction de l'environnement naturel et social et qu'ils défendent la cause des peuples pour une paix, une liberté et une démocratie de leur propre création.

Il s'agit d'un changement qui répond à l'appel de l'histoire : que l'humanité humanise l'environnement social et naturel et crée un monde à son image, celle d'une humanité émancipée.

C'est ce à quoi on peut s'attendre sous la présidence Trump. Quoi qu'il fasse, les contradictions dans les rangs des dirigeants et celles entre la présidence et les peuples, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, continueront de s'intensifier. . La classe ouvrière et le peuple des États-Unis vont continuer de se battre pour leurs droits et les droits de toutes et tous. Ils vont continuer de parler en leur propre nom. Ils vont continuer de répondre à l'appel de l'histoire à aller de l'avant et à devenir, eux-mêmes, ceux qui feront l'histoire, se façonnant une identité par leurs actions, leurs luttes pour la justice, l'égalité, la paix et la liberté pour toute l'humanité.

Cela peut se faire parce que cela doit se faire ! Au lendemain des élections aux États-Unis, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) félicite les jeunes, les travailleurs et les intellectuels des États-Unis qui ont défendu leurs convictions pour parler en leur propre nom et qui ont voté, partout où c'était possible, contre le génocide, le racisme et la guerre.

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