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Lundi 21 octobre 2024

Élection présidentielle américaine

Les cercles dirigeants font la promotion de Kamala Harris pour défendre leur cause



Les cercles dirigeants font la promotion de Kamala Harris pour défendre leur cause

Le slogan de campagne de Harris «Le pays avant le parti»


Élection présidentielle américaine

Les cercles dirigeants font la promotion de Kamala Harris pour défendre leur cause

Depuis que Kamala Harris a été nommée candidate à la présidence, lors de la convention nationale du Parti démocrate en août, les intérêts privés qui la soutiennent et leurs médias font de gros efforts pour la promouvoir et lui donner une envergure nationale. Ils ont notamment lancé une campagne éclair dans les principaux médias télévisés et talk-shows. Au cours de la semaine du 7 octobre, elle a participé à l'émission 60 Minutes de CBS, à l'émission The View d'ABC, à l'émission Late Show With Stephen Colbert de NBC, à l'émission de radio SiriusXM d'Howard Stern, au podcast Call Her Daddy et à une discussion d'Univision. Au moins 25 millions de téléspectateurs ont vu ces émissions au total. Depuis, la priorité est donnée à ce type de promotion continue. Donald Trump, quant à lui, ne bénéficie pas de la couverture quotidienne gratuite dont il a bénéficié à l'élection de 2016.

Au début du mois de septembre, Oprah Winfrey a animé une émission d'une heure et demie avec la candidate démocrate en compagnie d'élus et de célébrités hollywoodiennes. Cette émission a été diffusée en direct et a été qualifiée d'« électrisante ».

Il s'agit d'une publicité gratuite qui renforce le profil adopté par Kamala Harris, celui d'une femme confiante et joyeuse, mais « préoccupée » par les soucis du « peuple ». On la voit presque toujours souriante sur les photos.  S'exprimant en Caroline du Nord, ravagée par l'ouragan Hélène, elle a utilisé des formules bibliques telles que : « Le soir arrivent les pleurs, et le matin l'allégresse. » Kamala Harris, Barack Obama et d'autres avaient également fait de la joie leur thème à la convention nationale du Parti démocrate. Obama a dit qu'il y avait de la joie parce que Kamala Harris allait écrire un « nouveau chapitre » qui montrera que la démocratie « peut tenir ses promesses ». Cette joie s'inscrit également dans la perspective d'un avenir meilleur, d'une « meilleure histoire américaine ».

Beaucoup de signes portent à croire que les intérêts privés étroits qui ont porté Barack Obama et Bill Clinton au pouvoir soutiennent désormais fermement Kamala Harris. Les deux ex-présidents ont enregistré plus d'une dizaine de vidéos à son intention. Barack Obama fait activement campagne pour elle et sera sur le terrain chaque semaine jusqu'à l'élection. Bill Clinton s'est également joint à la campagne. Tous deux la présentent comme une candidate expérimentée et capable de mener à bien la politique extérieure et intérieure, le meilleur choix pour occuper le poste de commandant en chef et éviter une guerre civile.

À cet égard, plusieurs hauts gradés des forces armées et des membres de cabinet à la retraite disent également que Kamala Harris est le seul choix viable pour occuper le poste de commandant en chef. Le contre-amiral à la retraite Mike Smith, de l'organisation National Security Leaders for America, qui appuie la candidature de Mme Harris, a déclaré : « Cette élection est un choix entre un leadership sérieux et une impulsivité vengeresse. C'est un choix entre la démocratie et l'autoritarisme. »

La candidate démocrate est vue comme la personne capable de calmer la colère à l'égard du système électoral existant, qui prive le peuple de tout pouvoir de décider des enjeux et de sélectionner les candidats et qui est de plus en plus rejeté. Elle doit détourner la résistance au génocide américano-sioniste à Gaza avec l'espoir d'une « nouvelle voie » et la joie de voir qu'une femme issue d'une minorité et de parents immigrés se présente à l'élection présidentielle. Là encore, ce n'est pas facile puisque nombreux sont ceux qui s'en tiennent à la position « Pas de vote pour le génocide».

Les inquiétudes des cercles dirigeants qui voient poindre le scénario d'une guerre civile sont un thème courant dans cette campagne présidentielle et Kamala Harris est vue comme la plus apte à éviter, sinon à retarder, l'éclatement d'une guerre civile ouverte et violente. Le 4 octobre, le président Joe Biden a déclaré à propos des élections de novembre : « Je suis convaincu qu'elles seront libres et équitables. Je ne sais pas si elles seront pacifiques. » Les cercles dirigeants américains, en tant que classe, cherchent désespérément à éviter une guerre civile violente et ouverte, mais leurs institutions dysfonctionnelles n'offrent plus les moyens d'atténuer les conflits intenses qui opposent des factions mafieuses dans la rivalité pour le pouvoir présidentiel.

Kamala Harris est également considérée comme plus prévisible que Donald Trump. Les cercles dirigeants ont besoin de prévisibilité lorsqu'ils ne peuvent pas prévoir l'issue de leurs guerres et de leurs répressions, comme c'est le cas en Palestine et en Ukraine. La partie de la classe dirigeante américaine qui souhaite la prévisibilité veut s'assurer de pouvoir contrôler l'ordre mondial comme elle le veut. Elle croit qu'avec un soutien plus fort de l'armée et des agences de police en ce moment, et une plus grande visibilité dans les affaires étrangères, Kamala Harris sortira vainqueur de cette élection.

Les cercles dirigeants ont besoin d'une force capable de préserver l'Union, de maintenir leur contrôle sur le peuple et de se donner les moyens de maintenir leur « ordre international fondé sur des règles », celui-là même qui s'effondre sous leurs yeux alors que les peuples du Moyen-Orient et du monde entier s'élèvent d'un seul bloc contre le diktat et le génocide des États-Unis.

Très inquiets de perdre le contrôle de l'ordre mondial, les cercles dirigeants présentent Kamala Harris comme un leader capable de maintenir l'ordre, ce qui comprend maintenir le lien entre les pouvoirs fédéraux et ceux des États liés à la loi et à l'ordre.

Il n'est pas certain qu'elle réussira car sa victoire dépend en partie du succès de Joe Biden à obtenir une sorte de trêve au Moyen-Orient, pour préserver la capacité des États-Unis à dominer la région.


Manifestation à Chicago à l'occasion d'un an de génocide américano-israélien et d'un an de résistance, le 5 octobre 2024

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Le slogan de campagne de Harris
«Le pays avant le parti»

Lors d'un récent rassemblement au Wisconsin, la vice-présidente Kamala Harris s'est présentée aux côtés de Liz Cheney, un républicaine conservatrice de longue date, dont le père, Dick Cheney, a aussi exprimé son appui à la candidate. Dick Cheney a été secrétaire de la Défense sous George H. W. Bush, a été PDG du géant pétrolier et militaire Halliburton de 1995 à 2000, lorsqu'il a quitté son poste pour devenir vice-président sous Bush fils, pour ensuite retourner au bercail à Halliburton. Il est notoire pour le rôle qu'il a joué dans les guerres et la torture perpétrées par les États-Unis. L'appui des Cheney reflète un appui fort des forces militaires et du renseignement. C'est un appui important si Kamala Harris veut rallier la bureaucratie militaire et unir la bureaucratie pour empêcher une guerre civile violente. C'est ce que la classe dirigeante attend d'elle.

La bannière principale au rassemblement était Le pays avant le parti, le slogan qui est promu en ce moment. C'est aussi un des principaux mots d'ordre des forces militaires, pour faire valoir que peu importe qu'il s'agisse de l'armée ou du peuple, le patriotisme, c'est la loyauté au pays et non à un parti politique.

Lors du rassemblement, Liz Cheney a souligné : « La vice-présidente Harris est là pour prendre la relève à un moment critique de l'histoire de notre nation. Elle oeuvre à unir les gens raisonnables de tous les horizons politiques. » Elle a ajouté : « Je sais qu'elle aime notre pays et je sais qu'elle sera une présidente de tous les Américains. »

Le slogan a deux grands objectifs. D'abord, il s'agit d'unir la bureaucratie militaire et civile derrière Kamala Harris. Ainsi, lors de sa campagne, elle fait entre autres la promotion du serment d'allégeance réservée aux soldats à l'effet « d'appuyer et de défendre la Constitution des États-Unis contre tous les ennemis, extérieurs et intérieurs ».

Les forces militaires qui appuient Kamala Harris disent que Donald Trump parle ouvertement de « mettre fin à toutes les règles et à toutes les clauses, mêmes celles qui sont dans la Constitution ». Ils disent : « tu ne peux pas prétendre être un patriote si tu cherches à détruire tout ce qui rend l'Amérique unique » et « les États-Unis sont l'avant-garde de la démocratie, et d'une nation d'État de droit enraciné dans la Constitution ». La loyauté envers le pays signifie s'opposer à Donald Trump.

Il s'agit aussi de tenter de rassembler « tous les Américains » qui aiment le pays, cette « Amérique unique » représentée par les Harris, Obama, Clinton, Bush, les forces militaires et les services de renseignement. La colère qui gronde envers les arrangements actuels serait contre les partis politiques et non contre les institutions actuelles, qu'on définit comme étant « l'avant-garde de la démocratie » dans le monde. Les gens n'ont qu'à oublier l'échec de ces institutions, y compris la destruction des partis politiques, qui ont été remplacés par des cartels mafieux redevables non pas au public et à la recherche de solutions politiques, mais aux intérêts privés étroits qui ont usurpé le pouvoir.

Le pays avant le parti se veut un slogan unificateur, mais il vise à détourner et diviser la résistance en cours et son désir d'autodétermination – pour investir le peuple du pouvoir politique pour qu'il gouverne et décide lui-même. Il reflète le chauvinisme des dirigeants américains qui croient posséder un don unique qui leur permet de diriger le monde et d'exiger qu'au pays et à l'étranger tous soient soumis à leur « ordre » parce qu'ils sont « l'avant-garde de la démocratie » (dont l'échec est irrémédiable).

Les peuples réclament la construction de ce qu'ils perçoivent comme « leur Amérique », un pays qui défend les droits de tous et toutes au pays et à l'étranger, avec un gouvernement qui est antiguerre et prosocial, qui représente la classe ouvrière et le peuple et non pas les Halliburton ou Goldman Sachs de ce monde. Loin de se joindre à Harris ou Trump, les forces organisées suivent la voie de cette politique indépendante. Beaucoup cherchent à se fixer un point de départ qui n'est pas décidé par les dirigeants, leurs campagnes et leur chauvinisme, mais par eux-mêmes, dans leur propre intérêt et qui ne fait qu'un avec la résistance à l'échelle mondiale.

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