Opposons-nous aux projets américains de recours à la force militaire contre le Mexique
Opposition aux politiques de Trump en matière d'immigration, New
York, 9 novembre 2024
Le président élu Donald Trump, le membre du Congrès Mike Waltz, appelé à devenir le conseiller de Trump en matière de sécurité nationale, et le représentant du Texas Dan Crenshaw, qui préside actuellement le groupe de travail de la Chambre des représentants chargé de lutter contre les cartels mexicains de la drogue, ont tous parlé du recours à la force militaire contre le Mexique. Ils ont été rejoints par le gouverneur de Floride Ron DeSantis, qui demande des frappes de drones contre les cartels mexicains, et par le sénateur Tom Cotton, qui souhaite l'utilisation des forces spéciales. Tout cela se fait au nom de la lutte contre les cartels de la drogue mexicains (et non américains) et dans le contexte de promesses d'expulsions massives de personnes qui, pour la plupart, vivent aux États-Unis depuis des dizaines d'années.
Les menaces de recours à la force militaire s'accompagnent de menaces de déclencher également des guerres commerciales pour servir le même objectif d'intégration complète des États-Unis et du Mexique dans une économie de guerre unique au service du gouvernement de guerre des États-Unis.
Le commandement sud de l'armée américaine (Southcom) participe déjà à des opérations conjointes qui incluent le Mexique. Fuerzas Comando 2024, par exemple, parrainée par le Southcom, a réuni des militaires, des membres des forces de l'ordre et des civils afin de promouvoir l'interopérabilité des différentes forces et les relations entre militaires.
Donald Trump a évoqué à plusieurs reprises son intention d'utiliser l'armée à la frontière et de l'autre côté de la frontière également. Sur les réseaux sociaux, il a repris un récent message de Tom Fitton, président de l'organisation conservatrice Judicial Watch, selon qui l'administration entrante déclarera une urgence nationale en matière d'immigration et utilisera des ressources militaires pour appliquer sa promesse d'expulsions massives. M. Trump a qualifié cette affirmation de « VRAIE ! ! ! ». Il a également déclaré qu'il désignerait les cartels mexicains comme des « organisations terroristes étrangères » et qu'il ordonnerait au Pentagone de « faire un usage approprié des forces spéciales » pour attaquer les dirigeants et les infrastructures des cartels. Il a demandé le déploiement de la marine américaine pour imposer un blocus aux cartels mexicains qui importeraient de Chine les ingrédients nécessaires à la fabrication du fentanyl.
Au Congrès, Dan Crenshaw s'efforce d'obtenir le soutien à un projet de loi autorisant le recours à la force militaire (AUMF) contre le Mexique et élargissant les pouvoirs de police du président. Mike Waltz et lui ont présenté un projet de loi en janvier 2023 et Crenshaw prévoit en présenter un autre lors de la nouvelle session du Congrès en 2025.
« La réalité est que les cartels se déchaînent à notre frontière, menacent la vie des Américains et accroissent la violence dans nos communautés. Ce projet de loi donne au président le feu vert pour poursuivre ces organisations criminelles avec toute la force de la machine militaire américaine. Il est temps de tracer une ligne dure », a déclaré Mike Crenshaw en septembre 2023 et à plusieurs reprises depuis.
Le projet de loi vise à « autoriser l'utilisation des forces armées des États-Unis contre les responsables du trafic de fentanyl ou d'une substance liée au fentanyl vers les États-Unis ou de la réalisation d'autres activités connexes qui provoquent une déstabilisation régionale dans l'hémisphère occidental ». Cette disposition est si large qu'elle peut être utilisée par le président pour une intervention militaire non seulement contre le Mexique, mais dans tout l'« hémisphère occidental ». Un blocus naval pourrait également être utilisé pour provoquer la Chine, les États-Unis affirmant que la Chine transporte des substances « liées au fentanyl » vers le Mexique.
Dans le cadre de l'adoption d'un tel projet de loi, M. Crenshaw propose également que la Chambre des représentants crée un comité restreint chargé de lutter contre les cartels mexicains de la drogue. Un tel comité pourrait plus facilement faire adopter le projet de loi.
« Les cartels constituent la plus grande menace à court terme. Point final. Le président Trump est d'accord », a écrit Mike Crenshaw sur les médias sociaux le 11 novembre. Il pourrait également modifier certaines formulations pour se concentrer sur deux cartels et sur le fait que l'armée doit d'abord fournir des capacités de renseignement, de surveillance et de cybercriminalité. Il est cependant bien connu que toute autorisation de recours à la force sera utilisée pour justifier l'utilisation de l'armée par le président comme il l'entend. C'était certainement le cas de l'AUMF adopté par le Congrès en 2001 pour cibler les responsables des attentats terroristes du 11 septembre contre les États-Unis. Il a été utilisé pour la guerre contre l'Irak, l'Afghanistan, la Syrie et la Libye et pour la « guerre contre le terrorisme » à l'échelle mondiale.
Pour le Mexique, l'intervention militaire américaine pourrait prendre la forme d'« opérations conjointes », comme cela s'est produit en Colombie lorsque les États-Unis ont fait la guerre et armé les forces paramilitaires colombiennes contre la résistance organisée, également au nom de la « guerre contre la drogue ». Crenshaw a dit qu'il s'attendait à ce que l'intervention militaire contre le Mexique se situe quelque part entre la guerre contre l'Irak et celle contre la Colombie.
Compte tenu de l'échec de la guerre contre le trafic de drogues, on parle maintenant d'une guerre contre les cartels de la drogue — ceux que l'on dit étrangers — alors que l'existence des cartels américains n'est même pas reconnue. Comme l'a dit Crenshaw, son AUMF vise à « nous mettre en guerre contre les cartels ». Les cartels américains de la drogue et la fourniture massive d'armes et de fonds, notamment par la CIA et le Bureau de l'alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF), ne sont pas pris en compte. L'objectif est également de rediriger la grande colère des Américains face aux décès par surdose et leur demande de soins et d'aide vers un soutien à la guerre contre le Mexique.
En annonçant ces plans d'intervention militaire contre le Mexique, les États-Unis espèrent unir leurs forces militaires et policières dans ce qu'ils croient être une victoire « facile ». Comme c'est toujours le cas, ils font abstraction du rôle des peuples du Mexique, des États-Unis, du Canada et de tout « l'hémisphère occidental » qui s'opposent à la guerre et défendent les droits de tous et toutes. Les peuples s'organisent pour établir des relations fraternelles d'amitié, d'avantage et de respect mutuels, et ne resteront pas silencieux sur ces questions vitales pour leurs intérêts et leur désir de paix, de démocratie et de liberté.
Cet article est paru dans
Vendredi 29 novembre 2024
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