Menaces proférées contre les pays tenus d'exécuter les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale

Un sénateur américain menace de sanctions la Grande-Bretagne, le Canada, la France et l'Allemagne


Manifestation à Washington contre Netanyahou,  lors de son discours devant le Congrès
des États-Unis, le 24 juillet  2024

Un sénateur des États-Unis, Lindsey Graham, un grand partisan de Trump, a menacé les alliés des États-Unis de sanctions s'ils exécutent les mandats d'arrêt pour crimes de guerre émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre d'Israël Benyamin Netanyahou et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

« Nous disons à tout allié, que ce soit le Canada, la Grande-Bretagne ou la France, si vous tentez d'aider la CPI, nous allons vous frapper de sanctions », a dit Graham  à Fox News lors d'une entrevue le 22 novembre. Reflétant les préoccupations des États-Unis, qui sont également coupables de génocide et de crimes de guerre en Palestine, il a ajouté : « Nous allons devoir détruire votre économie, parce que nous sommes les prochains. Qu'est-ce qui les empêchera de s'en prendre à Trump ou quelque autre président américain ? »

Bien que Lindsey Graham lui-même ne puisse exécuter des sanctions, le Congrès, lui, a l'autorité de le faire, et Graham en est un membre influent et il a le soutien de Trump.

La plupart des membres du Congrès ont aussi condamné la décision de la CPI, comme l'a fait le président Biden. Sa porte-parole a dit : « Nous rejetons foncièrement la décision de la Cour d'émettre des mandats d'arrêt contre des représentants israéliens de haut rang. »

Le membre du Congrès Mike Waltz, qui a été nommé au poste de conseiller à la sécurité nationale, a dit : « La CPI n'a aucune crédibilité, et ces allégations ont été réfutées par le gouvernement des États-Unis ». Il a promis « une réponse robuste » lorsque l'administration Trump accédera au pouvoir le 20 janvier.

La preuve de ces crimes a été étayée par de nombreuses organisations à l'échelle mondiale, y compris dans un récent rapport des Nations unies publié par le Comité spécial de l'ONU qui enquête sur les pratiques d'Israël en Palestine. Ces crimes sont visibles au monde entier, alors qu'à chaque jour les massacres de femmes et d'enfants et la destruction d'écoles et d'hôpitaux se succèdent. Le génocide commis à Gaza expose la « défense des droits humains » des États-Unis et d'Israël et ne laisse aucun doute sur leur culpabilité.

Le sénateur Tom Cotton d'Arkansas, notoire pour ses appels au recours à la force militaire, y compris contre des manifestants aux États-Unis, a invoqué une loi des États-Unis qui va à l'encontre du droit international, surnommée « Loi sur l'invasion de La Haye ». Cette loi, adopté en 2002, autorise le président des États-Unis à agir « par tous les moyens nécessaires et appropriés », y compris la force militaire, pour libérer les Américains ou les alliés détenus suite à l'exécution d'une décision de la CPI. Cotton est un membre en règle de la Commission des forces armées du Sénat et siège à la Commission spéciale du renseignement, où il joue un rôle influent.

Lindsey Graham a fait ses commentaires au lendemain de la publication d'articles qui laissaient entendre que la Grande-Bretagne allait exécuter les mandats d'arrêt si Netanyahou ou Gallant se rendait en Grande-Bretagne. Les pays membres de la CPI, dont la Grande-Bretagne, le Canada, l'Allemagne, la France, l'Italie, l'Espagne et d'autres pays ont tous, en tant que membres, des obligations juridiques. La Palestine est représentée à la CPI, mais les États-Unis et Israël refusent d'y adhérer.

Refusant de commenter ce cas spécifique, un porte-parole du premier ministre de Grande-Bretagne Keir Starmer a néanmoins dit : « Le gouvernement pourrait respecter ses obligations en vertu de la décision de la Cour ainsi que de ses obligations juridiques ». Ces obligations sont enchâssées dans la Loi de 2001 sur la Cour pénale internationale, qui stipule que si la CPI émet un mandat d'arrêt, un ministre désigné est tenu de « transmettre la demande à un agent juridique approprié » qui, ayant confirmé que le mandat a été émis par la CPI, « approuvera le mandat et verra à son exécution au Royaume-Uni ».

Le porte-parole du premier ministre a confirmé que le gouvernement respectera le processus tel que stipulé dans la loi et « respecterait toujours ses obligations juridiques telles que stipulées dans les lois du pays et le droit international ».

Les menaces de Lindsey Graham ont été proférées alors que des membres de l'OTAN étaient réunis à Montréal dans le cadre de l'Assemblée parlementaire annuelle de l'OTAN. Elles laissent transparaître les rivalités et les conflits au sein de l'OTAN et entre les pays européens et les États-Unis sur la question de soutenir le génocide par les États-Unis et les sionistes en Palestine. Les États-Unis pensent que par leurs menaces ils consolideront l'unité de ces forces. Mais leurs menaces risquent d'avoir un effet contraire, surtout en raison de la grande colère des peuples, qui réclament la fin du génocide et que les coupables soient redevables, en particulier les États-Unis et Israël.

Abdullah Hammoud, le maire de Dearborn, Michigan, qui est une ville voisine de Détroit et dont la population arabo-américaine est l'une des plus importantes au pays, a dit que la ville allait exécuter les mandats de la CPI contre Gallant et Netanyahou. « Dearborn va arrêter Netanyahou [et] Gallant s'ils mettent les pieds à Dearborn », a écrit Hammoud dans une publication sur les réseaux sociaux. « Les autres villes devraient emboîter le pas. Si notre président n'agit pas, rien n'empêche les dirigeants municipaux d'affirmer que Netanyahou [et] d'autres criminels de guerre ne sont pas les bienvenus et ne peuvent voyager librement aux États-Unis. »

Dans le monde entier, les peuples réclament la fin du génocide et la mise en peuvre des décisions d'institutions internationales comme la CPI, l'ONU et la Cour internationale de justice. Tous les pays signataires de la Convention sur le génocide, y compris les États-Unis, sont dans l'obligation d'intervenir pour mettre fin au génocide. C'est la résistance en Palestine, au Yémen, au Liban, qui rappelle aux autres leurs obligations, en se défendant contre les actes criminels et en appelant les autres à faire de même. L'échec des institutions internationales de mettre fin au génocide a aussi mis en évidence la nécessité de développer de nouvelles relations et de nouvelles institutions internationales qui seront l'oeuvre des peuples eux-mêmes.



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Mardi 26 novembre 2024

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