1er novembre 1954 — Début de la révolution algérienne
Montréal, 3 novembre 2024
À la marche hebdomadaire tenue à Montréal le 3 novembre, une jeune femme d'origine algérienne a parlé avec éloquence de l'engagement, de l'héroïsme et de l'aspiration profonde à la liberté de celles et ceux qui ont combattu, il y a soixante-dix ans, pour obtenir l'indépendance de l'Algérie. Elle a déclaré :
« [...] aux premières heures du 1er novembre 1954, a résonné partout en Algérie le son des balles pour annoncer le début de la guerre d'indépendance. Si vous faites une rapide recherche dans les archives autour du 1er novembre 1954, vous verrez que la presse internationale avait unanimement condamné les attaques des rebelles, les qualifiant de barbares, sanguinaires, terroristes et injustifiées.
« Comme vous pouvez voir, le vocabulaire de la presse n'a pas évolué depuis, ni sa capacité de discernement. Le 1er novembre 1954 a été orchestré par six héros de la révolution, six hommes, que la France a vite traité de terroristes, de les condamner à mort et à interdire même à la population de prononcer leurs noms. Pourtant, ces hommes avaient un rêve qu'ils partageaient avec 8 millions d'Algériens, celui d'une Algérie libre. [...] Encore une fois, des personnes dont on ne peut pas prononcer le nom, ça semble aujourd'hui drôlement familier. »
La jeune oratrice a attiré l'attention sur les similitudes qui jonchent le parcours des luttes algérienne et palestinienne « pour que vous sachiez qu'aujourd'hui n'est pas si différent d'hier et que les colonisateurs, peut importe leur nom, peu importe leur visage, reproduisent toujours le même stratagème de nettoyage ethnique, répression brutale contre les civils et bien sûr, ce qu'ils font de mieux : traiter les résistants qui se dressent contre les injustices des occupants de terroristes.
« Mon grand-père, ainsi que tous ces compatriotes, a été traité de terroriste lorsqu'il a combattu l'armée française. Est-ce que cette diffamation les a fait reculer ou les a arrêté ? Non, parce qu'ils avaient promis de combattre jusqu'à la libération totale. »
[...]
« Les colonisateurs pensent qu'avec le temps, on oublie, ils pensent nous avoir à l'usure. Mais quand comprendront-ils enfin que les peuples colonisés n'oublient pas, que leurs enfants n'oublient pas, que leurs petits-enfants n'oublieront pas, que génération après génération nous combattrons avec toujours plus de férocité.
« Par contre, ceux qui oublient, ceux qui ont la mémoire courte sont les colonisateurs et leurs rejetons. Ils ont cru jusqu'à très récemment, jusqu'à il y a un an et presque un mois, que la cause palestinienne était morte.
« Ils ont cru que les enfants palestiniens d'aujourd'hui, dont les parents se sont tenus déterminés devant les chars d'assaut Merkava durant la première, puis durant la deuxième Intifada, ils ont cru que ces enfants avaient oublié le combat noble de leurs ancêtres.
« Ces colonisateurs ont cru que ces parents courageux avaient enfanté des lâches. Mais dites-moi, qui sont les lâches qui, aujourd'hui, de leurs avions ou de leur char d'assaut, déciment la population civile et considèrent cela comme des victoires militaires ?
« Aujourd'hui, je vais m'adresser aux sceptiques, à ceux qui doutent, qui attendent, qui comptent les jours, qui désespèrent, parce que cela fait plus d'un an, parce que le nombre de morts augmente, parce qu'ils ont tué nos leaders, qu'a priori il n'y a pas d'issue : mensonge !
« Laissez-moi vous dire qu'après le 1er novembre 1954, huit ans de guerre sanglante s'est ensuivi, huit ans de guerre, je ne parle pas des 132 ans de colonisation, mais des huit ans de guerre, durant lesquels la France a tué les Algériens de toutes les manières possibles, en les affamant, en les brûlant vif au napalm, en les tuant dans leurs villages, dans leurs villes, en les tuant en France, noyés dans la Seine.
« Et la France a assassiné un grand nombre, si ce n'est la majorité de nos résistants. Figure parmi eux, Larbi Ben M'hidi, le cerveau qui a orchestré le 1er novembre 1954, et jusqu'à aujourd'hui, à l'heure où on se parle, nous ne savons toujours pas où repose sa dépouille, ni celles de beaucoup de nos combattants de la résistance.
« Aujourd'hui n'est pas si différent d'hier. Malgré huit ans de tortures, huit ans de colonialisme, huit ans de combats, huit ans de batailles perdues aussi, et après que plus de 1,5 million d'Algériens aient versé de leur sang, la victoire a été arrachée.
« Aujourd'hui, Israël répète le même stratagème et même en pire. Nous leur disons aujourd'hui qu'ils peuvent bien continuer leurs crimes barbares contre la population. Ils peuvent continuer de cibler nos leaders, [...], ils peuvent bien continuer de tenter d'humilier les Palestiniens. Mais ils ne réussiront jamais à enlever aux Palestiniens leur Gaza. »
Cet article est paru dans
Samedi 16 novembre 2024
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