États-Unis
Grande opposition au plan de Trump d'utiliser le modèle Eisenhower et la Loi sur les ennemis étrangers
Banderole à la manifestation du 9 novembre 2024 à New York
Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises qu'il utiliserait le modèle Eisenhower pour expulser des millions de personnes et la Loi sur les ennemis étrangers pour cibler quiconque est considéré « ennemi intérieur ». Les peuples et leurs organisations seront au centre de ces attaques et ils s'organisent déjà pour y résister et faire échouer ces plans.
Il est important d'examiner de près le modèle Eisenhower et la Loi sur les ennemis étrangers, car ces deux textes visent spécifiquement les personnes d'origine mexicaine, qu'il s'agisse de citoyens, d'immigrants, de personnes en situation régulière ou sans papiers. Elles sont aussi spécifiquement liées à l'utilisation accrue des camps de détention et de l'armée, ainsi qu'à l'imposition de l'autorité fédérale. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre du renforcement des pouvoirs de police présidentiels, nécessaires pour préserver l'Union et le diktat présidentiel à l'intérieur et à l'extérieur du pays.
Le modèle Eisenhower, appliqué en 1954, prévoyait, officiellement, l'expulsion d'environ 300 000 personnes d'origine mexicaine, dont beaucoup étaient des citoyens, bien qu'Eisenhower (34e président des États-Unis, 1953-1961) ait affirmé qu'il s'agissait de plus d'un million. La campagne a été conçue par un lieutenant-général à la retraite de l'armée des États-Unis, qui dirigeait ce qui était alors le Service américain de l'immigration et de la naturalisation (INS). Il a utilisé des tactiques de type « militaire » pour cibler les travailleurs et les communautés, tout en encourageant les épithètes racistes, la criminalisation des travailleurs et les efforts pour diviser la population. Cela faisait partie des efforts déployés par les États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale pour saper l'esprit antifasciste et l'unité internationale qui s'étaient développés pendant la guerre et pour imposer des serments de loyauté anticommunistes et des lois racistes et anti-ouvrières.
Le site Web history.com explique que pendant la campagne d'Eisenhower, « des dizaines de milliers d'immigrés ont été entassés dans des bus, des bateaux et des avions et envoyés dans des régions souvent inconnues du Mexique, où ils ont eu de la difficulté à se rebâtir une vie. À Chicago, des avions remplis d'immigrants étaient envoyés vers le Mexique trois fois par semaine. Au Texas, 25 % de tous les immigrants expulsés ont été entassés sur des bateaux, comparés plus tard à des navires négriers, tandis que d'autres sont morts d'insolation, de maladie ou d'autres causes pendant leur détention. »
Ce n'était pas non plus la première fois que de tels raids étaient menés contre des personnes d'origine mexicaine. Les États-Unis ont expulsé plus d'un million de ressortissants mexicains, dont 60 % étaient des citoyens américains, pendant la dépression des années 1930, « dans le cadre d'un programme appelé rapatriement pour lui donner l'impression d'être volontaire ». Ce programme visait également à perturber les nombreuses luttes de masse menées par les travailleurs, dans lesquelles les travailleurs d'origine mexicaine jouaient un rôle militant et important, comme c'est encore le cas aujourd'hui.
En plus de l'objectif de priver un si grand nombre de personnes de soins de santé, de soutien à la famille et de pensions liées au travail, l'une des principales raisons pour lesquelles les Américains d'origine mexicaine sont pris pour cible est précisément qu'ils sont aux premières lignes de nombreuses batailles pour les droits. Leurs traditions révolutionnaires sont devenues évidentes ces dernières années dans l'organisation du rétablissement des manifestations du Premier Mai qui se concentrent sur les droits, et pas seulement en Californie, mais ailleurs. Donald Trump ne s'en prend pas seulement aux travailleurs sans papiers, il donne aussi les moyens d'intensifier la répression et de perturber les actions unifiées de tous les travailleurs et de tous ceux qui défendent leurs droits.
L'utilisation de la Loi sur les ennemis étrangers contre le peuple
La Loi sur les ennemis étrangers autorise spécifiquement le président à détenir, déplacer ou expulser, en temps de guerre, les non-citoyens d'un pays considéré comme un ennemi des États-Unis. Elle a été utilisée pour la première fois lors de la guerre de 1812 contre les Britanniques, à laquelle participait également le Canada, et lors de la Première Guerre mondiale contre les Allemands.
Son texte a été modifié en 1918 pour inclure les femmes, puis utilisé pendant la Deuxième Guerre mondiale, principalement contre les Allemands, les Italiens et les Japonais. Des milliers de personnes ont été contraintes de s'enregistrer et détenues, y compris après la fin des deux guerres.
La Loi sur les ennemis étrangers stipule :
« Chaque fois qu'il y aura une guerre déclarée entre les États-Unis et une nation ou un gouvernement étranger [...] et que le président des États-Unis fera proclamer publiquement l'événement, tous les nationaux, citoyens, habitants ou sujets de la nation ou du gouvernement hostile, de sexe masculin, âgés de quatorze ans et plus, qui se trouveront sur le territoire des États-Unis et qui n'auront pas été naturalisés, seront susceptibles d'être appréhendés, retenus, sécurisés et expulsés en tant qu' ennemis étrangers. »
Beaucoup d'experts affirment que la loi ne peut être utilisée parce qu'il n'y a pas de guerre déclarée, mais ils oublient que toutes les guerres depuis la Deuxième Guerre mondiale ont été déclarées par le président, et non par le Congrès, et que la « guerre contre le terrorisme » menée par les États-Unis après les attentats du 11 septembre 2011 a été utilisée pour prétendre que nous sommes en temps de guerre et qu'elle concerne tous les pays du monde. De plus, la dernière fois que la Loi sur les ennemis étrangers a été contestée, dans l'affaire Ludecke c. Watkins en 1948, la Cour suprême a confirmé que le président Harry S. Truman s'en remettait largement à la loi trois ans après la fin de la Deuxième Guerre mondiale. La Cour a déclaré que la question de la fin d'une guerre et de l'expiration des pouvoirs en temps de guerre était trop « politique » pour être tranchée par les tribunaux.
Les pouvoirs présidentiels concernant les guerres et l'utilisation des pouvoirs en temps de guerre, comme la création de Guantanamo, la définition des « combattants ennemis », l'autorisation de la torture, les « listes de personnes à abattre », la légitimation des opérations occultes, etc. sont bien plus importants aujourd'hui qu'en 1948. Et comme l'a montré le cas de la prison de Guantanamo, le président peut tout simplement ignorer les arrêts de la Cour suprême, comme l'ont fait Obama et les présidents qui l'ont suivi. Un centre de détention pour migrants haïtiens et d'autres personnes, y compris des femmes et des enfants, a déjà été créé à la base navale de Guantanamo, à côté du camp de prisonniers. N'étant pas situé sur le territoire américain, ce camp de détention ne relève pas non plus de la loi américaine.
La Loi sur les ennemis étrangers faisait partie de quatre lois adoptées sous le nom de Lois sur les étrangers et la sédition. La Loi sur la sédition criminalise le fait pour les citoyens américains d'« imprimer, de proférer ou de publier [...] tout écrit faux, scandaleux et malveillant » à propos du gouvernement des États-Unis. Des procès ont été menés contre des journalistes, des fonctionnaires et d'autres personnes. Bien qu'il ne s'agisse plus d'une loi, dans les conditions actuelles où la présidence doit réprimer la résistance croissante et justifier les attaques contre les « ennemis intérieurs », qu'il s'agisse de journalistes, de fonctionnaires, d'avocats de district, etc., Donald Trump pourrait bien utiliser la Loi sur les ennemis étrangers à des fins semblables.
La période au cours de laquelle la loi a été adoptée a également été une période de soulèvements et de luttes. Il s'agissait notamment de l'esprit révolutionnaire des peuples pour l'indépendance et les droits, qui a obligé l'élite dirigeante de l'époque à inclure la Déclaration des droits dans la Constitution (1787). Aux États-Unis et dans le monde, de nombreuses luttes ouvrières se déroulaient également à cette époque, et il y avait aussi la révolution haïtienne et le soulèvement irlandais pour se libérer du joug britannique.
La Déclaration des droits traite de la liberté de religion, de liberté de presse, de liberté d'expression, d'association et d'adresser des pétitions au gouvernement. C'est pour perturber les mouvements de résistance d'aujourd'hui et les étiqueter, ainsi que ceux qui y participent, comme « étrangers » ou « extérieurs », pour les réprimer brutalement, que la Loi sur les ennemis étrangers est à nouveau invoquée.
Une large résistance s'organise déjà pour bloquer les expulsions et défendre les nombreux manifestants déjà en action pour la Palestine, en soutien aux immigrés, aux migrants et aux réfugiés, et à tous ceux qui défendent leurs droits.
New York, 9 novembre 20244
(Voice of Revolution, Organisation marxiste-léniniste des États-Unis)
Cet article est paru dans
Vendredi 15 novembre 2024
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