États-Unis
Qu'attendre de Trump en matière d'expulsions et de la frontière sud
Comme Donald Trump l'a clairement indiqué tout au long de la campagne électorale et depuis qu'il est devenu président élu, la fermeture de la frontière sud des États-Unis et l'expulsion d'un grand nombre de personnes sont des priorités absolues.
Le 6 novembre, Karoline Leavitt, attachée de presse nationale de Trump, a déclaré sur Fox News qu'il avait « le mandat de gouverner comme il l'a fait pendant la campagne, de tenir les promesses qu'il a faites, ce qui inclut, dès le premier jour, le lancement de la plus grande opération d'expulsions de masse ». Il parle d'expulser environ 13 millions de sans-papiers, qui vivent et travaillent aux États-Unis, souvent depuis des décennies. Ces expulsions massives se feraient sans procédure régulière, probablement au moyen de raids effectués par le Service de l'immigration et des douanes des États-Unis (ICE), et leur coût est estimé à plus de 315 milliards de dollars.
Le 10 novembre, Donald Trump a annoncé que Tom Homan, l'ancien directeur par intérim de l'ICE qui avait soutenu sa politique de « tolérance zéro » lors de son premier mandat, rejoindrait son administration en tant que « tsar des frontières ». Trump a déclaré sur Truth Social que Tom Homan serait « chargé des frontières de notre pays, y compris, mais sans s'y limiter, de la frontière sud, de la frontière nord, de toute la sécurité maritime et aérienne ».
De même, « Tom Homan sera responsable de toutes les expulsions d'étrangers en situation irrégulière vers leur pays d'origine », a déclaré Donald Trump. Homan promet déjà des raids sur les lieux de travail et a déclaré que la séparation des familles pourrait être évitée en expulsant les familles ensemble (c'est-à-dire en expulsant les enfants nés aux États-Unis au nom de la non-séparation des familles).
Le président élu persiste dans ce projet non seulement parce qu'il est lui-même raciste, tyrannique et enclin à commettre des crimes contre l'humanité, ce qui est vrai. Il le fait aussi parce qu'il pense qu'en agissant ainsi, il peut unir les secteurs militaires et éviter une guerre civile. En déclarant les immigrants et les réfugiés « ennemis intérieurs » des États-Unis et en procédant à leur expulsion, il espère rallier tous les racistes à sa cause.
Trump représente la personne de l'État dont la mission principale est de préserver l'Union. Dans le cadre de cet effort d'unification de l'armée, il cible également ce qu'il appelle « les réseaux criminels de migrants » pour justifier la criminalisation des personnes considérées comme des membres de gangs ou des trafiquants d'êtres humains et de drogue et les qualifier de « terroristes ».
D'ores et déjà, des responsables militaires discutent avec des responsables mexicains de la nécessité d'une « coopération transnationale » et d'une intervention de l'armée et des forces de police américaines pour « aider à lutter contre le crime organisé ».
L'élection présidentielle et les élections au Congrès et au Sénat n'ont en rien atténué le problème que pose toujours le danger d'une guerre civile ouverte et violente entre les factions au pouvoir et contre les peuples qui se soulèvent pour exiger une autre direction pour le pays. Faire tout ce qui est possible pour renforcer le pouvoir du président d'agir en toute impunité est le programme que s'est donné Donald Trump, ce qu'aurait également fait Kamala Harris, soit dit en passant, et il est en fait déjà mis en oeuvre par l'administration Biden de multiples façons. Joe Biden est déjà engagé dans la fermeture de la frontière et l'internement de personnes à Guantanamo, en violation des obligations des États-Unis dans le traitement des demandeurs d'asile.
En tant que président, Trump est également chargé d'éliminer les barrières comprises dans la Constitution à une plus grande utilisation des pouvoirs de police et de l'impunité de la présidence contre les factions rivales et surtout contre les peuples, y compris l'utilisation de l'armée à l'intérieur du pays, et contre les pouvoirs détenus par les autorités au niveau de l'État.
Par exemple, en ce qui concerne les relations avec les États, la gouverneure du Massachusetts, Maura Healey, à qui l'on demandait si la police de l'État aiderait Trump dans ses efforts d'expulsion, a répondu : « Non. Absolument pas. » « Je pense qu'il est important que nous reconnaissions tous qu'il y aura beaucoup de pression sur les États et les fonctionnaires des États, a-t-elle ajouté. Tous les outils de la boîte à outils doivent être utilisés pour protéger nos citoyens, nos résidents et nos États, et pour maintenir la démocratie et l'état de droit en tant que principe de base. »
Le Massachusetts, comme New York, l'Illinois et la Californie, a connu un afflux important d'immigrants et de réfugiés au cours de l'année écoulée. Pour monter les peuples les uns contre les autres tout en justifiant les expulsions, on prétend que les réfugiés sont la cause d'un manque de fonds pour le logement, l'éducation, la santé, etc., en particulier dans des villes comme Chicago et New York. Le financement massif de la guerre, le financement des nombreuses agences de maintien de l'ordre et le paiement des dettes publiques ne sont pas mentionnés lorsqu'il est question de pénurie de fonds.
L'application des lois sur l'immigration est manifestement considérée comme un moyen d'imposer la volonté du président par la coercition et la force. Elle peut servir à briser une barrière existante concernant les pouvoirs des États, de leurs agences de police et de leur Garde nationale, toutes deux contrôlées par le gouverneur de l'État. Les lois sur l'immigration peuvent également être utilisées pour justifier une répression accrue de la population au nom de la « sécurité nationale », notamment en faisant appel aux services de police fédéraux et à l'armée, si nécessaire, comme le dit Donald Trump.
À cet égard, un projet de loi a déjà été présenté à la Chambre des représentants, peut-être en vue d'un vote accéléré sans débat, sous le nom de « loi pour arrêter le financement du terrorisme et abolir les pénalités fiscales pour les otages américains », également appelé loi H.R. 9495. Cette loi accorderait au secrétaire du département du Trésor le pouvoir unilatéral, sans preuve ni explication, de révoquer le statut d'exonération fiscale de toute organisation à but non lucratif considérée comme une « organisation soutenant le terrorisme ». Cela les empêcherait effectivement de recevoir des dons et des subventions et obligerait nombre d'entre elles à fermer leurs portes. Cela servirait à augmenter le recours aux accusations de « terrorisme » contre les étudiants et beaucoup d'autres personnes, et à accroître les pouvoirs de police de la présidence.
On peut constater qu'en dehors des guerres de territoire, les problèmes abordés par Trump ne sont pas principalement ceux de la fermeture de la frontière comme telle. Les peuples des États-Unis se préparent à ses tentatives de préserver l'Union en augmentant les pouvoirs de police fédéraux et en sapant la résistance et l'unité des peuples.
Cet article est paru dans
Jeudi 14 novembre 2024
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/LA2024/Articles/LA54491.HTM
www.pccml.ca • redaction@pccml.ca