Les tentatives manifestes de bloquer la participation des tiers partis déshonorent encore plus la démocratie américaine
S'il est bien connu que le processus électoral aux États-Unis n'est pas conçu pour porter le peuple au pouvoir, on sait moins au Canada que les machines électorales des deux principaux candidats se donnent beaucoup de mal pour bloquer la participation des tiers partis. De nombreux obstacles rendent très difficile la participation des tiers partis et il est très difficile pour les candidats indépendants de figurer sur les bulletins de vote. Les dépenses exhorbitantes, même pour les élections au niveau de l'État, sont également un obstacle majeur.
Les élections aux États-Unis sont également inéquitables et inégales, car elles se déroulent au niveau des États, avec des règles différentes pour chaque État en ce qui concerne l'inscription sur les listes électorales, l'enregistrement des partis, la mise en candidature et l'inscription sur les bulletins de vote, la collecte de fonds et l'établissement de rapports sur les fonds collectés, etc. En général, les règles sont conçues à l'avantage de la machinerie cartellisée et servent surtout à écarter les petits partis et les travailleurs. Les modifications apportées à ces lois favorisent de plus en plus les partis cartellisés.
Les États du Sud ont longtemps rendu difficile le simple fait de s'inscrire sur les listes électorales et cela continue, souvent sur une base raciste quand l'objectif est d'empêcher les Noirs de voter. De même, la délimitation des circonscriptions électorales et d'autres interventions dans la législation et le processus d'inscription sont utilisées pour favoriser certains candidats et en exclure d'autres.
Au niveau des États, le secrétaire d'État contrôle les listes électorales et peut radier arbitrairement des personnes, comme cela s'est produit en Virginie et en Alabama cette année où, sous prétexte qu'ils n'étaient pas citoyens, des centaines d'électeurs ont été radiés. En plus de fausser le résultat du vote, cette mesure s'inscrit dans le cadre des efforts déployés pour attiser la peur et la colère à l'égard des immigrants, qualifiés d'illégaux, de fraudeurs, de menteurs, de tricheurs, etc.
Bannière en appui aux droits de vote lors de la marche des
pauvres à Washington, le 21 juin 2021
Des lois sont également adoptées pour empêcher la participation de tiers partis. À New York, par exemple, alors qu'il y a normalement plusieurs autres partis sur le bulletin de vote, comme le Parti vert, le Parti conservateur et le Parti libertaire, il n'y en a aucun cette année. New York est un État où le candidat démocrate à la présidence l'emporte. Le fait d'exclure les petits partis du scrutin n'a donc rien à voir avec la « peur » des démocrates de perdre. Il s'agit de s'assurer qu'aucune autre voix que celle des cartels n'est autorisée.
Pour être admis sur le bulletin de vote à New York, il faut recueillir 45 000 signatures valides d'électeurs inscrits dans un délai de six semaines, dont au moins 500, ou 1 %, des électeurs inscrits provenant d'au moins la moitié des circonscriptions du Congrès de l'État. Le Parti vert a réussi à obtenir 46 000 signatures. Celles-ci ont ensuite été contestées par la machinerie du cartel, qui a déclaré qu'il y avait moins de 45 000 signatures valides. En conséquence, Dre Jill Stein, la candidate présidentielle du Parti vert, a été écartée du scrutin.
Les candidats en dehors du Parti républicain et du Parti démocrate qui pourraient être sur le bulletin de vote présidentiel dans certains États comprennent Jill Stein pour le Parti vert, Cornell West, indépendant, Chase Oliver pour le Parti libertaire et Claudia De La Cruz pour le Parti pour le socialisme et la libération. Robert Kennedy fils, qui a suspendu sa candidature pour rejoindre la campagne de Donald Trump, pourrait néanmoins figurer sur le bulletin de vote dans certains États.
Parmi les petits partis qui se présentent, les Verts figurent sur les bulletins de vote dans un plus grand nombre d'États et sont donc souvent confrontés au poids des attaques de la machinerie du cartel. On estime à 500 000 dollars la valeur des publicités numériques diffusées contre eux dans le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin, considérés comme des États clés pour Kamala Harris. Dans l'Ohio, le cartel a intenté une action en justice pour s'assurer que les votes exprimés en faveur de Jill Stein ne soient pas comptabilisés, bien qu'elle soit inscrite sur le bulletin de vote. Dans le Nevada, ils ont intenté un procès pour l'exclure du scrutin, en invoquant à nouveau la validité des signatures.
Outre le fait qu'elles garantissent l'exclusion des Verts, ces actions en justice sont coûteuses et prennent beaucoup de temps.
Dans chaque État, le bulletin de vote est différent et, par conséquent, les personnes pour lesquelles les électeurs peuvent voter sont également différentes. Il en va de même pour les règles relatives à des questions telles que l'autorisation et la comptabilisation des votes par correspondance. Dans certains États, seuls Trump et Harris figureront sur le bulletin de vote ; dans d'autres, il y aura plusieurs candidats.
Les règles du vote varient également. Il s'agit notamment des règles d'inscription sur les listes électorales, puis des exigences en matière de pièces d'identité le jour du vote. Dans l'Oregon et l'État de Washington, tous les votes se font par correspondance. La plupart des autres États combinent le vote par correspondance, le vote anticipé et le vote le jour de l'élection. Tous ces éléments ont une incidence sur la rapidité avec laquelle les votes sont comptabilisés le jour de l'élection et sont autant d'éléments qui permettent de contester les résultats devant les tribunaux après le jour de l'élection.
Sachant qu'il est possible pour un candidat d'obtenir la majorité du vote populaire tout en perdant le vote du collège électoral, comme l'a fait Hillary Clinton lorsqu'elle s'est présentée contre Trump lors de l'élection de 2016, une autre caractéristique de l'inégalité est qu'une poignée d'États, et généralement pas les plus peuplés comme New York, la Californie et le Texas, jouent un rôle décisif dans la détermination du vote au sein du collège électoral. Cela signifie que les électeurs des autres États sont tenus à l'écart des campagnes et que leur voix est considérée comme insignifiante. Cette année, sept États sont considérés comme des États clés qui détermineront l'issue du vote : l'Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin.
Il y a au total 538 votes au collège électoral et 270 sont nécessaires pour gagner. Chaque État obtient le même nombre que sa délégation au Congrès, Chambre et Sénat confondus. Washington DC en obtient trois, Porto Rico aucun.
Cet article est paru dans
Mardi 5 novembre 2024
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