Les organisations des droits humains exigent la fermeture du camp de détention de migrants à Guantanamo

Cent vingt-cinq organisations des droits humains ont fait parvenir une lettre au président Biden le 16 octobre pour exiger la fermeture du centre de détention de migrants à Guantanamo. Les organisateurs ont mis en lumière les conditions cruelles au camp de détention qui abrite des enfants et des familles, soulignant l'insalubrité, le manque de soins médicaux, le manque d'éducation pour les enfants et le châtiment collectif contre les détenus qui rejettent ces conditions et exigent qu'elles soient changées.

Les organisateurs ont fait valoir que Guantanamo est un trou noir où les gens sont détenus indéfiniment, où ils n'ont pas droit à un avocat et où ils sont séparés de leurs familles et de leurs amis. Comme pour toutes les autres prisons, Guantanamo fait en sorte que ces détentions, ces châtiments et ce racisme gouvernemental se passent loin des yeux du public. C'est ce qui permet d'échapper à l'encadrement juridique aux États-Unis stipulant que les demandeurs d'asile doivent être entendus et d'éviter les poursuites judiciaires pour contester les conditions exécrables.

Les États-Unis ont une longue tradition de spécifiquement cibler les réfugiés haïtiens et Haïti elle-même, dans un esprit de revanchisme contre la révolution haïtienne qui a éliminé l'esclavage et établi un État fondé sur les droits humains pour toutes et tous. Comme l'a souligné un des organisateurs, il y a un lien entre le fait de cibler et de calomnier les Haïtiens à Springfield, en Ohio, et le fait de les détenir à Guantanamo. C'est partie intégrante du racisme, du chauvinisme et de la violence des États-Unis contre Haïti et son peuple. Un autre organisateur a souligné que ce n'est pas d'hier qu'on a recours à Guantanamo pour détenir les Haïtiens, et qu'on peut retracer la longue liste de poursuites judiciaires à la défense de leurs droits jusqu'en 1993.

Parmi les 125 organisations, certaines militent pour la fermeture des camps de détention aux États-Unis même. Autant les camps de Guantanamo que les camps de détention à l'intérieur du pays seront agrandis. À l'heure actuelle, le Service d'immigration et des douanes (ICE) détient plus de 36 000 personnes dans un réseau de plus de 200 camps de détention voués à l'immigration partout au pays. Cette année, Joe Biden a signé un projet de loi fédéral, augmentant le financement d'ICE pour qu'il puisse tenir en moyenne une population quotidienne de 41 000 personnes en détention et consacre des sommes historiques pour le financement des opérations de détention et de surveillance d'ICE.

Les conditions dans les camps de détention à l'intérieur du pays sont aussi brutales, avec leur manque de soins médicaux, d'eau potable, de nourriture et de conditions de vie sécuritaire et salubres. Des grèves de la faim, surtout menées par les femmes, ont été organisées pour rejeter ces conditions.

La revendication est la fermeture immédiate de Guantanamo et de tous les camps de détention et la défense de la dignité et des droits des immigrants et réfugiés.

Nous reproduisons ici-bas la lettre adressée au président Biden :

« Nous soussignées, les 125 organisations, exhortons l'administration Biden d'arrêter de détenir les demandeurs d'asile à Guantanamo et de permettre que les personnes arrêtées en haute mer puissent trouver refuge aux États-Unis. Alors que l'administration envisage d'utiliser Guantanamo pour détenir les Haïtiens qui ont fui par voie maritime, nous vous exhortons de traiter les demandeurs d'asile conformément à vos obligations en matière de droits humains et de fermer le centre de détention des migrants à Guantanamo.

« Les gens qui n'ont pas eu le choix que de fuir par voie maritime pour éviter la persécution dans leurs pays d'origine ont partagé leur expérience infernale à Guantanamo dans le nouveau rapport 'Offshoring Human Rights : Detention of Refugees at Guantanamo Bay' (Les droits humains délocalisés : Détention de réfugiés à la baie de Guantanamo), par le Projet international d'aide aux réfugiés (IRAP). Une famille, y compris deux enfants, a été arrêtée par la garde côtière américaine et envoyée dans un centre de détention en ruines à Guantanamo, où elle a été détenue jusqu'à ce que ce que l'IRAP intente une poursuite judiciaire. Le gouvernement des États-Unis a empêché les membres de la famille de voir un avocat et a eu recours à un châtiment collectif en réponse aux griefs sur la façon qu'ils étaient traités. Pendant plus d'un an, le gouvernement des États-Unis a privé les enfants de leur droit à l'éducation, à des soins médicaux, à de l'aide en santé mentale, de sorte qu'un médecin de la base navale a fini par recommander leur libération immédiate.

« Il est également préoccupant de voir le gouvernement des États-Unis retourner des individus arrêtés en haute mer à leur pays d'origine au risque de leur vie. Malgré l'opposition des Nations unies et de membres du Congrès, la Garde côtière américaine continue d'arrêter et de rapatrier des Haïtiens dans des conditions de violence extrême en Haïti. Le gouvernement américain a arrêté plus de 11 000 personnes de différentes nationalités d'octobre 2022 à septembre 2023 et retourné près de 500 enfants non accompagnés en Haïti. Ces politiques et ces pratiques empêchent les demandeurs d'asile de pouvoir obtenir un refuge humanitaire aux États-Unis.

« Les États-Unis de longue date ont recours à Guantanamo Bay pour y installer des prisons clandestines loin des yeux du public et de la surveillance judiciaire. Nous exigeons que votre administration ferme le Centre de détention des migrants de Guantanamo et que le traitement des demandeurs d'asile se fassent en vertu des obligations en droits humains des États-Unis. Le gouvernement américain ne peut pas continuer de cacher son détournement et sa maltraitance des demandeurs d'asile en les exilant à Guantanamo, loin de leurs familles, des défenseurs des droits, de la conscience publique — et de la loi. »



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2 novembre 2024

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