Le dysfonctionnement du Congrès, des tribunaux, du département de la Justice, des partis cartellisés et autres

— Voice of Revolution —

L'échec de toutes les institutions existantes aux États-Unis est un problème qui conduit la classe dirigeante américaine à recourir à la gouvernance par les pouvoirs de police de la présidence elle-même. C'est pourquoi le programme des deux candidats à la présidence, Kamala Harris et Donald Trump, est de renforcer les pouvoirs présidentiels et de gouverner en toute impunité sur la base de ces pouvoirs de police qui sont au-dessus de l'état de droit.

De nos jours, la présidence est aux mains des intérêts privés étroits. Il est devenu courant que des intérêts privés tels que BlackRock, Goldman Sachs, Amazon, l'industrie de la guerre et leurs semblables dictent les décisions et la ligne de conduite du président. Des gens comme Elon Musk et Reed Hastings de Netflix ne sont pas les seuls susceptibles de se voir confier un poste dans une prochaine administration.

Cela est possible parce que le Congrès, les tribunaux, le département de la Justice, les partis cartellisés et d'autres instances sont devenus dysfonctionnels. Outre les nombreuses preuves de corruption massive, comme le fait que les membres du Congrès sont redevables du financement fourni par des intérêts privés étroits en échange des services qu'ils doivent rendre, le Congrès s'est montré incapable de tenir un débat sérieux sur les questions qui préoccupent les citoyens. Il ne tient aucun compte des besoins du peuple.

L'adoption de lois importantes, autres que celles sur le financement du Pentagone et de la guerre, est limitée. Le Congrès a de nouveau été incapable d'adopter le budget fédéral avant le début de l'année fiscale, le 1er octobre, une question cruciale pour le peuple. Au lieu de cela, le gouvernement est au bord de la paralysie par manque de fonds, ce qui signifie que des centaines de milliers de travailleurs fédéraux seraient licenciés, que les paiements de prestations comme la sécurité sociale et l'assurance santé Medicare seraient menacés, et bien d'autres choses encore. Ensuite, le Congrès n'a accordé que des fonds suffisants pour permettre au gouvernement de fonctionner jusqu'en décembre — commodément, pour éviter de devoir rendre des comptes, après les élections — ce qui signifie qu'une nouvelle fermeture est à craindre à ce moment-là.

Les divisions au sein du Congrès et entre le Congrès, le président et les États, notamment en ce qui concerne l'immigration, l'avortement et le droit de vote, ne sont pas propices à l'adoption de lois importantes ou à une transition pacifique du pouvoir à l'issue de cette élection. Les processus conçus pour régler les conflits de manière pacifique par des tractations pour parvenir à un compromis, comme pour le budget, n'aboutissent plus aux résultats escomptés.

Le point fort de Joe Biden, avant qu'il ne devienne président en 2021, réside dans ses années de sénateur, où les tractations sont devenues sa spécialité. Élu pour la première fois au Sénat des États-Unis en 1972, réélu en 1978, 1984, 1990, 1996, 2002 et 2008, la classe dirigeante espérait que, en tant que président, ses compétences aiderait à préserver l'Union. Loin de là, les contradictions entre les intérêts particuliers aux États-Unis sont telles que la tendance à laisser les affaires entre les mains des tribunaux s'est accrue. Il s'agit aussi bien des tribunaux fédéraux que des tribunaux d'État, qui sont eux-mêmes profondément discrédités, tout comme le département de la Justice lui-même. Les décisions rendues par les tribunaux et le département de la Justice sont tellement partisanes et politiques et le niveau de corruption de la Cour suprême est tel que les personnes qui ont la conscience tranquille savent que le système judiciaire fait partie du problème, et non de la solution.

Les incarcérations de masse racistes et les morts aux mains de la police, la privatisation des prisons appartenant aux juges eux-mêmes, l'expansion des camps de détention à durée indéterminée, les policiers qui tuent en toute impunité, la création d'endroits comme « Cop City », la désignation des manifestants comme terroristes et les attaques généralisées contre les mouvements de résistance populaire sont un signe de faiblesse, pas de force. Promettre plus de loi et d'ordre et supprimer la liberté d'expression au nom de la sécurité est une indication de la direction désastreuse dans laquelle les États-Unis sont de plus en plus engagés.

L'absence de partis politiques fonctionnels est également évidente. Elle se manifeste par le bas niveau du discours politique, au Congrès et dans les campagnes électorales, et par le remplacement de la machine électorale des partis par la machine personnelle des candidats. Les partis ont perdu le contact direct avec la population au niveau local et, même là, les luttes de factions divisent les rangs des organisations de la base.

L'appareil national des partis politiques ne fonctionne plus non plus comme avant, compte tenu des intérêts privés concurrents. Leur tâche principale a été d'organiser les conventions présidentielles tous les quatre ans et de financer les campagnes, mais aujourd'hui, c'est la faction qui domine dans un État ou une course fédérale donnée qui détermine qui reçoit ou non des fonds, qui est confronté à des contestations dans ses propres rangs lors des élections primaires, etc.

Des membres du Congrès comme Jamal Bowman et Cori Bush, tous deux fervents défenseurs de la Palestine, ont été battus par leurs collègues « démocrates » lors de leurs primaires. C'est en partie grâce à l'énorme financement fourni par l'American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) des sionistes, 14,5 millions de dollars pour la seule défaite de Bowman. Bien entendu, un tel financement n'est pas considéré comme de l'ingérence étrangère dans une élection.

Ajoutez à cela l'intervention des services de renseignement deux semaines avant l'élection, affirmant que l'ingérence étrangère de la Russie et de la Chine « sape la confiance dans les élections ». Il ne s'agit pas seulement d'attiser la peur, mais d'une tentative de détourner l'attention du mécontentement général et du rejet des institutions existantes, où la confiance de la population a atteint son niveau le plus bas. Cet effort de diversion, considéré comme un moyen de favoriser l'élection de Kamala Harris, sert en fait à discréditer davantage le pouvoir exécutif du gouvernement et les services de renseignement eux-mêmes.

Des oligopoles composés d'intérêts privés et de bailleurs de fonds n'ayant de comptes à rendre à personne fonctionnent et sélectionnent leurs représentants. Ce qui existe aujourd'hui, ce ne sont pas des partis politiques engagés dans l'information et la politisation du public, mais des factions opérant comme des cartels mafieux, utilisant la dictature et la violence. Les négociations et les politiques visant à atteindre un objectif politique favorable au corps politique ont été supprimées depuis longtemps. Les résultats sont évidents aujourd'hui.

Il est clair pour la plupart des gens que les élections ne servent plus à régler les conflits au sein de la classe dirigeante ou entre la classe dirigeante et le peuple. Les factions qui se disputent le pouvoir sont prêtes à tout pour gagner. Les intérêts privés étroits qui ont usurpé les pouvoirs de l'État au niveau fédéral et au niveau des États ont éliminé toute conception d'un système au service du « bien public ».

Les pouvoirs publics et les services publics sont en ruines tandis que Kamala Harris et Donald Trump jurent que la solution aux graves problèmes auxquels l'humanité est confrontée est une concentration encore plus grande du pouvoir entre les mains du président. Les pouvoirs de police de la présidence ne sont plus contrôlés.

Les cartels agissent pendant les élections pour intensifier leurs efforts visant à semer la peur et la division et à répandre la désinformation afin d'empêcher le peuple de développer son propre point de référence pour discuter et agir d'une manière qui soit à son avantage.

Dans cette élection, tout cela a donné lieu à une situation dans laquelle visiblement les dirigeants ne peuvent pas contrôler les mouvements en faveur du type de changement que le peuple s'efforce de mettre en place. L'élargissement et le renforcement du mouvement de résistance en faveur de la Palestine et maintenant du Liban ont été observés sans relâche au cours du seul mois d'octobre, notamment les 5 et 6 octobre, ainsi que lors des conventions nationales du Parti démocrate et du Parti républicain. L'opposition aux attaques contre les immigrants et les réfugiés et contre Cop City à Atlanta, en Géorgie, l'opposition aux morts aux mains de la police et aux incarcérations de masse, les manifestations contre l'abandon des personnes démunies face à la chaleur, à la sécheresse, aux incendies et à la dévastation causés par les ouragans et les tempêtes tropicales, ainsi que les actions déterminées des travailleurs et des étudiants, tout cela témoigne d'un peuple déterminé à s'exprimer en son propre nom et à défier les tentatives de le réduire au silence et de le réprimer en recourant à de lourdes peines, notamment des licenciements, des amendes et des peines d'emprisonnement.

L'ordre du jour du peuple est de développer de nouvelles institutions pour investir le peuple du pouvoir de décider.



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2 novembre 2024

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