L'OTAN mène un exercice de guerre nucléaire au-dessus de l'Europe

Du 14 au 24 octobre, l'alliance belliciste des États-Unis/OTAN a lancé son exercice de guerre nucléaire annuel portant le nom Steadfast Noon en Europe. L'exercice a fait intervenir des aéronefs de combat capables d'emporter des ogives nucléaires américaines, qui ont survolé la Belgique et les Pays-Bas ainsi que l'espace aérien du Danemark, du Royaume-Uni et de la mer du Nord. L'OTAN prétend qu'aucune arme réelle n'est utilisée, mais de récentes déclarations et les menaces provenant des États-Unis et de la Grande-Bretagne laissent entendre qu'ils cherchent à escalader leur guerre par procuration en Ukraine contre la Russie « sans aucune limite ». Ce sont les propos, entre autres, du secrétaire-général de l'OTAN Mark Rutte, qui a pris la relève le 1er octobre.

Les peuples partout dans le monde sont très préoccupés par les manigances des États-Unis et de son alliance de guerre. La formule courante des militaires américains selon laquelle « toutes les options sont sur la table » fait depuis longtemps partie de leur utilisation active des armes nucléaires pour faire chanter et menacer les autres, en particulier la Russie et la Chine, mais aussi les pays de l'OTAN, afin qu'ils se soumettent au diktat des États-Unis.

Les forces de la résistances en Corée et au Vietnam ont toutes deux été menacées par des armes nucléaires, menaces qui ont échoué puisque les peuples en sont sortis victorieux. L'utilisation de bombes de 2 000 livres, considérées comme presque nucléaires, pour une destruction humaine massive en Palestine et au Liban, ajoute à la volonté des États-Unis d'utiliser potentiellement des armes nucléaires, en particulier celles utilisées dans ces simulations de guerre qualifiées d'armes « tactiques ». Là encore, la résistance montre qu'elle ne se laissera pas intimider.

Pour cet exercice de guerre, l'OTAN rapporte que plus de 60 aéronefs y ont pris part. On dit que l'exercice Steadfast Noon visait en grande partie à la mise à l'essai des capacités et de la résilience de l'alliance à l'aide d'armes nucléaires que représentent les Panavia Tornado, les Fighting Falcon F-16 de Lockheed Martin, et, à partir de 2023, les F-35A. D'autres aéronefs tels que le B-52H Stratofortress de Boeing et des types d'appareils jouant d'autres rôles tels que des avions de ravitaillement et des aéronefs de guerre électroniques seront aussi utilisés.

Chacune de ces bases contient une ou deux douzaines de voûtes actives (Système de sécurité et d'entreposage des armes, WS3) à l'intérieur d'un nombre égal d'abris protecteurs d'aéronefs. La base aérienne de Ramstein en Allemagne était le plus important site d'entreposage en Europe mais seulement 7 voûtes y sont toujours actives, probablement pour la formation et les transferts. Toutes les armes ont été retirées de Lakenhearth avant 2007 mais, récemment, le Royaume-Uni a été intégré au programme de modernisation de l'infrastructure d'entreposage du nucléaire, ce qui signifie qu'il y a maintenant huit sites actifs de WS3 en Europe.

L'OTAN rapporte que l'exercice comprend 2000 personnels militaires de 13 pays alliés de l'OTAN opérant des bases se trouvant au Belgique ou aux Pays-Bas. Différents scénarios de missions auront lieu dans l'espace aérien du Danemark et du Royaume-Uni et au-dessus de la mer du Nord. Selon la BBC : en Grande-Bretagne, « Le Royal Air Force (RAF) Lakenheath est actuellement la base du 48e escadron de combat, aussi appelé l'escadron de la Liberté, et la dernière génération d'aéronefs Lightning II F-35A y sont stationnés. Selon les Forces aériennes des États-Unis, ces avions de combat ont démontré qu'ils étaient à la hauteur en transportant la bombe thermonucléaire B61-12 à courte portée, une arme tactique conçue pour le champ de bataille. Un contrat pour la construction d'abris défensifs pour l'« imminente mission nucléaire » du RAF Lakenheath a été exposé dans des documents, qui ont ensuite été retirés par les États-Unis. En outre, des millions de dollars sont prévus pour la construction de structures qu'on appelle des « dortoirs de sûreté » à la base, qui sont en fait des installations d'entreposage d'armes nucléaires, selon le budget du département américain de la Défense » [1]. Tout porte à croire que l'alliance de guerre États-Unis/OTAN est en train de renforcer son déploiement d'armes nucléaires en Europe en vue de leur utilisation potentielle.

Le terme « dissuasion nucléaire » est souvent qualifié de « principe dans les relations internationales ». Le potentiel de représailles et la force destructrice des armes nucléaires entre les mains des grandes puissances sont censés les empêcher de lancer une attaque nucléaire. Cela ne tient pas compte du rôle des peuples dans la lutte contre les guerres agressives et les armes nucléaires, ni du fait que ce sont les peuples et leur résistance organisée qui sont décisifs, comme l'a démontré la résistance en Palestine et au Liban. Les exercices de guerre de ce type sont conçus pour promouvoir l'idée que ce sont les armes qui déterminent le résultat et que le rôle des peuples est de se soumettre au chantage.

Les États-Unis ont utilisé leur arsenal nucléaire depuis le premier jour comme une menace constante et pour faire chanter les autres pays afin qu'ils se soumettent à leur diktat dans le cadre de la « dissuasion ». Les noms prêtés aux aéronefs participant à Steadfast Noon et les capacités qu'ils posséderaient sont conçus pour inspirer la crainte aux peuples du monde et à ceux que les États-Unis/OTAN ont pris pour cible.

L'exercice Steadfast Noon pratiquera l'utilisation d'armes nucléaires non-stratégiques, comme cette bombe nucléaire larguée par un F-15E du 48e escadron de combat à RAF Lakenheath. Image : Sandia National Laboratories.

Selon certaines informations, des avions se sont entraînés à larguer des bombes thermonucléaires B61 et B61-12 sur l'Europe. Bien que qualifiées de « tactiques », ces bombes sont jusqu'à 20 fois plus puissantes que l'arme que les États-Unis ont larguée sur Hiroshima pendant la Deuxième Guerre mondiale, tuant jusqu'à 126 000 civils. Ces armes sont destinées à anéantir les capacités de production de l'humanité.

L'OTAN affirme que ces exercices de guerre nucléaire en Europe « sont routiniers » et admet qu'ils se déroulaient auparavant en secret. Le nom Steadfast Noon n'a été déclassifié qu'il y a six ans. Ces exercices ne sont pas conformes au traité des Nations unies sur le désarmement nucléaire, adopté par 122 pays et entré légalement en vigueur le 22 janvier 2021. Les États-Unis et le Canada ont refusé de le signer[2].

La France ne joue aucun rôle direct dans les menaces et les plans d'utilisation d'armes nucléaires de l'OTAN et ne fait pas partie du groupe secret des plans nucléaires de l'Alliance. Cela s'explique en partie par les conflits de longue date au sein de l'OTAN, notamment entre les États-Unis, la France et l'Allemagne. L'existence d'un groupe de planification est un autre élément du chantage exercé par les États-Unis à l'aide d'armes nucléaires pour forcer les peuples du monde à se soumettre à leur autorité. C'est une chose que les peuples du monde rejettent.

Non au chantage nucléaire ! Démantelons l'OTAN !

Notes

1. Les armes nucléaires sont-elles prêtes à retourner à RAF Lakenheath ? BBC News, le 18 février 2024

2. Le traité de l'ONU sur l'interdiction des armes nucléaires

Le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires a été adopté par la Conférence (par un vote de 122 États pour, un vote contre et une abstention) aux Nations unies le 7 juillet 2027, et mis à la disposition des États par le secrétaire général des Nations unies pour qu'ils le signent le 20 septembre 2027. Suite au dépôt auprès du secrétaire général du 50ème instrument de ratification ou d'accession au traité le 24 octobre 2020, il est entré en vigueur le 22 janvier 2021, conformément à l'article 15.

3. Selon un article de Politico sur le président de l'Ukraine Volodymyr Zelensky lorsqu'il a enfin rendu public son « plan de la victoire » le 16 octobre au parlement ukrainien : « L'Ukraine propose de déployer sur son territoire la dissuasion stratégique non-nucléaire qui suffira à protéger l'Ukraine de toute menace militaire provenant de la Russie...Les armes en question n'ont pas été révélées par Zelensky dans son discours au parlement, mais il a dit que les dirigeants aux États-Unis, en Allemagne, en France et au Royaume-Uni savent de quoi il s'agit . » Antérieurement, en 2022, Zelensky avait appelé l'OTAN à mener des frappes nucléaires « préventives » contre la Russie.

(Avec des informations de Janes, Reuters, l'OTAN, archives du LML)



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1er novembre 2024

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