Échec de l'argument du «moindre des deux maux»
Alors que l'élection présidentielle entreprend son dernier
virage, les efforts pour présenter l'un ou l'autre des candidats
sous un jour favorable (ou défavorable) sont de plus en plus
évidents. Ainsi, Donald Trump est qualifié de fasciste, y
compris par Kamala Harris et John Kelly, l'ancien chef de
cabinet de Trump. Entre-temps, Mme Harris fait tout son possible
pour se dissocier de la présidence Biden, bien qu'elle défende
essentiellement les mêmes positions que Biden et Trump. La trame
de fond est le renforcement des pouvoirs de police dont dispose
le président pour permettre aux États-Unis de contrôler la
situation au pays et à l'étranger. Comme nous le voyons en
Palestine, au Liban, à la frontière sud des États-Unis et même
dans les atteintes grossières aux droits civils — tout cela au
nom de la sécurité nationale et du maintien du type d'ordre que
les États-Unis défendent —, cela donne lieu à l'utilisation
d'une violence extrême. Tant aux États-Unis que dans le monde
entier, les peuples rejettent non seulement l'utilisation de la
violence pour résoudre les problèmes, mais surtout l'utilisation
de la violence extrême, qui est odieuse.
En raison de la prise de conscience
des peuples à ce sujet, une prise de conscience qui existe
indépendamment de leur volonté individuelle, une caractéristique
de cette élection est l'échec de l'argument « Votez pour le
moindre des deux maux ». Il s'agit de l'argument couramment
utilisé pour promouvoir le point de vue que le seul choix qui
s'offre aux citoyens est celui d'un candidat moins méprisable
que l'autre. Cet argument fait depuis un certain temps partie
intégrante de la désinformation organisée par l'État pour
empêcher les citoyens de définir leur propre programme et leur
propre plan.
Il est intéressant de constater que dans cette élection, ni l'un ni l'autre des candidats ne se prétend un représentant du peuple, bien qu'ils prétendent tous deux être « pour le peuple ». Ils sont plutôt présentés comme des agents du changement. On dit même que l'un ou l'autre offre « plus d'espace pour la résistance ».
Tout est fait pour éviter toute discussion sur le type de
changement dont les Américains ont besoin et sur le type de
changement que ces candidats représentent. Le débat porte sur ce
que l'un ou l'autre fera ou dira une fois élu, pas sur ce qu'ils
font déjà et sur ce que cela révèle au sujet de la direction que
prennent les cercles dirigeants des États-Unis.
L'objectif est de détourner les électeurs de la réflexion et de l'action, de l'analyse pour trouver la meilleure façon d'avancer et d'unifier les mouvements des peuples pour un changement en leur faveur. Cela montre qu'il est essentiel d'établir le point de départ de la discussion pour que le changement ne soit pas une victime de cette élection.
À cet égard, l'idée que le rôle de la classe ouvrière et du
peuple américains est de choisir le « moindre des deux maux »
n'est pas aussi populaire qu'à l'élection de 2016, quand un des
deux candidats, Donald Trump, a été dépeint comme un « fasciste
» et l'autre, Hillary Clinton, comme une personne « progressiste
», hormis sa préférence pour l'usage de la violence dans les
conflits internationaux. Les promoteurs de cette campagne ont
été manifestement choqués de voir Hillary Clinton perdre
l'élection à Donald Trump, après quoi ils ont déclaré que la «
classe ouvrière blanche non éduquée » était raciste, fasciste,
homophobe et ainsi de suite. Il s'agissait d'une tentative de
diviser davantage les travailleurs d'un océan à l'autre.
Plus les mouvements populaires s'attaquent aux injustices
flagrantes sur tous les fronts, plus ils mettent en échec les
tentatives de division par ceux qui se prétendent progressistes
et « politiquement corrects ». On est censé fermer les yeux sur
l'unité grandissante des mouvements populaires. Il faudrait
plutôt voir Kamala Harris comme la nouvelle championne des
intérêts du peuple, promue et soutenue par les mêmes factions
dirigeantes qui ont soutenu Hillary Clinton contre Trump lors de
l'élection de 2016 et Biden contre Trump lors de l'élection de
2020.
Le cours des événements et l'unité d'action des gens de tous horizons ont révélé que tous ces efforts de la classe dominante sont faux et désinformateurs, conçus par ceux qui bénéficient du soutien de l'État pour créer des divisions. Au lieu d'arrêter les tentatives d'étiqueter les gens sur une base raciste et fausse, la notion de blocs de vote est maintenant promue comme la nouvelle stratégie. On prétend que les votes individuels peuvent en quelque sorte être regroupés en blocs — le vote des Noirs, le vote des Latinos, le vote des jeunes, le vote des femmes, les électeurs racistes, les électeurs homophobes, les électeurs LGBTQ2S+, les électeurs progressistes, etc.
La promotion des « blocs de vote » et d'une sorte d'alignement entre eux est une fraude trop évidente pour avoir une influence réelle. Elle est liée à la promotion de certains « enjeux » qui, selon les classes dirigeantes, doivent intéresser le peuple américain. L'existence de ces « blocs de vote » est chaque fois exposée comme quelque chose sorti de l'imagination des cercles dirigeants, de leurs candidats et des élections, parce que c'est évidemment une façon pour eux d'imposer ce qu'ils appellent les « enjeux électoraux » et de priver le peuple de tout rôle dans la prise de décision.
Les travailleurs, les jeunes et les forces qui luttent contre la discrimination raciale et pour la justice depuis maintenant quelques décennies en ont assez de ces tentatives de division sur une base raciste et fabriquée et de ces manoeuvres pour les rallier à l'agression et à la guerre à l'étranger et à la répression au pays.
Pour essayer de remédier à ce problème, dans cette élection on
présente les « extrêmes » comme un problème. Des mesures sont
systématiquement prises pour criminaliser ceux qui sont
considérés comme extrémistes lorsqu'ils défendent les droits du
peuple. Selon Donald Trump, l'extrême « gauche » est une menace,
tandis que les forces derrière Kamala Harris affirment que le
danger vient de Trump et de ses « extrémistes » de droite. Et
maintenant, Trump lui-même est traité de fasciste tandis que
Harris, qui soutient le génocide en Palestine au nom du droit
d'Israël à la défense légitime, ne l'est pas.
Kamala Harris est présentée comme une « nouvelle voie » alors qu'elle épouse essentiellement les positions de la « troisième voie » néolibérale usée à la corde, présentée à l'origine par Tony Blair et son « New Labour » en Grande-Bretagne, puis reprise par le clan Clinton et d'autres qui ont présidé à des désastres aux États-Unis et à l'étranger. C'était la même chose pour Barack Obama et pour les libéraux canadiens sous la gouverne de Justin Trudeau, pour les groupes de réflexion et les experts libéraux qui tentent désespérément de bloquer le changement en affirmant qu'ils sont les représentants du changement, les défenseurs des droits des femmes, des droits humains, de l'environnement vert et bien d'autres choses encore.
Un élément clé de cette « troisième voie » est l'idée que le pouvoir exécutif sait ce qui est bon pour le pays et pour le monde entier. Sous son égide, les partis politiques ont été détruits et tous les membres du corps politique sont individuellement abandonnés à eux-mêmes. Au nom de la défense des droits humains, de la liberté d'expression et de la démocratie, des « révolutions de couleur », pour un changement de régime, sont orchestrées dans les pays qui persistent à affirmer leur droit souverain de décider de leurs affaires. Cette « troisième voie » est une façon de préserver les structures étatiques existantes qui maintiennent le peuple à l'écart du pouvoir.
Les peuples réclament et luttent pour un changement en leur
faveur et cherchent les moyens de faire en sorte que les
élections ne servent pas à saper leurs efforts et leur unité
croissante. Des campagnes telles que « Pas de votes pour le
génocide » et « Abandonnons Killer Kamala » en sont la preuve,
tout comme les actions qui se poursuivent sur les campus, dans
les villes, grandes et petites, en soutien à la Palestine et en
faveur d'un embargo sur les armes et d'un cessez-le-feu
immédiat. Le génocide américano-sioniste reste au premier plan.
Les travailleurs de tous les secteurs de l'économie apportent des réponses, comme ils l'ont fait pendant la pandémie de COVID-19, comme l'indiquent les grèves des travailleurs de la santé, de Boeing et des débardeurs de la côte Est. Les travailleurs peuvent mieux gouverner le pays, mais le pouvoir politique leur échappe. Les élections sont conçues pour nier cette réalité tout en garantissant que le pouvoir et les institutions gouvernementales restent entre les mains des oligopoles privés dans la poursuite de leurs plans guerriers et antisociaux.
C'est la classe ouvrière et le peuple américains, qui
poursuivent leur lutte pour les droits de tous et toutes, au
pays et à l'étranger, qui représentent la démocratie moderne
dont nous avons besoin aujourd'hui. Refuser de se laisser
entraîner dans les débats « pour ou contre » des campagnes
électorales et faire avancer la lutte pour l'émancipation, en
persistant à parler en notre propre nom et en refusant de
permettre aux riches et à leurs candidats de parler en notre
nom, voilà ce qui fera avancer la lutte pour un changement qui
favorise le peuple.

Rassemblement des travailleurs de Boeing en grève, le 15 octobre
2024,
33e jour de leur grève
Cet article est paru dans
Jeudi 24 octobre 2024
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