Le slogan de campagne de Harris «Le pays avant le parti»
Lors d'un récent rassemblement au Wisconsin, la vice-présidente Kamala Harris s'est présentée aux côtés de Liz Cheney, un républicaine conservatrice de longue date, dont le père, Dick Cheney, a aussi exprimé son appui à la candidate. Dick Cheney a été secrétaire de la Défense sous George H. W. Bush, a été PDG du géant pétrolier et militaire Halliburton de 1995 à 2000, lorsqu'il a quitté son poste pour devenir vice-président sous Bush fils, pour ensuite retourner au bercail à Halliburton. Il est notoire pour le rôle qu'il a joué dans les guerres et la torture perpétrées par les États-Unis. L'appui des Cheney reflète un appui fort des forces militaires et du renseignement. C'est un appui important si Kamala Harris veut rallier la bureaucratie militaire et unir la bureaucratie pour empêcher une guerre civile violente. C'est ce que la classe dirigeante attend d'elle.
La bannière principale au rassemblement était Le pays avant le parti, le slogan qui est promu en ce moment. C'est aussi un des principaux mots d'ordre des forces militaires, pour faire valoir que peu importe qu'il s'agisse de l'armée ou du peuple, le patriotisme, c'est la loyauté au pays et non à un parti politique.
Lors du rassemblement, Liz Cheney a souligné : « La vice-présidente Harris est là pour prendre la relève à un moment critique de l'histoire de notre nation. Elle oeuvre à unir les gens raisonnables de tous les horizons politiques. » Elle a ajouté : « Je sais qu'elle aime notre pays et je sais qu'elle sera une présidente de tous les Américains. »
Le slogan a deux grands objectifs. D'abord, il s'agit d'unir la bureaucratie militaire et civile derrière Kamala Harris. Ainsi, lors de sa campagne, elle fait entre autres la promotion du serment d'allégeance réservée aux soldats à l'effet « d'appuyer et de défendre la Constitution des États-Unis contre tous les ennemis, extérieurs et intérieurs ».
Les forces militaires qui appuient Kamala Harris disent que
Donald Trump parle ouvertement de « mettre fin à toutes les
règles et à toutes les clauses, mêmes celles qui sont dans la
Constitution ». Ils disent : « tu ne peux pas prétendre être un
patriote si tu cherches à détruire tout ce qui rend l'Amérique
unique » et « les États-Unis sont l'avant-garde de la
démocratie, et d'une nation d'État de droit enraciné dans la
Constitution ». La loyauté envers le pays signifie s'opposer à
Donald Trump.
Il s'agit aussi de tenter de rassembler « tous les Américains » qui aiment le pays, cette « Amérique unique » représentée par les Harris, Obama, Clinton, Bush, les forces militaires et les services de renseignement. La colère qui gronde envers les arrangements actuels serait contre les partis politiques et non contre les institutions actuelles, qu'on définit comme étant « l'avant-garde de la démocratie » dans le monde. Les gens n'ont qu'à oublier l'échec de ces institutions, y compris la destruction des partis politiques, qui ont été remplacés par des cartels mafieux redevables non pas au public et à la recherche de solutions politiques, mais aux intérêts privés étroits qui ont usurpé le pouvoir.
Le pays avant le parti se veut un slogan unificateur, mais il vise à détourner et diviser la résistance en cours et son désir d'autodétermination – pour investir le peuple du pouvoir politique pour qu'il gouverne et décide lui-même. Il reflète le chauvinisme des dirigeants américains qui croient posséder un don unique qui leur permet de diriger le monde et d'exiger qu'au pays et à l'étranger tous soient soumis à leur « ordre » parce qu'ils sont « l'avant-garde de la démocratie » (dont l'échec est irrémédiable).
Les peuples réclament la construction de ce qu'ils perçoivent comme « leur Amérique », un pays qui défend les droits de tous et toutes au pays et à l'étranger, avec un gouvernement qui est antiguerre et prosocial, qui représente la classe ouvrière et le peuple et non pas les Halliburton ou Goldman Sachs de ce monde. Loin de se joindre à Harris ou Trump, les forces organisées suivent la voie de cette politique indépendante. Beaucoup cherchent à se fixer un point de départ qui n'est pas décidé par les dirigeants, leurs campagnes et leur chauvinisme, mais par eux-mêmes, dans leur propre intérêt et qui ne fait qu'un avec la résistance à l'échelle mondiale.
Cet article est paru dans
Lundi 21 octobre 2024
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