Élection présidentielle américaine

Les cercles dirigeants font la promotion de Kamala Harris pour défendre leur cause

Depuis que Kamala Harris a été nommée candidate à la présidence, lors de la convention nationale du Parti démocrate en août, les intérêts privés qui la soutiennent et leurs médias font de gros efforts pour la promouvoir et lui donner une envergure nationale. Ils ont notamment lancé une campagne éclair dans les principaux médias télévisés et talk-shows. Au cours de la semaine du 7 octobre, elle a participé à l'émission 60 Minutes de CBS, à l'émission The View d'ABC, à l'émission Late Show With Stephen Colbert de NBC, à l'émission de radio SiriusXM d'Howard Stern, au podcast Call Her Daddy et à une discussion d'Univision. Au moins 25 millions de téléspectateurs ont vu ces émissions au total. Depuis, la priorité est donnée à ce type de promotion continue. Donald Trump, quant à lui, ne bénéficie pas de la couverture quotidienne gratuite dont il a bénéficié à l'élection de 2016.

Au début du mois de septembre, Oprah Winfrey a animé une émission d'une heure et demie avec la candidate démocrate en compagnie d'élus et de célébrités hollywoodiennes. Cette émission a été diffusée en direct et a été qualifiée d'« électrisante ».

Il s'agit d'une publicité gratuite qui renforce le profil adopté par Kamala Harris, celui d'une femme confiante et joyeuse, mais « préoccupée » par les soucis du « peuple ». On la voit presque toujours souriante sur les photos.  S'exprimant en Caroline du Nord, ravagée par l'ouragan Hélène, elle a utilisé des formules bibliques telles que : « Le soir arrivent les pleurs, et le matin l'allégresse. » Kamala Harris, Barack Obama et d'autres avaient également fait de la joie leur thème à la convention nationale du Parti démocrate. Obama a dit qu'il y avait de la joie parce que Kamala Harris allait écrire un « nouveau chapitre » qui montrera que la démocratie « peut tenir ses promesses ». Cette joie s'inscrit également dans la perspective d'un avenir meilleur, d'une « meilleure histoire américaine ».

Beaucoup de signes portent à croire que les intérêts privés étroits qui ont porté Barack Obama et Bill Clinton au pouvoir soutiennent désormais fermement Kamala Harris. Les deux ex-présidents ont enregistré plus d'une dizaine de vidéos à son intention. Barack Obama fait activement campagne pour elle et sera sur le terrain chaque semaine jusqu'à l'élection. Bill Clinton s'est également joint à la campagne. Tous deux la présentent comme une candidate expérimentée et capable de mener à bien la politique extérieure et intérieure, le meilleur choix pour occuper le poste de commandant en chef et éviter une guerre civile.

À cet égard, plusieurs hauts gradés des forces armées et des membres de cabinet à la retraite disent également que Kamala Harris est le seul choix viable pour occuper le poste de commandant en chef. Le contre-amiral à la retraite Mike Smith, de l'organisation National Security Leaders for America, qui appuie la candidature de Mme Harris, a déclaré : « Cette élection est un choix entre un leadership sérieux et une impulsivité vengeresse. C'est un choix entre la démocratie et l'autoritarisme. »

La candidate démocrate est vue comme la personne capable de calmer la colère à l'égard du système électoral existant, qui prive le peuple de tout pouvoir de décider des enjeux et de sélectionner les candidats et qui est de plus en plus rejeté. Elle doit détourner la résistance au génocide américano-sioniste à Gaza avec l'espoir d'une « nouvelle voie » et la joie de voir qu'une femme issue d'une minorité et de parents immigrés se présente à l'élection présidentielle. Là encore, ce n'est pas facile puisque nombreux sont ceux qui s'en tiennent à la position « Pas de vote pour le génocide».

Les inquiétudes des cercles dirigeants qui voient poindre le scénario d'une guerre civile sont un thème courant dans cette campagne présidentielle et Kamala Harris est vue comme la plus apte à éviter, sinon à retarder, l'éclatement d'une guerre civile ouverte et violente. Le 4 octobre, le président Joe Biden a déclaré à propos des élections de novembre : « Je suis convaincu qu'elles seront libres et équitables. Je ne sais pas si elles seront pacifiques. » Les cercles dirigeants américains, en tant que classe, cherchent désespérément à éviter une guerre civile violente et ouverte, mais leurs institutions dysfonctionnelles n'offrent plus les moyens d'atténuer les conflits intenses qui opposent des factions mafieuses dans la rivalité pour le pouvoir présidentiel.

Kamala Harris est également considérée comme plus prévisible que Donald Trump. Les cercles dirigeants ont besoin de prévisibilité lorsqu'ils ne peuvent pas prévoir l'issue de leurs guerres et de leurs répressions, comme c'est le cas en Palestine et en Ukraine. La partie de la classe dirigeante américaine qui souhaite la prévisibilité veut s'assurer de pouvoir contrôler l'ordre mondial comme elle le veut. Elle croit qu'avec un soutien plus fort de l'armée et des agences de police en ce moment, et une plus grande visibilité dans les affaires étrangères, Kamala Harris sortira vainqueur de cette élection.

Les cercles dirigeants ont besoin d'une force capable de préserver l'Union, de maintenir leur contrôle sur le peuple et de se donner les moyens de maintenir leur « ordre international fondé sur des règles », celui-là même qui s'effondre sous leurs yeux alors que les peuples du Moyen-Orient et du monde entier s'élèvent d'un seul bloc contre le diktat et le génocide des États-Unis.

Très inquiets de perdre le contrôle de l'ordre mondial, les cercles dirigeants présentent Kamala Harris comme un leader capable de maintenir l'ordre, ce qui comprend maintenir le lien entre les pouvoirs fédéraux et ceux des États liés à la loi et à l'ordre.

Il n'est pas certain qu'elle réussira car sa victoire dépend en partie du succès de Joe Biden à obtenir une sorte de trêve au Moyen-Orient, pour préserver la capacité des États-Unis à dominer la région.


Manifestation à Chicago à l'occasion d'un an de génocide américano-israélien et d'un an de résistance, le 5 octobre 2024



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Lundi 21 octobre 2024

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