Le Canada use de moyens criminels pour miner la recherche de preuves de décès d'enfants dans les pensionnats indiens
Au milieu des événements et des commémorations de la quatrième Journée nationale pour la vérité et la réconciliation, le Secrétariat des survivants des Six Nations de Grand River a tenu une conférence de presse sur la colline du Parlement. Le Secrétariat des survivants a été créé pour retrouver les dossiers de l'ancien Institut Mohawk près de Brantford, en Ontario, et enquêter à leur sujet, afin de trouver les noms des enfants mohawks qui sont morts à l'école.
Les porte-parole du Secrétariat des survivants ont dénoncé les plans du Canada de réduire le financement de l'important travail qu'il fait. Depuis qu'il s'est attelé à la tâche de découvrir les tombes et les noms des enfants décédés sur le terrain de l'Institut Mohawk entre 1831 et 1970, le Secrétariat des survivants a élargi ses activités et établi des relations de travail avec plus de 60 autres communautés autochtones du Canada dont les enfants sont également décédés alors qu'ils fréquentaient les pensionnats indiens.
La question de la mort et de l'enterrement d'enfants autochtones dans des tombes anonymes a été brusquement portée à la conscience nationale au Canada après que la Première Nation Tk'emlúps te Secwépemc a annoncé en 2021 que les résultats préliminaires d'une étude géoradar des terrains de l'ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, indiquaient qu'il y avait 215 tombes anonymes sur les terrains de l'école.
À l'époque, le gouvernement Trudeau, sous la pression des peuples autochtones, des Canadiens et des Québécois, s'est engagé à financer la recherche de tombes et de restes d'enfants dans ce pensionnat et sur les terrains d'autres pensionnats. En 2022, 209,8 millions de dollars, une somme dérisoire, ont été alloués pour soutenir les communautés autochtones qui souhaitaient mener leurs propres enquêtes pour « documenter, localiser et commémorer » les lieux de sépulture. Cet argent a permis de financer 146 projets de ce type.
Le Secrétariat des survivants souligne que le dernier budget fédéral prévoit 91 millions de dollars sur deux ans pour poursuivre les recherches qui, selon l'organisation, sont essentielles pour découvrir la vérité sur ce qui est arrivé aux enfants dans ces institutions gérées par l'Église.
Laura Arndt, directrice exécutive du Secrétariat des survivants, qui est intervenue à la conférence de presse, a souligné que la réduction des fonds alloués au Fonds de soutien communautaire pour les enfants disparus des pensionnats signifie que les communautés autochtones sont « montées les unes contre les autres » et que les justifications ne sont pas acceptables. Elle a également indiqué que les réductions de financement ont été annoncées lors d'une réunion Zoom en août, au cours de laquelle les communautés et organisations autochtones ont été mises en sourdine et où les questions n'ont pu être posées que par clavardage.
Mme Arndt a souligné que les communautés autochtones tentent de mettre au jour 150 ans d'histoire et que l'argent fourni par le Canada au cours des trois dernières années est tout à fait insuffisant pour accomplir ce travail. Elle a également fait remarquer que le gouvernement fédéral retient toujours 23 millions de documents concernant les pensionnats indiens qu'il avait promis de remettre l'année dernière. Elle a souligné qu'il faudrait de nombreuses années et des centaines de millions de dollars pour rendre hommage aux victimes.
La directrice du Secrétariat des survivants a déclaré que les déclarations du premier ministre Trudeau, qui affirme « soutenir les communautés » et « être présent à chaque étape pour honorer les enfants qui ne sont pas revenus », ne signifient pas grand-chose si le travail ne bénéficie pas d'un financement stable. Elle a également ajouté qu'il ne pouvait y avoir de réconciliation sans que la vérité soit reconnue et que l'affaiblissement et le sous-financement de l'important travail de recherche et de récupération des tombes de chaque enfant décédé contribuaient au discours « négationniste » que plusieurs personnes dans les cercles officiels reprennent pour dire que le système des pensionnats n'a jamais existé, que les peuples autochtones fabriquent tout cet épisode sordide de l'histoire du Canada. Elle a déclaré :
« Nous disons au premier ministre que nous en avons assez. Les promesses n'ont d'importance que lorsqu'elles sont tenues, alors tenez votre promesse. Faites-le pour les communautés, faites-le pour ce pays, afin qu'ils sachent à quoi ressemble une véritable réconciliation.
« Nous ne devrions pas être tenus en haleine pendant le mois national de la réconciliation, à quémander des fonds pour une promesse faite par le premier ministre. » « Pourquoi devrions-nous demander de l'argent aux entités mêmes qui ont commis cette atrocité ? » a-t-elle demandé, ajoutant que si le gouvernement fédéral sape le travail en réduisant les fonds, il fera partie du « mouvement négationniste » qui a pour objectif de blanchir les crimes qui ont été et sont encore commis par l'État canadien contre les peuples autochtones.
Roberta Hill, ancienne élève du Mohawk Institute et membre du Secrétariat des survivants, s'est également adressée aux médias sur la colline du Parlement. Elle a déclaré que l'école était « très horrible, très dommageable, nuisible et abusive » et que des personnes comme elle méritaient de connaître la véritable ampleur du carnage causé par des écoles comme celle-ci.
Les recherches et les enquêtes « vont prendre du temps, et il est absolument ridicule de réduire le financement maintenant, ce qui me met en colère et me bouleverse », a-t-elle ajouté.
Ce que le gouvernement Trudeau fait au nom du peuple canadien et de la réconciliation est inadmissible. Il est criminel de verser du sel sur les plaies des survivants du système raciste et brutal des pensionnats indiens et de salir la mémoire de ceux qui sont morts. Il ne faut pas que cela passe.
(Avec des informations de CPAC et Radio-Canada)
Cet article est paru dans
3 octobre 2024
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