Opposons-nous à la criminalisation et à la persécution du chef héréditaire wet'suwet'en Dsta'hyl

Le chef héréditaire wet'suwet'en Dsta'hyl, qui est chef adjoint du clan Likhts'amisyu de la nation wet'suwet'en, a terminé ses 60 jours d'assignation à résidence le 3 septembre. Il a été condamné le 31 juillet après avoir été reconnu coupable d'outrage criminel le 20 février. Il avait été arrêté le 27 octobre 2021 après avoir retiré des batteries d'équipement lourd des véhicules de construction de Coastal GasLink (CGL) sur le territoire des Wet'suwet'en. Il avait auparavant averti les employés de CGL que les chefs héréditaires wet'suwet'en, afin de faire respecter la loi des Wet'suwet'en, leur avaient remis un avis d'expulsion pour intrusion sur leur territoire et que le matériel de CGL serait saisi et les véhicules mis hors service. Le procureur a fait valoir que ses actions et celles d'autres défenseurs des terres étaient contraires à une injonction de la Cour suprême de 2019 interdisant à quiconque d'empêcher, d'entraver ou de restreindre la construction du gazoduc de CGL.

En le condamnant, Michael Tammen, juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, a déclaré que la loi traditionnelle sur l'intrusion des Wet'suwet'en ne pouvait pas « coexister » avec les ordonnances d'injonction rendues par la Cour suprême de la Colombie-Britannique. À l'époque, le chef héréditaire Gitxsan Moolaxan, l'un des nombreux manifestants qui se sont rassemblés devant le tribunal, a déclaré que « le juge Michael Tammen s'est servi de 30 ans d'inertie du Canada et de la Colombie-Britannique à la table des négociations pour soutenir que la loi sur l'intrusion ne peut pas coexister avec la loi sur les injonctions. Le tribunal n'a pas réussi à réconcilier les deux, utilisant le droit des injonctions comme une arme pour éteindre le wilaloo (mode de vie) des Wet'suwet'en et des Gitxsan et le lien avec la terre. »

À la suite de sa condamnation, Amnistie internationale l'a qualifié de prisonnier d'opinion, une première au Canada, et a demandé qu'il soit immédiatement libéré de son assignation à résidence. Cette désignation a été accueillie favorablement par le chef Dsta'hyl, qui a déclaré à la CBC : « Nous cherchons à sensibiliser la communauté internationale aux différentes tactiques ignobles utilisées par le gouvernement fédéral et la province pour empêcher les Wet'suwet'en d'accéder à nos terres, [...]. Il est temps que le monde prenne conscience de la situation. » En ce qui concerne la lutte actuelle des Wet'suwet'en contre la CGL, il a déclaré : « Ils ont déjà pris des milliards de dollars de ressources sur nos terres et c'est à nous, en tant que Wet'suwet'en, de redonner vie à nos terres. » Il a condamné les gouvernements pour l'envoi d'unités militaires de la GRC qui utilisent la « force létale » contre des défenseurs de la terre non armés.

À propos de sa condamnation, le chef Dsta'hyl a déclaré que, même s'il était préférable qu'il purge sa peine chez lui et non dans une prison, il prévoyait de faire appel de la condamnation : « Chacun d'entre nous doit commencer à se lever. Nous devons élever nos enfants pour qu'ils commencent à prendre le contrôle de leur propre territoire. Tout au long du procès, qui a duré deux ans et demi, il a défendu son action en faisant valoir qu'il appliquait les lois des Wet'suwet'en, car l'entreprise n'avait pas obtenu le consentement libre, préalable et éclairé des chefs héréditaires, responsables du territoire, pour construire le gazoduc.

Outre son appel et la procédure en cours à Smithers concernant la demande d'abus de procédure déposée par trois défenseurs de la terre autochtones arrêtés en novembre 2021 lors d'une descente de la GRC dans deux camps sur le territoire des Wet'suwet'en, plusieurs autres initiatives sont en cours pour obliger les gouvernements et la GRC à rendre compte de leurs actes. The Narwhal poursuit la GRC pour l'arrestation de leur photojournaliste Amber Bracken. Le chef héréditaire Gitxsan Moolaxan a aussi annoncé le 6 mars qu'il entamait le processus de demande d'un examen indépendant par le procureur général et le solliciteur général du Canada des tentatives collectives de destruction du wilaloo (mode de vie) des Wet'suwet'en et des Gitxsan et de leur lien avec les laxlip (terres).



Cet article est paru dans
Logo
30 septembre 2024

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/LA2024/Articles/LA54216.HTM


    

www.pccml.ca • redaction@pccml.ca