Hommage aux pompiers forestiers qui sont décédés


Des collègues rendent hommage au pompier forestier tué le 3 août en combattant les feux de forêt à Jasper

Morgan Kitchen, un pompier forestier de 24 ans, est décédé le 3 août lorsqu'un arbre est tombé sur lui alors qu'il combattait un important feu de forêt à Jasper. Le secouriste, qui venait d'avoir 24 ans, était de Calgary et venait de la base de pompiers forestiers Rocky Fire en Alberta. Il avait d'abord travaillé en tant que pompier volontaire et en était à sa première saison de feux de forêt. Ses collègues de travail et les premiers intervenants lui ont rendu hommage en longeant la route sortant du parc national de Jasper en signe de respect alors que ses restes étaient transportés hors du parc.

Morgan est mort en combattant un feu d'une férocité sans précédent, qui a détruit plus du tiers de la ville de Jasper. Dans une déclaration publiée le 19 août, Parcs Canada se dit fier d'annoncer que le feu de forêt était « stable », n'était donc plus hors de contrôle, au jour 27 du braser, d'autant plus qu'il s'agit du jour où a eu lieu la commémoration dédiée au pompier Morgan Kitchen à Calgary. LML transmet ses sincères condoléances à la famille et aux amis de Morgan Kitchen. Rendre hommage à ceux et celles qui y ont laissé leur vie exige des actions pour éviter de nouveaux décès.

Les rapports sur les décès de pompiers en 2023

Huit pompiers sont morts durant la saison sans précédent de feux de forêt au Canada en 2023. WorkSafe de la Colombie-Britannique a récemment publié des rapports sur deux de ces décès. On y mentionne de nombreuses violations des normes de santé et de sécurité au travail en vertu de la Loi sur l'indemnisation des travailleurs. On y met en lumière que la sécurité des pompiers et la prévention de morts tragiques au travail n'est possible que si les pompiers eux-mêmes exercent un contrôle sur leurs conditions de travail, y compris sur les salaires et les avantages sociaux.

Les travailleurs savent très bien comment les violations routinières des protocoles de sécurité sont normalisées. Les protocoles existent sur papier seulement, et sont régulièrement bafoués, ce qui fait que lorsqu'il y a tragédie et qu'un travailleur est blessé ou tué, on peut blâmer le travailleur parce qu'il n'a pas suivi les protocoles.

Les deux rapports mettent en lumière une culture qui normalise les risques à proximité des arbres, en dépit du fait que les dangers sont bien connus et qu'il y a une longue histoire bien documentée des conséquences lorsqu'on ne se conforme pas aux évaluations sur les arbres dangereux pendant la lutte aux incendies. Ce phénomène est amplifié par les médias « de grande écoute » qui aiment répéter que les pompiers sont conscients des risques et que cela « fait partie du métier ».

Devyn Gale avait seulement 19 ans, mais en était à sa troisième saison à l'emploi des Services de lutte aux feux de forêts de la Colombie-Britannique (BCWS), lorsqu'un arbre en feu est tombé sur elle et l'a tuée. Elle était à sa troisième année d'études en soins infirmiers à l'Université de la Colombie-Britannique à Okanagan.

Selon le rapport de WorkSafeBC sur le décès de Devyn, aucune évaluation n'avait été faite sur le cèdre en feu sur le site avant que les travailleurs n'interviennent, en dépit du fait que deux pompiers avaient fait part de leurs inquiétudes. Selon le rapport, il y a aussi eu des lacunes dans la gestion des évaluations d'arbres dangereux et dans la formation de jeunes travailleurs.

WorkSafeBC en est arrivé à la conclusion que la gestion des risques et la supervision avant la tragédie ont été « inefficaces » et « inadéquates » et que des jeunes pompiers sans expérience avaient été déployés sur les lieux sans formation adéquate.

Paul Finch, président du Syndicat des employés généraux de la Colombie-Britannique, a publié un communiqué en réponse au rapport dans lequel il affirme : « Les protocoles comme ceux qui exigent des évaluations d'arbres dangereux et des formations de sécurité et d'orientation aux nouveaux travailleurs ont été abandonnés en raison de l'incapacité de trouver du personnel avec de l'expérience dans le domaine.

« L'incapacité de l'employeur de retenir un personnel ayant de l'expérience signifie que plusieurs travailleurs sont placés dans des situations dangereuses. Il n'y a pas de substitut pour l'expérience de lutte contre les feux de forêt, et le ministère doit régler la grave crise de rétention à laquelle est confronté le BCWS. Le ministère pourrait commencer par revenir sur sa position actuelle selon laquelle il n'y a pas de problème de rétention parmi les postes de direction aux niveaux juniors et moyens, et qu'il commence à faire ce qu'il faut pour résoudre la crise de rétention. »

Paul Finch rappelle que les protocoles sont négligés lorsque le personnel est surmené, ce qui est aussi un problème de rétention et de recrutement. Plus de la moitié des chefs d'équipe de 2024 en étaient à leur première année dans ce poste, fait-il remarquer.

WorkSafeBC a aussi publié un rapport sur la mort, le 28 juillet, de Zak Muise. Zak travaillait pour la compagnie Big Cat Wildfire lorsqu'il a été tué dans un accident de véhicule utilitaire dans le nord de la Colombie-Britannique alors qu'il combattait l'immense feu de forêt de Donnie Creek. Il avait 25 ans et il avait quitté l'Ontario pour se rendre en Colombie-Britannique pour y travailler comme pompier forestier. Il a été tué lorsque le véhicule lourd dont il était passager a quitté le chemin de gravier et s'est renversé, dans une région éloignée environ 150 kilomètres au nord de Fort St-John.

Selon le rapport, le BCWS n'a pas veillé à assurer l'utilisation sécuritaire des véhicules utilitaires, n'avaient pas fourni les protocoles et la formation nécessaires à leur utilisation et n'ont pas veillé à leur inspection.

À titre d'exemple, un système de filets permettant d'empêcher les occupants du véhicule d'être expulsés du véhicule en cas de renversement était endommagé et inefficace, ce qui aurait pu être identifié si une inspection en règle avait été menée.

Les feux de forêt deviennent de plus en plus fréquents, ils sont plus étendus et à plus haute intensité. Il est très irresponsable de classer la lutte aux feux de forêts comme un travail secondaire dont le salaire est bas, la formation minimale, avec une main-d'oeuvre transitoire et saisonnière. Au fil des ans, nous avons vu que c'est la lutte des travailleurs et de leurs organisations pour défendre les normes de santé et sécurité au travail qui est décisive, sinon même les protocoles déjà en place ne sont pas mis en oeuvre. La sécurité des pompiers et des peuples autochtones, qui sont les premières victimes de ces feux de forêt, et toutes les communautés de la forêt et de l'interaction ville-forêt exigent que les prises de décision soient entre les mains de la classe ouvrière et des nations autochtones, et non pas des monopoles forestiers et des gouvernements qui agissent au service d'intérêts privés. Tout le poids des organisations ouvrières pour résoudre ce problème peut faire une différence. Tout en oeuvre pour appuyer les pompiers forestiers qui réclament les conditions de travail dont ils ont besoin pour leur santé et leur sécurité !



Cet article est paru dans
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27 septembre 2024

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