Le feux de forêt de Jasper
La ville de Jasper, en Alberta, dans le parc national Jasper, et le parc lui-même ont été ravagés par un incendie cet été. Le complexe de feux de forêt de Jasper, formé par la fusion des incendies au nord et au sud de la ville et du feu d'Utopia près des sources thermales de Miette, s'est étendu sur plus de 33 000 hectares et a atteint la ville de Jasper, les hébergements des visiteurs en périphérie et diverses installations de Parcs Canada. Plus de 20 000 personnes, dont 5 000 résidents, ont été évacuées en toute sécurité du parc et de la ville du 22 au 24 juillet. Jasper est le plus grand parc national des Rocheuses canadiennes et est connu dans le monde entier pour sa beauté spectaculaire, sa faune abondante et son vaste réseau de sentiers.
L'incendie a été d'une férocité sans précédent et a détruit 30 % des bâtiments de la ville. Les pompiers ont rapporté avoir vu des flammes d'une hauteur de 90 à 120 mètres. « Il n'y a rien qu'un humain sur terre, ou un équipement quelconque, aurait pu faire devant ce mur de feu, de déclarer Ron Hallman, président et directeur général de Parcs Canada. C'est tout simplement impossible. » Les efforts herculéens des pompiers et d'autres travailleurs essentiels ont permis de sauver le reste de la ville. Le 17 août, le complexe de feux de forêt de Jasper a été classé comme étant maîtrisé et l'alerte d'évacuation de la ville a été levée. Les habitants de Jasper font maintenant face à la dévastation et commencent à se remettre sur pied, déterminés à reconstruire la ville qu'ils aiment, une ville ferroviaire historique. Le 22 août, la municipalité de Jasper a publié un message sur les médias sociaux : « L'esprit de Jasper est inébranlable. Nous rendons hommage à la résilience de notre communauté et aux efforts inlassables de ceux qui, d'ici et d'ailleurs, ont oeuvré à sa protection et à sa restauration. Du fond du coeur : Merci . »
Nous sommes de tout coeur avec toutes les personnes touchées par l'incendie qui a ravagé tant de maisons et d'entreprises, ainsi qu'avec les pompiers qui ont risqué leur santé et leur vie. Parmi les personnes touchées, il y a environ 1 500 travailleurs étrangers temporaires qui ont été laissés dans l'incertitude, leur permis de travail étant lié à un seul employeur. Les organisations communautaires se sont mobilisées pour leur venir en aide, alors que le gouvernement fédéral a fait preuve d'indifférence, n'a pas fourni de permis de travail ouverts et a seulement annoncé qu'il ne facturerait pas les travailleurs lorsqu'ils demanderont de nouveaux permis de travail.
L'incendie dévastateur de la ville et du parc a soulevé de nombreuses questions. Les parcs nationaux sont censés être conservés dans leur état naturel, alors qu'en réalité, avant d'être déclarés parcs nationaux, les terres étaient habitées par les Anichinabés, les Aseniwuche Winewak, les Denezaa, les Nehiyawak, les Secwepemc, les Stoney Nakoda et les Métis. Ils ont été déplacés de force et on les a empêchés d'accéder à leur territoire, et de ce fait ont également été écartés leurs connaissances approfondies sur comment vivre avec les feux et les utiliser « à bon escient ».
Les spécialistes du feu et les pompiers de Parcs Canada ont accompli un travail considérable pour protéger Jasper, Banff et les villes des parcs canadiens. Les forêts ont été éclaircies, des brûlages contrôlés sont utilisés depuis 1996 et un programme FireSmart est en vigueur depuis 2003. L'infestation par le dendroctone du pin ponderosa, qui accroît le risque de feux de forêt, a laissé des centaines de milliers d'hectares de forêt dans un état de sécheresse précaire.
Parce qu'elle est située dans un parc national, la ville de Jasper était mieux équipée que les autres communautés forestières du pays, en particulier les communautés autochtones, pour lutter contre l'incendie. Nombreux sont ceux qui s'interrogent : si le feu ne peut être maîtrisé dans un parc national avec des ressources aussi importantes, quel est l'avenir des autres communautés dans la forêt ? Danielle Smith, première ministre de l'Alberta, n'a pas tardé à saisir l'« occasion » de plaider en faveur de la coupe à blanc par des entreprises forestières privées. « Nous avons conclu des accords de gestion forestière avec toutes nos entreprises forestières, a-t-elle dit. Il n'y a aucune raison que nous ne puissions pas dire : 'Hé, devinez quoi ? Pouvez-vous donner la priorité à la coupe ici ? Pouvez-vous donner la priorité à la construction de coupe-feux de cette manière ?' »
Il est certain que davantage de ressources sont nécessaires pour atténuer les conséquences du réchauffement climatique, aggravé par 100 ans de suppression des incendies qui ont entraîné le vieillissement des forêts, lesquelles brûlent plus vite et plus intensément que jamais auparavant. La déclaration de la première ministre Danielle Smith confirme une fois de plus que ce sont les experts – les peuples autochtones, les pompiers, les scientifiques forestiers et les communautés forestières – qui doivent avoir le dernier mot, et non les barons du bois américains, dont le seul intérêt est d'accumuler des richesses privées et dont le contrôle constitue une grave menace pour l'avenir des forêts, des travailleurs de l'industrie du bois, des pompiers forestiers et des communautés forestières.
Cet article est paru dans
27 septembre 2024
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