L'agenda caché du ministre Dubé et la lutte du secteur public

– Claude Moreau –


Manifestation à Québec contre le projet de loi 15, le 12 décembre 2023

Adoptée sous le bâillon le 10 décembre, la Loi 15 du ministre de la Santé Christian Dubé, appelée Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace, concentre tous les pouvoirs entre les mains du ministre en créant l'agence Santé Québec qui devient le seul employeur du réseau au Québec. Le ministre a beau pavoiser, il sait néanmoins qu'il doit « bulldozer » les conventions collectives s'il veut réussir sa réforme antisociale.

C'est ainsi que les syndicats apparaissent comme l'obstacle qui, s'il n'est pas enlevé, empêchera le ministre de la Santé de réaliser sa réforme. Le ministre veut un droit de gérance absolu sur les horaires de travail, la durée de la journée de travail et de la semaine de travail; il veut pouvoir déplacer les employés d'un secteur à l'autre, d'un établissement à l'autre dans un rayon allant jusqu'à 60 km, d'un quart de travail à l'autre, d'une journée à l'autre, etc.

Tout cela aurait comme conséquence de détruire ce qui fonctionne bien encore, en déplaçant le personnel, déshabillant encore plus Pierre pour habiller Jean. Autrement dit, la crise s'aggraverait dans le réseau et ferait fuir encore davantage d'employées de surcroît.

Nous jouons depuis un certain temps dans ce scénario où la crise dans la santé crée un marché pour le privé.

La crise s'aggravant, va-t-il appeler des firmes privées de gestion pour s'occuper d'un hôpital d'une région ou encore de Santé Québec elle-même ? Celles-ci pourraient alors sous-traiter ce qui est le plus payant pour le privé...

Le ministre Dubé a interdit aux établissements d'avoir recours aux agences de placement privées. A-t-il réussi ? NON. Au contraire, cela a augmenté. De la poudre aux yeux et de la manipulation de l'opinion publique.

Tout le monde a conscience que si le gouvernement réussit son sabotage de la lutte des travailleuses et travailleurs du secteur public, non seulement subiraient-ils des conditions de travail désastreuses pour eux et leurs familles, mais la destruction de l'hôpital public et du réseau de la santé et des services sociaux serait portée à des niveaux encore plus élevés.

Ce n'est pas pour rien que de très nombreux aînées et aînés encouragent les grévistes en disant : « lâchez pas », eux qui sont sans aucun doute les premières victimes de la déshumanisation grandissante des soins de santé.

Il faut investir en santé, en éducation et dans les services sociaux. Mais le gouvernement considère cela comme un coût et non un investissement. Pour lui, investir, c'est donner des milliards de dollars à des compagnies très riches, de l'argent qu'il n'a pas et qu'il doit emprunter. À qui emprunte-t-il ?

En suivant l'argent, on va s'apercevoir que l'argent vient de grands financiers étrangers, peut-être même directement ou indirectement de la compagnie Northvolt qui fait des profits énormes avec les intérêts des prêts et des subventions gouvernementaux. Possiblement qu'au bout de la ligne cette opération financière lui apportera plus que la construction de l'usine elle-même, si elle se fait. Des profits assurés.

C'est ainsi que l'État exige que ses employés s'appauvrissent et que soient détruites leurs conditions de vie et de travail, qu'ils financent – de même que toute la population – les opérations pour payer les riches du gouvernement par leurs taxes et impôts, et la détérioration des services de santé, d'éducation et sociaux qui s'en suit.

Les infirmières ont comme slogan : « Nos conditions de travail, vos conditions de soins » et elles ont entièrement raison.

Ils et elles veulent que leur Non veut dire Non ! Vive la lutte des employés et employées du secteur public !


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Numéro 61 - 15 décembre 2023

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