Les travailleurs du secteur public sont toujours déterminés à gagner des conditions de travail à la hauteur des besoins de la population

– Geneviève Royer –

Les contrats de travail des près de 600 000 employés du secteur public sont échus depuis le 31 mars 2023. Dès l'automne 2022, ces derniers ont fait connaître au gouvernement leurs demandes de conditions de travail et de salaire qui leur sont acceptables pour les soins à la population. Un an plus tard, après l'exercice de différents moyens de pression jusqu'à la grève, et ce, avec l'appui massif de la population à leurs demandes, il est clair que la volonté du gouvernement est d'exercer un contrôle pratiquement total sur toutes les décisions prises dans ces secteurs et que pour ce faire, il doit éliminer les limites que contiennent les contrats de travail. En plus d'être profondément anti-travailleur, cette politique du gouvernement ne fera qu'intensifier une crise déjà intenable en santé et en éducation. Les travailleuses et travailleurs de ce secteur poursuivent courageusement leur lutte et informent régulièrement la population de ce qui se passe aux tables de négociation. Rappelons que le Front commun et la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) en sont à leur 3e séquence de journées de grève, se terminant le 14 décembre et que la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) est quant à elle en grève générale illimitée depuis le 23 novembre.

Le Front commun, qui regroupe plus de 420 000 employés de la santé, de l'éducation primaire, secondaire et collégiale et des programmes sociaux, a dit le 10 décembre :

« Le mantra gouvernemental sur la flexibilité et la souplesse cache mal une volonté de contrôler davantage le travail du personnel essoufflé du réseau.

« Après plus d'un an de négociation et alors que le réseau est frappé par une des plus grandes crises de son histoire, les organisations syndicales s'étonnent que le gouvernement maintienne des propositions de reculs aux tables sectorielles. Son intention de revoir les matières locales vise à pouvoir déplacer le personnel dans plusieurs services et sites et à imposer des horaires avec plusieurs quarts de travail. Pourtant, ce que les travailleuses et les travailleurs du réseau et la population souhaitent, c'est plus de stabilité dans l'offre de services.

« Actuellement, le personnel quitte le réseau par les portes et les fenêtres. En attaquant le peu de stabilité qui demeure dans les conditions de travail, le gouvernement pèse sur l'accélérateur pour entrer dans le mur. Il faut faire tout à fait l'inverse. Il faut améliorer dès maintenant les conditions de travail de l'ensemble des titres d'emploi du réseau. En exerçant une troisième séquence de grève partout au Québec en fin de semaine, les travailleuses et les travailleurs du réseau montrent qu'elles et ils sont déterminés à améliorer leurs conditions de travail et à se battre pour de meilleurs services à la population

« À cela s'ajoute le fait que le gouvernement, en pleine négociation, a mis fin au temps supplémentaire à taux double pour l'ensemble du personnel, ce qui était pourtant une mesure importante de rétention du personnel. Depuis le début des négociations sectorielles, le gouvernement propose des mesures temporaires et des mesures uniquement pour quelques titres d'emploi, ce qui est loin d'être suffisant pour convaincre le personnel de rester dans le réseau et pour attirer la relève.

« Le ministre Dubé et le premier ministre Legault devraient passer moins de temps à faire de basses attaques contre les syndicats et plus de temps à donner les mandats pour améliorer les conditions de travail du personnel aux tables sectorielles. Ce ne sont pas les syndicats qui sont en cause s'il manque de monde dans bien des titres d'emploi ni si le personnel est à bout de souffle. Les travailleuses et les travailleurs en grève s'attendent à plus du gouvernement. »

La FAE représentant 66 500 enseignants a souligné le 11 décembre :

« Dès le début de cette négociation, la Fédération a clairement énoncé les priorités des enseignantes et enseignants, soit une amélioration de la composition de la classe, un allègement de la tâche et un accroissement de leur autonomie professionnelle. Si le gouvernement de François Legault a réellement à coeur le sort de l'école publique, il doit faire tout ce qui est en son pouvoir, et ce, dès maintenant, pour répondre aux besoins nombreux et criants des profs. Or, après 11 mois de négociation, plus de 80 rencontres et 13 jours de grève, l'on se demande si le gouvernement prend la situation au sérieux, alors qu'un demi-million d'élèves ne sont pas en classe chaque jour qui passe. Nous perdons collectivement un temps précieux. La FAE veut bien donner encore une chance à la négociation, mais les mandats des représentantes et représentants patronaux aux tables doivent permettre d'améliorer concrètement les conditions d'enseignement et d'apprentissage dans la classe, au quotidien. »

« Dans son dépôt patronal verbal du 4 décembre, le gouvernement a fait comprendre sans équivoque à la FAE que l'ouverture sur les affectations était un incontournable pour faire débloquer les pourparlers aux tables de négociation. C'est pourquoi mercredi dernier, la FAE a rencontré son instance, le Conseil fédératif de négociation, afin de dégager de nouveaux mandats concernant ces affectations. À la suite des discussions entre les délégations, une contre-offre syndicale proposant diverses modalités sur les affectations a été adoptée mercredi puis déposée auprès de la partie patronale jeudi matin.

« Or, au cours de la fin de semaine, la partie patronale, plutôt que d'ouvrir comme attendu sur les propositions syndicales, a plutôt invité la FAE à faire d'autres mouvements et aller chercher de nouveaux mandats auprès de ses instances. Cette attitude contraste grandement aux promesses faites, publiquement, en date du 23 novembre. »

La FIQ, qui regroupe 80 000 travailleuses et travailleurs de la santé, en est à sa 3e séquence de journées de grève. Le 11 décembre elle a publié le commentaire suivant :

« Pour discuter d'un élément aussi simple que le stationnement des professionnelles en soins pour lesquelles un véhicule est requis, ça a pris 48 heures à l'équipe de négociation gouvernementale pour nous revenir. On ne peut pas dire qu'on fait de la négociation une priorité quand c'est aussi long pour des choses aussi simples. François Legault et Sonia LeBel ont beau dire que les négociations sont une priorité, ça n'avance pas assez rapidement à la table. Il faut qu'ils donnent de réels mandats à leurs négociateurs. Si les discussions se sont accélérées au cours des derniers jours et qu'il y a eu certaines avancées, il n'y en a pas eu suffisamment sur des enjeux essentiels pour les professionnelles en soins. La charge de travail et la conciliation travail-vie personnelle sont des priorités qui doivent être prises au sérieux par le gouvernement.

« Alors que le gouvernement insiste pour mettre les salaires sur la place publique, la FIQ tient à rappeler que le coeur du litige découle aussi des conditions de travail exécrables dans le réseau de la santé.

« Évidemment, l'argent est important. Il faut qu'on paye les professionnelles en soins à leur juste valeur, à la hauteur de leur expertise et nous n'accepterons jamais une entente à rabais. Mais il y a plus que le salaire, il y a aussi les conditions de travail. Il faut qu'on arrête d'épuiser les professionnelles en soins de telle sorte qu'il ne leur reste que deux choix : le burnout ou la démission. Cette façon de faire ne nous mène nulle part.

« Il ne fait aucun doute qu'une grande partie de la population a bien compris que la lutte que mène les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, c'est aussi une lutte pour améliorer la qualité et la sécurité des soins offerts aux patient-e-s du Québec ».

Le même jour, le vaste soutien dont jouissent les travailleuses et travailleurs du secteur public auprès de la population a été confirmé lorsque le syndicat des Métallos, membre de la Fédération des travailleuses et travailleurs du Québec (FTQ), a annoncé un don de 100 000 dollars sous forme de carte-cadeaux d'épicerie pour les travailleurs du secteur public en grève, étant donné leur absence de revenu et même du versement syndical minimum.

« Les travailleuses et travailleurs, dont une grande majorité de femmes, qui tiennent à bout de bras les services publics, qui veillent sur nos jeunes, nos enfants, nos aînés et l'ensemble de la population, mènent actuellement une bataille importante pour des conditions de travail décentes. En cette période d'inflation galopante, ces travailleuses et travailleurs refusent l'appauvrissement et exigent le respect de la part de leur employeur. Comme la majeure partie de la population québécoise, nos membres sont de tout coeur avec elles et eux. C'est important pour nous de les appuyer. »

La distribution des dons se fait via les bureaux régionaux des Métallos répartis sur l'ensemble du territoire, directement sur les lignes de piquetage, ainsi que par le biais des organisations.

« On sait que les batailles des uns rejaillissent sur les autres. Une grève représente un sacrifice important. Ces dons ne remplacent pas le début d'un salaire, mais on espère donner un petit répit aux familles plus affectées, pour que les grévistes obtiennent un règlement la tête haute. Quand on touche à un de nous, c'est toute la famille Métallo qui est là pour répondre. On retrouve parmi les travailleuses et travailleurs du secteur public, nos soeurs, nos filles, nos mères, nos chums, nos blondes, nos enfants, nos amis. Les Métallos répondent présents pour elles et eux ! »


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Numéro 61 - 15 décembre 2023

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