Grève des travailleuses et travailleurs du secteur public au Québec

Une autorité en contradiction avec les conditions actuelles


Front commun, Montréal, 8 décembre 2023

Pendant sept jours à partir du 7 décembre, les 420 000 travailleuses et travailleurs de la santé, de l'éducation et des programmes sociaux du Front commun ont rejoint les 66 500 enseignantes et enseignants de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui eux, sont en grève générale illimitée depuis le 23 novembre. Les 80 000 membres de la Fédération interprofessionnelles de la santé (FIQ) seront quant à eux en grève du 11 au 14 décembre. Malgré toutes les énormes difficultés occasionnées par la grève aux familles du Québec, l'appui de la population demeure, tout simplement parce qu'elle a conscience que la qualité et la quantité de soins auxquels elle a droit sont défendus par les travailleurs de ce secteur.

Un des enjeux de la bataille actuelle est que les secteurs de la santé et de l'éducation sont près d'un point de rupture après près de 30 ans d'offensive antisociale qui, au fil du temps, a pris pour nom compressions, coupures, austérité, équilibre budgétaire et maintenant besoin de flexibilité. Loin de régler quoique ce soit pour la population et les services auxquels elle a droit, ces politiques antisociales ont exacerbé la crise des systèmes de santé et d'éducation qui ont grand besoin d'investissements et de réformes pour les renforcer et non les détruire et les privatiser ou pour payer les riches avec l'argent détourné des programmes sociaux. Les conditions de travail sont maintenant telles que travailleurs de la santé et personnel de l'éducation désertent ces secteurs. Après les tragédies vécues lors de la pandémie, les travailleurs se disent : c'est assez !

Le but de cette restructuration des services publics par le gouvernement est de remettre les décisions dans ce secteur aux intérêts privés étroits qu'il sert. Il veut pouvoir disposer de la force de travail des employés comme bon lui semble, sans être restreint par les limites gagnées par les travailleurs dans les contrats de travail sur la question des horaires et des heures de travail. Le gouvernement Legault refuse de s'attaquer aux grands problèmes identifiés par la communauté, et en particulier par les travailleurs de ces secteurs et leurs organisations, et ce n'est pas son intention.

Parce qu'il n'a aucune solution prosociale, pour atteindre ses fins le gouvernement recourt aux manoeuvres pour diviser les travailleurs et aux menaces. Cité par la presse le 6 décembre, Legault a eu ces propos :

« C'est important que tous les Québécois comprennent que les négociations qu'on mène actuellement pour renouveler les conventions collectives vont être déterminantes pour l'avenir des réseaux de la santé et de l'éducation [...]. Depuis des dizaines d'années, on n'arrive pas à améliorer les services en éducation et en santé beaucoup à cause de la rigidité des conventions collectives. On n'est pas capables... Je vous donne un exemple : si un gestionnaire s'entend avec un employé sur un horaire de travail, ça peut être rejeté par le syndicat. Souvent, les employés seraient d'accord avec nos propositions, mais elles sont refusées par les syndicats. [...] C'est ça qui est au coeur des négociations. [...] Ça risque de brasser dans les prochaines semaines. » Il a ajouté : « Ce n'est pas normal que notre réseau soit géré par des syndicats plutôt que par des gestionnaires », alors que le désaccord fondamental dans la bataille actuelle porte précisément sur quels intérêts servent les gestionnaires ?

La question se pose pour toutes les Québécoises et tous les Québécois est comment tenir le gouvernement responsable et comment faire en sorte qu'il prenne ses responsabilités sociales pour ce qui est d'accroître les investissements dans la santé et l'éducation et arrêter la privatisation.


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Numéro 61 - 15 décembre 2023

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