Grèves du secteur public au Québec
Les grévistes ne font qu'un avec les besoins de la population du Québec en matière de services publics
Le 23 novembre 2023
Partout au Québec, les travailleuses et travailleurs des maisons d'éducation, des services de garde jusqu'au cégep, ainsi que celles et ceux oeuvrant en santé et dans les programmes sociaux ont fait la grève et tenu de grandes manifestations pour réclamer de meilleurs salaires et des conditions de travail convenables. Les pancartes exprimaient la conscience qu'ont les travailleurs et les nombreuses personnes venues les soutenir de l'immense contribution qu'ils apportent à la société. Beaucoup ont dénoncé le discours intéressé que tient le gouvernement Legault dans les médias sociaux et ailleurs. Beaucoup font remarquer entre autres que le gouvernement dépense des millions de dollars pour faire venir des équipes sportives américaines au Québec et des milliards pour payer des sociétés minières afin qu'elles extraient les minéraux du Québec pour servir l'industrie américaine des batteries, mais quand il s'agit de répondre aux demandes des travailleuses et travailleurs du secteur public, chaque dollar devient une dépense coûteuse et un pillage du trésor public.
Les journées de grève du 21 au 24 novembre à l'échelle du
Québec ont été l'expression de la conscience collective que la
construction d'un système public de soins et d'éducation repose
sur l'expertise et les demandes de celles et ceux qui les
dispensent chaque jour. Le 23 novembre, toutes les écoles
publiques et tous les cégeps ont été fermés et les travailleuses
et travailleurs de la santé se sont joints à la grève, tout en
respectant la Loi sur le maintien des services essentiels.
Il y a plus de 570 000 travailleuses et travailleurs du secteur
public en grève. Pendant la semaine, les membres de la
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) se
sont joints aux 420 000 travailleuses et travailleurs de la
santé, de l'éducation et des services sociaux regroupés dans le
Front commun, avec des lignes de piquetage sur leurs lieux de
travail et des rassemblements depuis le début de novembre. Il
s'agit d'un mouvement national de défense des services publics
et de soutien aux revendications des travailleuses et des
travailleurs qui les dispensent.
Le 20 novembre, la présidente du Conseil du trésor du Québec, Sonia LeBel, qui est également ministre responsable de l'Administration gouvernementale, a confirmé une fois de plus à l'émission Le Bilan de LCN que l'objectif le plus important du gouvernement dans cette négociation est d'amener les syndicats à accepter une flexibilité dans l'organisation du travail. En d'autres termes, le gouvernement veut avoir les coudées franches pour dicter les tâches et les conditions de travail des enseignants et de leurs collègues dans les établissements d'enseignement, ainsi que dans les services de santé et les programmes sociaux. Elle a montré une fois de plus le profond mépris du gouvernement pour les organisations syndicales et les travailleurs eux-mêmes qui, selon lui, sont des obstacles à la résolution des problèmes.
Par exemple, s'il y a une pénurie d'enseignants ou d'infirmières, ce n'est pas à cause des conditions de travail, mais parce que les syndicats n'abandonnent pas leurs droits sur la façon dont les tâches sont affectées. Le gouvernement veut se débarrasser de toutes les contraintes l'empêchant de faire ce qu'il veut des ressources humaines et financières du secteur public, sans tenir compte du facteur humain. Les travailleurs sont aussi conscients que cette volonté de centralisation des pouvoirs entre les mains des ministres est ce qui est au coeur des projets de loi 15 et 23 en santé et en éducation.
Les travailleuses et travailleurs de la santé, de l'éducation et du secteur social sont considérés comme des choses jetables que l'on déplace au gré des intérêts privés à qui le gouvernement a remis le pouvoir de décision dans ces secteurs. Il est bien connu que ce sont précisément les nombreux décrets, les compressions et les détournements d'argent vers le secteur privé qui ont créé les conditions intenables que l'on connaît aujourd'hui. Le refus des travailleuses et travailleurs du secteur public de se soumettre à une organisation du travail qui sert de plus en plus les intérêts privés est définitivement ce qui protège la notion d'un système de santé et d'éducation au service du peuple, qui a pour point de départ de répondre aux nombreux besoins de l'ensemble de la population. C'est aussi pourquoi la vaste majorité de la population soutient ceux qui défendent leurs droits dans ces secteurs, malgré les tentatives du gouvernement de les monter les uns contre les autres et malgré tout le bouleversement que leur cause la fermeture des écoles, des garderies et des établissements de santé.
La grève des enseignantes et enseignants, qui a débuté le 23 novembre, touche près de 40 % des écoles du Québec. Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), rappelle que la dernière grève générale illimitée des enseignants remonte à 1983, « mais ce qui est différent de ce qui s'est passé il y a 40 ans, c'est que cette fois-ci, les profs se battent pour la survie des services publics [...] parce qu'ils croient que les services aux élèves se sont dégradés à un point tel qu'il n'y a pas d'autres solutions pour faire changer les choses. ».
Le gouvernement du Québec a la responsabilité d'offrir des conditions de travail que celles et ceux qui fournissent des services publics à la population considèrent comme adéquates.
De nouvelles journées de grève sont annoncées
Le 28 novembre, le Front commun a annoncé une nouvelle série de
journées de grève du 8 au 14 décembre. Le lendemain, la
Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ)
informait la population que ses membres exerceraient leur droit
de grève du 11 au 14 décembre.
Cet article a été publié dans
Numéro 60 - 4 décembre 2023
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