Haïti : Une autre manoeuvre d'invasion des États-Unis

– A.T. Freeman –

Prenant la parole lors de la 78e session de l'Assemblée générale des Nations unies le 19 septembre, le président Joe Biden a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'autoriser immédiatement l'invasion que les États-Unis préparent en Haïti. Cette demande faite par Biden depuis la tribune de l'ONU souligne à quel point les États-Unis sont déterminés à lancer leur invasion et démontre que l'occupation d'Haïti et le pillage de ses ressources, y compris ses gisements de terres rares et d'iridium, sont de la plus haute importance pour les entreprises américaines et le gouvernement américain qui les représente.

Depuis décembre 1914, lorsque les marines américains ont envahi Haïti et littéralement volé ses réserves d'or à la banque nationale, jusqu'en 2004 lorsqu'ils ont kidnappé le président élu Jean-Bertrand Aristide et en 2010 lorsqu'ils ont à nouveau envoyé leurs troupes en Haïti à la suite du tremblement de terre, les États-Unis n'ont pas laissé Haïti en paix, avec des invasions à répétition.

L'invasion que préparent actuellement les États-Unis et l'ONU n'est pas différente. Malgré la propagande mensongère diffusée par les États-Unis et leurs médias, qui prétend que l'invasion est destinée à bénéficier au peuple haïtien en s'attaquant au problème des gangs criminels dans ce pays, les vrais motifs sont on ne peut plus clairs. Les États-Unis veulent envahir Haïti pour consolider le gouvernement d'Ariel Henry qu'ils ont mis en place avec leur Core Group et qui est totalement rejeté par le peuple haïtien.

L'objectif est de stabiliser ce gouvernement, qui facilite le pillage du pays par les États-Unis, en supprimant l'opposition du peuple haïtien. La soi-disant mission de sécurité nécessite donc l'effusion du sang du peuple haïtien pour servir les intérêts des entreprises américaines. La justification donnée, à savoir que le peuple haïtien est un « enfant sans défense » qui doit être sauvé des gangs criminels par un « sauveur blanc » sous la forme des États-Unis et de l'ONU, révèle la nature profondément raciste de toute cette affaire.

Face à cette situation et conscients du fait qu'une nouvelle invasion d'Haïti les exposerait complètement, en particulier à la lumière de leurs critiques incessantes de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, les décideurs politiques américains ont décidé qu'ils avaient besoin de gouvernements noirs pour mener l'invasion à leur place. Cela démontre une fois de plus la nature profondément raciste de ce projet, puisque la seule intention est d'utiliser ces visages noirs dans le but de détourner les critiques sur la nature raciste de l'invasion.

Pendant près d'un an, les diplomates américains ont cherché par tous les moyens un gouvernement noir pour faire le sale boulot, exerçant une pression intense sur les gouvernements de l'Union africaine (UA) et de la Communauté caribéenne (CARICOM) . Finalement, William Ruto, président du Kenya, a proposé son gouvernement pour ce rôle. La trahison de Ruto est d'autant plus choquante qu'il vient d'un pays qui a donné au monde Dedan Kimathi et son héroïque armée pour la terre et la liberté (appelée Mau Mau par les Britanniques) qui, les armes à la main, a affronté les colonialistes britanniques dans la lutte pour l'indépendance du Kenya. Aujourd'hui, Ruto traîne le nom du Kenya dans la boue en envoyant les troupes de ce pays réprimer le peuple haïtien qui, lui aussi, a dû conquérir sa liberté en prenant les armes contre ses asservisseurs européens. Il ne fait aucun doute que le peuple kenyan demandera des comptes à ce traître.


Le secrétaire à la Défense des États-Unis, Lloyd Austin, signe un pacte de défense avec son homologue kenyan, Aden Duale, secrétaire du cabinet du ministère de la Défense.

La joie des États-Unis face à la décision de William Ruto a été immédiatement évidente. Le président Biden l'a publiquement remercié à la tribune des Nations unies. Les États-Unis ont ensuite annoncé qu'ils financeraient l'invasion et qu'ils réservaient un budget de 100 millions de dollars américains à cet effet. Ils ont également annoncé qu'ils formeraient les troupes kenyanes et, le 25 septembre, ils ont dépêché leur secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, à Nairobi, où il a signé un accord bilatéral de coopération en matière de défense avec le Kenya. Ce qui n'est pas encore du domaine public, c'est l'argent qui a circulé dans l'ombre pour que les troupes kenyanes puissent être envoyées en Haïti pour verser le sang de leurs frères et soeurs.

La trahison ne s'arrête pas à William Ruto. Le 27 septembre, les médias locaux ont rapporté que le gouvernement de la Barbade, dirigé par la première ministre Mia Mottley, prendrait également part à l'attaque planifiée des États-Unis et de l'ONU contre Haïti. Mme Mottley s'est présentée comme une critique virulente de l'ordre international injuste et une défenseure des petits États insulaires en développement, des Caraïbes et de l'Afrique. La décision de son gouvernement de prendre part à cette attaque raciste organisée par les États-Unis contre Haïti, probablement coordonnée par le SouthCom de l'armée américaine et son système de sécurité régionale basé à la Barbade, montre que ces affirmations ne sont qu'une supercherie.

Rien ne justifie que les États-Unis lancent une nouvelle attaque raciste contre Haïti et tout le monde devrait la condamner et s'y opposer.

Non à l'invasion d'Haïti par les États-Unis et l'ONU !
Ne touchez pas à Haïti !

(27 septembre 2023. Traduit de l'anglais par LML)


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Numéro 56 - 2 octobre 2023

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