Ne touchez pas à Haïti !
Non au déploiement d'une force armée internationale en Haïti !
Aujourd'hui, le 2 octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies votera une résolution préparée par les États-Unis autorisant le déploiement d'une force armée internationale en Haïti pour un an. Alors que les Haïtiens sont massivement opposés à toute intervention étrangère en Haïti sous quelque prétexte que ce soit, les États-Unis persistent dans leur objectif de maintenir leur contrôle sur Haïti en instiguant la violence de bandes armées pour brutaliser et diviser la population, promouvoir des élections bidon, maintenir une main-d'oeuvre de misère et bien plus encore. Depuis des mois, avec le soutien actif du Canada, les États-Unis déploient leur arsenal, distribuent les pots-de-vin, les menaces, les subventions et la désinformation dans leurs efforts pour trouver un pays qui pourrait être persuadé d'intégrer les forces armées qui interviendraient en Haïti, et c'est maintenant le Kenya qui se porte volontaire.
Une « délégation de sécurité » kenyane s'est rendue en Haïti du 20 au 23 août dans le cadre d'une soi-disant mission d'évaluation destinée à préparer le terrain pour que le Kenya dirige une force interventionniste étrangère contre Haïti à la demande des États-Unis et du « Core Group »[1].
La résolution présentée au Conseil de sécurité stipule que la mission a pour but d'aider Haïti à endiguer la flambée de violence des gangs et à renforcer les capacités de la police nationale haïtienne (PNH), une organisation notoirement corrompue. Elle précise que la force serait extérieure aux Nations unies et financée par des contributions volontaires. Étant donné que la police kenyane a été formée à l'origine par la police politique britannique pour réprimer les insurrections anticoloniales du peuple kenyan et sa quête de démocratie, l'autorité que représente cette force interventionniste est un sujet de grave préoccupation. Les critiques de la proposition de faire de la police kenyane une force d'intervention en Haïti notent que la police de ce pays d'Afrique de l'Est est depuis longtemps accusée de recourir à la torture, à la force meurtrière et à d'autres violences. Dans l'état actuel des choses, les États-Unis s'engagent à verser 100 millions de dollars pour soutenir la force multinationale proposée par le Kenya en Haïti. La résolution autoriserait la force pour une durée d'un an, avec un réexamen au bout de neuf mois.
La résolution stipule que la force aiderait à sécuriser « les sites d'infrastructures critiques et les lieux de transit tels que l'aéroport, les ports et les principaux carrefours ». Cela ressemble à un double langage pour masquer qu'il s'agit d'opérations qui favorisent les intérêts des États-Unis. L'adoption par le Conseil de sécurité autoriserait la force à « adopter des mesures temporaires urgentes à titre exceptionnel » pour « prévenir les pertes en vies humaines et aider la police à maintenir la sécurité publique ».
Compte tenu de l'expérience du peuple haïtien lors des précédentes missions de l'ONU et des programmes de formation lancés par le Canada à l'intention des forces de police en Haïti, la résolution souligne que tous les participants à la mission proposée doivent prendre les mesures nécessaires pour prévenir l'exploitation et les violences sexuelles et placer l'ensemble du personnel sous surveillance. Elle exige également que toute allégation de mauvaise conduite fasse l'objet d'une enquête rapide.
Tout ceci n'est qu'une mise en scène honteuse pour déployer une force internationale chargée de mater la résistance du peuple haïtien et de maintenir le pouvoir des oligarques haïtiens, actuellement dirigé par le régime illégitime d'Ariel Henry, au nom d'intérêts privés étroits basés aux États-Unis, au Canada, en France et ailleurs.
Ne touchez pas à Haïti !
Canada, États-Unis, France, Kenya, Core Group et toute autre
force étrangère, hors d'Haïti !
Note
1. Le Core Group est une organisation intergouvernementale informelle composée d'ambassadeurs des Nations unies, du Brésil, du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Union européenne, des États-Unis et de l'Organisation des États américains (OÉA). Malgré le fait que le droit international et la Convention de Vienne interdisent aux ambassades étrangères de s'immiscer dans les affaires internationales des États souverains, le « Core Group » se réunit souvent pour réprimer la lutte du peuple haïtien pour la paix, la liberté et la démocratie. Les origines du Core Group remontent à la réunion de l'« Initiative d'Ottawa sur Haïti » de 2003, au cours de laquelle des représentants des États-Unis, de la France, de l'OÉA et du Canada ont décidé de déposer le président Aristide et d'installer par la suite une force d'occupation des Nations unies. Selon leur propre initiative, elle a été officiellement créée par le Conseil de sécurité des Nations unies après que les troupes américaines, françaises et canadiennes eurent renversé le gouvernement élu d'Haïti en 2004. Elle se présente comme une organisation « procurant des conseils » sur la manière de résoudre les « crises socio-économiques et politiques » d'Haïti et d'« améliorer la démocratie dans le pays ».
Cet article a été publié dans
Numéro 56 - 2 octobre 2023
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