Exigeons du gouvernement qu'il assume ses responsabilités sociales et négocie de bonne foi

– Pierre Soublière –


Manifestation du Front commun à l'extérieur de la rencontre du caucus de la CAQ, à Jonquière, le 8 septembre 2023

Le gouvernement du Québec se targue d'être une société basée sur la primauté du droit. Or, il existe des lois sur les relations de travail qui prévoient une place pour la négociation et qui stipulent que les parties « doivent négocier de bonne foi et sans délai injustifié ». Elles prévoient aussi le recours à la grève — « la cessation concertée de travail par un groupe de salariés » — comme moyen de pression « pour amener l'autre partie à modifier sa position au regard de la négociation d'une convention collective ».

Or, le 8 septembre, le premier ministre du Québec faisait une sortie dans le cadre d'un caucus de la CAQ, propageant de la désinformation pure et simple sur les revendications et les solutions mises de l'avant par les travailleuses et travailleurs du Front commun, et plus spécifiquement dans le secteur de la santé. Il a dit qu'il ne voulait pas négocier sur la place publique, mais, en fait, tout comme il refuse de le faire aux tables de négociation, il a plutôt servi un ultimatum, disant vouloir « la collaboration des syndicats » et qu'il y ait « le moins de perturbations possibles cet automne ».

Le premier ministre a, à nouveau, tenté d'opposer les « Québécois » aux travailleuses et travailleurs de la santé en disant qu'il gère l'argent des « Québécois » et qu'il n'est pas question d'augmenter les impôts ou les taxes des « Québécois ». Ainsi, il laisse entendre que répondre aux besoins des travailleurs et de la population n'est pas possible et que le faire irait à l'encontre de la population elle-même — les soi-disant « Québécois » qui seraient si chers au premier ministre — même si la réalité est tout le contraire : l'amélioration des conditions de travail et la mise en oeuvre des solutions mises de l'avant par les travailleuses et travailleurs du secteur public par le biais de leurs syndicats ne peuvent qu'avoir comme conséquence d'améliorer les soins de santé dont bénéficiera toute la population.

Refuser de négocier de bonne foi, en particulier avec les travailleuses et travailleurs qui dispensent des soins aussi essentiels à la société, est socialement irresponsable et inacceptable. Agir ainsi rappelle toujours cette fameuse phrase de Jean Lesage : « La reine ne négocie pas avec ses sujets. » C'est tout un aveu de qui est vraiment représenté dans le système de représentation actuel. Reine ou pas, en vertu de ses propres lois, le gouvernement en tant qu'employeur doit négocier de bonne foi.

Rappelons que la Fédération interprofessionnelle de la Santé (FIQ) a déposé une plainte auprès du Bureau international du Travail contre le temps supplémentaire obligatoire pour que cesse cette pratique de gestion discriminatoire envers les professionnelles en soins, majoritairement des femmes, et qui porte atteinte à leur santé, à leur sécurité et à leur dignité. C'est aux travailleuses elles-mêmes de déterminer ce qui porte atteinte à leur dignité et à leur intégrité physique et mentale. C'est carrément une question de droits humains, tout comme c'est une responsabilité sociale de mettre fin à l'anarchie qui règne dans les services publics. En ce sens, comme le dit le mot d'ordre de la FIQ, « Y a des limites », et assumer nos responsabilités sociales, c'est veiller à ce que le gouvernement ne puisse indéfiniment porter atteinte à ces droits humains tout en bafouant ses propres règles du jeu.

(Photo : CSN)


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Numéro 52 - 22 septembre 2023

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