Information sur la production de sel dans les Amériques
La production du sel aux Îles-de-la-Madeleine
Mine de sel Seleine aux Îles-de-la-Madeleine
Empower Yourself Now s'est entretenu avec des
travailleurs de la mine Seleine aux Îles-de-la-Madeleine, au
Québec. Ces travailleurs ont suivi de près la grève des mineurs
de sel et des travailleurs de Windsor, en Ontario, et ont
exprimé leur soutien. EYN donne un aperçu de ce qu'ils ont dit
au sujet des mines Seleine, des Îles-de-la-Madeleine et de leur
économie.
La mine Seleine
La mine de sel de gemme aux Îles-de-la-Madeleine située au coeur du golfe du Saint-Laurent est connue sous le nom de mine Seleine. Le chlorure de sodium de cette mine est pur à 95 % et il s'agit de la seule mine de sel au Québec, produisant tout le sel de voirie pour la province. La mine Seleine fournit aussi du sel de voirie à d'autres régions des maritimes telles que Terre-Neuve, ainsi que la côte est des États-Unis et la France. Sept gisements de sel ont été trouvés sur les Îles-de-la-Madeleine par la Société québécoise d'exploration minière en 1972. Ces gisements portent le nom de dômes de sel puisqu'ils sont très proches de la surface. Des sept gisements, celui qui est le plus près de la surface est situé à Grosse Île, où se trouve la mine Seleine, quelque 30 mètres sous la terre. Cette mine génère près de 15 millions de dollars par année pour les îles.
La mine Seleine a ouvert en 1982 grâce à un investissement gouvernemental de 125 millions de dollars. Elle a été vendue en 1988 à la Canadian Salt Company (Sel Windsor) pour la somme de 35 millions[1]. Une des conditions de cette vente était que le siège de Sel Windsor devait déménager de Toronto au Québec. Elle a ensuite été acquise par le conglomérat minier européen K+S Americas, qui l'a intégrée au monopole Morton Salt. En 2021, Morton Salt a été acheté par Stone Canyon Industries Holdings Inc. (SCIH). Depuis que SCIH a acheté la mine Seleine, quatre travailleurs ont été congédiés et le directeur de la mine a été remplacé.
La mine emploie près de 200 travailleurs à la production ainsi que des ingénieurs et techniciens de laboratoire. Ils produisent plus de 1 300 000 tonnes métriques de sel de gemme par année. La mine fonctionne avec deux quarts horaires sur une période de 24 heures : un quart de jour de 8 h à 18 h et un quart de nuit de 20 h à 6 h. Les deux heures au bout de chacun de ces quarts sont réservées au dynamitage. La convention collective actuelle des travailleurs de la mine Seleine arrive à échéance à l'automne 2024 et les travailleurs, qui sont membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Mines Seleine de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), suivent de près les développements à Windsor, en Ontario, afin de se préparer aux batailles qui les attendent.
Une de leurs principales préoccupations est l'érosion de leurs salaires due aux taux d'inflation élevé. Les travailleurs du sel à Windsor ont une clause du coût de la vie dans leur convention collective actuelle qui fait en sorte que leurs salaires augmentent au rythme du coût de la vie. Il n'y a pas de telle clause dans la convention collective des travailleurs à la mine Seleine, mais c'est une mesure que ceux-ci aimeraient bien avoir face aux conditions qu'ils vivent. Ils rappellent que l'entreprise peine à retenir son personnel en raison des longues heures qui empêchent les jeunes travailleurs de passer du temps avec leur famille.
En août 2020, avant son acquisition par SCIH, avec l'appui financier du gouvernement du Québec, Sel Windsor a formé un partenariat avec Canada Steamship Lines (CSL) pour commander un nouveau navire diesel-électrique avec une capacité d'auto-chargement de pointe, le MV Nukumi. Selon CSL, le navire a été conçu pour « répondre aux besoins de Sel Windsor de livrer du sel de déglaçage à partir de Mines Seleine aux Îles-de-la-Madeleine aux réserves à Montréal, à la ville de Québec et à d'autres destinations au Québec et à Terre-Neuve ».
Le nouveau navire est entré en service en mai 2022.
L'automatisation a réduit le temps de chargement et le nombre de
travailleurs requis pour charger le sel de la mine — des
capteurs et des machines sont utilisés pour charger uniformément
le navire au lieu de devoir déplacer le navire pendant le
chargement pour répartir la charge. Les travailleurs qui
s'occupent du chargement des bateaux sont à contrat. Le nouveau
navire est aussi plus rapide que les autres avant lui, peut
naviguer dans des eaux moins profondes et se dirige plus
facilement, ce qui lui permet de naviguer sur des eaux que les
navires avant lui ne pouvaient pas. Il émet moins d'émissions de
carbone en raison de son moteur diesel-électrique.
Les Îles-de-la-Madeleine et leur économie
Les Îles-de-la-Madeleine sont un archipel du golfe du Saint-Laurent qui fait partie du district d'Epegwitg aq Pigtug de la Mi'kma'ki (la nation mi'kmaq), qui les appelle Menagoesenog, ce qui signifie « les îles balayées par les vagues ». L'archipel compte sept îles habitées, dont six sont reliées par une route principale, qui s'étend sur une distance approximative de 85 kilomètres le long de la route 199. La septième île, l'Île d'Entrée, n'est plus habitée et n'est accessible que par bateau.
Les Îles-de-la-Madeleine font partie du Québec, bien qu'elles soient beaucoup plus proches des provinces maritimes et de Terre-Neuve-et-Labrador que de la péninsule gaspésienne. Elles sont situées à 700 kilomètres du Québec continental et à environ 150 kilomètres de l'Île-du-Prince-Édouard. Les Îles-de-la-Madeleine sont accessibles par avion à partir de différents points de départ jusqu'à la Dune-du-Sud ou par traversier du port de Souris à l'Île-du-Prince-Édouard, jusqu'à Cap-aux-Meules. Le voyage en traversier dure environ cinq heures.
Historiquement, les Mi'kmaq se rendaient dans l'archipel de
façon saisonnière pour y pêcher. Les îles deviendront un refuge
pour les Acadiens lors de la Grande Déportation (1755-1764)
menée par les Britanniques, qui cherchaient à éliminer
l'opposition à leur occupation de l'Acadie, peu après la prise
du fort Beauséjour lors de la Guerre de sept ans. Les habitants
des Îles-de-la-Madeleine, dont 85 % s'identifient encore
aujourd'hui comme Acadiens, sont connus sous le nom de
Madelinots.
Économie des Îles-de-la-Madeleine
La population totale des Îles-de-la-Madeleine est d'environ 15 000 personnes. L'industrie principale est la pêche aux poissons et aux crustacés, principalement le homard et le crabe des neiges. Cette industrie rapporte environ 80 millions de dollars par an à l'archipel et les marchés comprennent le Canada et le Québec. Les pêcheries emploient environ 2 000 pêcheurs, aides-pêcheurs et ouvriers d'usine. Au Québec, c'est aux Îles-de-la-Madeleine que l'on retrouve la plus grande concentration de jeunes pêcheurs. Pour les Madelinots, la pêche est un mode de vie qui se transmet de génération en génération.
La deuxième industrie en importance pour l'économie locale des Îles-de-la-Madeleine est le tourisme. Cette industrie génère environ 50 millions de dollars par année et compte 1 400 emplois directs, indirects et saisonniers, pour la plupart à temps plein. Cette industrie s'est développée depuis les années 1960 et compte aujourd'hui un peu plus de 200 entreprises touristiques. Aujourd'hui, 90 % des visiteurs viennent aux Îles-de-la-Madeleine en juillet et en août, et la saison touristique annuelle s'étend de juin à septembre.
Un autre employeur important des îles est le secteur des services sociaux. Ce secteur représente environ 1 800 emplois dans les services gouvernementaux, l'éducation et les soins de santé. C'est à Cap-aux-Meules que l'on retrouve la plus grande concentration de population de tout l'archipel des Îles-de-la-Madeleine et c'est sur cette île que l'on retrouve un hôpital, des écoles, dont un cégep, et une centrale thermique qui produit la grande majorité de l'électricité des Îles.
Note
1. « Les débuts de l'exploitation de sel aux Îles-de-la-Madeleine », Radio Canada, 15 août 2017
Cet article a été publié dans
Numéro 38 - 24 juillet 2023
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