La réponse des représentants gouvernementaux

Prince Support, 3 juillet 2023

La réponse du gouvernement et des représentants des partis a été de réitérer le point de vue de l'employeur et des entreprises que la grève causera de graves dommages à l'économie et à la chaîne d'approvisionnement des marchandises. Ils semblent s'entendre pour tenter de détruire, par l'intermédiaire des médias de masse, toute opinion publique reflétant l'appui de Canadiens aux droits et à la juste cause des travailleurs portuaires. Les représentants du gouvernement et les dirigeants des grandes entreprises ont l'intention de préparer le terrain pour utiliser les pouvoirs de police afin de mettre fin à la grève sans parvenir à un accord qui convienne aux travailleurs portuaires.

Aucun représentant du gouvernement fédéral de la coalition libérale/NPD ni le NPD de la Colombie-Britannique au pouvoir ne se sont exprimés pour soutenir les travailleurs portuaires dans leur lutte contre leurs employeurs. Aucun représentant d'aucun parti au parlement ou à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique n'a fait part des revendications et des préoccupations des membres du syndicat qui font face à une détérioration de leurs conditions de travail et à l'inflation des prix et qui, plutôt que d'une amélioration de leurs conditions, se font imposer des concessions. Aucun membre élu d'aucun parti ne s'est fait un devoir de faire connaître le contexte de la lutte, qui comprend les demandes de concessions de l'employeur, des concessions qui affecteraient la sécurité d'emploi, affaibliraient le syndicat et causeraient des difficultés dans la vie des travailleurs portuaires.

Emploi et Développement social Canada a émis une déclaration au nom du ministre du Travail, Seamus O'Regan, et du ministre des Transports, Omar Alghabra, qui met l'accent sur l'urgence de ne pas perturber les chaînes d'approvisionnement. Selon la logique de leur argument, une grève perturbe les chaînes d'approvisionnement et il faut donc y mettre fin, de préférence par le biais de négociations, mais ils n'ont rien à dire sur le traitement méprisable des travailleurs qui assurent la circulation des biens et des services dans les ports et les systèmes de transport. Ils disent :

[...]

« Nous soutenons le processus de négociation collective, parce que les meilleures ententes sont conclues à la table de négociation. C'est notre objectif.

« Nous incitons fortement les parties à retourner à la table et à parvenir à une entente. C'est ce qui compte le plus à l'heure actuelle.

« Tout le monde – l'employeur, le syndicat, les médiateurs, le gouvernement – comprend l'urgence et l'enjeu pour les Canadiens et nos chaînes d'approvisionnement. Les parties sont responsables du transport des biens, à l'échelle nationale et internationale, et les industries ainsi que les consommateurs ressentiraient les effets d'un arrêt de travail.

« Des médiateurs d'expérience du Service fédéral de médiation et de conciliation collaborent avec les parties et continueront d'appuyer les négociations jusqu'à ce qu'une entente soit conclue. »

Pour sa part, le premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique, David Eby, a refusé de se prononcer sur les revendications des travailleurs et sur leur lutte contre les concessions. Au lieu de cela, il a réitéré l'inquiétude du gouvernement fédéral et de la grande entreprise quant aux dommages qu'une grève pourrait causer à l'économie et à la chaîne d'approvisionnement.

La question n'est pas de savoir si une grève nuit ou non à l'économie. Il est évident qu'une interruption du travail réduit la production de valeur nouvelle. Le problème n'est pas seulement que les rapports de production actuels ne laissent guère d'autre choix aux travailleurs que de se défendre en retirant leur force de travail de temps à autre, mais aussi qu'on assiste à une offensive antisociale pour supprimer les protections contre la sous-traitance au nom de la sécurité de la chaîne d'approvisionnement, ce qui est inacceptable dans un cas comme dans l'autre. Les employeurs ne peuvent pas être autorisés à contrôler unilatéralement, avec un pouvoir dictatorial, les moyens matériels de production. Le problème des rapports de production dépassés doit être résolu en faveur des travailleurs afin que les décisions qui affectent leurs salaires et leurs conditions de travail ne leur portent pas préjudice, à eux ou à la société. La demande de concessions de la part des employeurs et leur refus de négocier au lieu de dicter leur conduite nuisent à la fois aux travailleurs et à la société, quels que soient les arguments intéressés avancés par les gouvernements, les porte-parole des partis du cartel et les médias détenus par les monopoles.

Lors d'une conférence de presse, le premier ministre de la Colombie-Britannique David Eby s'est dit « profondément inquiet de l'impact potentiel d'une grève dans nos ports ». À l'instar de la grande entreprise, il a repris l'affirmation anti-ouvrière que les revendications et les actions de la classe ouvrière sont des causes de l'inflation des prix et « perturbent la chaîne d'approvisionnement ».

Les déclarations du premier ministre Eby déplorant les dommages causés à l'économie et le manque de soutien de son gouvernement aux travailleurs portuaires visent à isoler les travailleurs et à mobiliser l'opinion publique contre la grève et les justes revendications des travailleurs portuaires. Or, le soutien que les travailleurs ont déjà reçu de la part des travailleurs portuaires, maritimes et des transports du monde entier montre où se trouve la cause de la justice. Si le gouvernement fédéral utilise ses pouvoirs de police pour mettre fin à la grève en faveur des employeurs, l'avenir des chaînes d'approvisionnement en souffrira. Le travail organisé est le plus stable qui soit dans le monde. Le transformer en une main-d' uvre désorganisée, avec de mauvaises conditions de travail, de mauvaises normes de sécurité et de mauvais salaires, c'est menacer la sécurité des chaînes d'approvisionnement. L'opportunisme de saisir tout occasion pour un profit rapide n'est pas bon pour la stabilité de l'économie et des chaînes d'approvisionnement.

Défendons les travailleurs portuaires en grève ! Ce qui est bon pour eux est bon pour nous tous.

Défendons la dignité du travail !


Vancouver, 3 juillet 2023


Terminaux Neptune (à gauche) et piquetage marin du port Delta


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Numéro 34 - 5 juillet 2023

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