La grève à Sel Windsor entre dans sa 17e semaine

Les travailleurs sont confrontés à une campagne de désinformation

Alors que la grève à Sel Windsor entre dans sa 17e semaine, la nouvelle de la grève et de son importance se répand. L'entreprise, les gouvernements et les médias font de leur mieux pour désinformer tout le monde sur ce qui est en jeu. Ils tentent de présenter la résistance des travailleurs aux attaques contre leurs droits comme un obstacle aux négociations, alors que tout le monde sait que c'est l'entreprise qui n'engage pas de négociations et qui veut simplement que les travailleurs acceptent son diktat en les menaçant d'un scénario dans lequel la seule alternative serait de rester en grève pour toujours.

À ce jour, aucun média autre que Empower Yourself Now et Forum ouvrier n'explique ce qui se passe. L'entreprise a publié une déclaration concernant une agression présumée, qu'elle a utilisée pour expliquer qu'elle était la victime dans cette affaire et qu'elle ne veut rien d'autre qu'une entente qui soit juste. Mais les faits montrent son vrai visage. Les travailleurs rapportent que les négociations sont désormais menées avec le syndicat par courrier électronique, l'entreprise ayant rompu les négociations en face-à-face à la fin du mois d'avril. Le syndicat envoie des courriels et l'avocat de l'entreprise répond plusieurs jours plus tard par courrier électronique. Cela montre que l'entreprise pense pouvoir faire ce qu'elle veut. En fait, elle révèle au grand jour son arrogance et son manque de respect pour ses employés, leur syndicat et toute la ville de Windsor.

Pourquoi les gouvernements du Canada et de l'Ontario n'exigent-ils pas que l'entreprise s'explique sur ces questions ? Radio-Canada s'est jointe à la chorale qui répète que les travailleurs du sel n'ont pas beaucoup d'avenir s'ils n'acceptent pas les conditions fixées.

Le 30 mai, CBC News a publié un article à l'occasion du 101e jour de grève[1], intitulé « Workers feeling the pinch as Windsor Salt strike stretches on » (Les travailleurs ressentent les effets de la grève à Sel Windsor). Sous l'apparence d'un reportage, l'article indique à quel point la grève est difficile financièrement, comme si personne ne le savait ! Il insinue ensuite que la résistance des travailleurs est responsable du manque à gagner de l'autorité portuaire de Windsor. Citant un piquet de grève que les travailleurs ont dressé et qui a empêché une cargaison de sel de quitter le port pendant une courte période, CBC News affirme que c'est la raison pour laquelle l'autorité portuaire a décidé « de ne pas essayer de faire venir d'autres navires parce que c'était trop dangereux ». Il s'agit d'une tentative à peine voilée d'isoler les travailleurs et de les rendre responsables des difficultés financières d'autres travailleurs, qu'il s'agisse de ceux du port ou des industries qui dépendent du transport maritime pour l'acheminement des marchandises qu'elles produisent ou des matériaux dont elles ont besoin.

CBC Windsor pourrait certainement contribuer à alléger la pression sur les travailleurs en recherchant la vérité à partir des faits et en faisant preuve d'intégrité, au lieu de se livrer à une campagne de propagande essentiellement anti-ouvrière.

Pendant ce temps, tous les partis parlent sans cesse de la panacée que représente la création de nouveaux emplois grâce au boom de l'énergie verte financé par les deniers publics. Le 1er juin, le premier ministre Doug Ford est venu à Windsor-Essex pour faire des annonces concernant l'élargissement des autoroutes et la formation à des métiers spécialisés pour les élèves du secondaire, le tout dans le contexte des négociations en cours entre les gouvernements de l'Ontario et du Canada et Stellantis. Dans ces négociations, les deux niveaux de gouvernement rivalisent pour savoir combien d'argent chacun donnera encore à Stellantis pour qu'elle poursuive son projet de construire une usine de fabrication de batteries à Windsor. Après l'annonce de subventions gouvernementales à Volkswagen à Saint-Thomas, Stellantis a interrompu la construction à Windsor jusqu'à ce qu'elle obtienne des sommes équivalentes.

À Kingsville, en Ontario, Doug Ford a demandé que tous les niveaux de gouvernement « s'unissent pour protéger des dizaines de milliers d'emplois ». Il a fait l'éloge du syndicat des charpentiers et de l'Union internationale des travailleurs d'Amérique du Nord (LiUNA) pour la formation des jeunes aux métiers spécialisés et pour son « excellent partenariat » avec la section locale 444 d'Unifor. En revanche, lorsqu'il s'agit des 250 travailleurs et membres des sections 1959 et 240 d'Unifor, qui défendent leurs emplois contre l'assaut antisyndical d'une société holding étrangère, le premier ministre de l'Ontario n'a rien à dire. Il ne s'est pas rendu sur les piquets de grève et aucun média ne lui a demandé pourquoi il ne soutenait pas également les travailleurs du sel.

Le gouvernement Ford ne cherche qu'à prétendre que les subventions publiques pour l'extraction de minéraux critiques et la fabrication de batteries profiteront aux travailleurs de l'Ontario, alors que les mineurs de sel, qui sont également engagés dans l'extraction et le traitement d'un minéral critique, ne comptent pour rien.

Les tentatives d'isoler les travailleurs du sel, de leur reprocher de ne pas avoir fait ce qu'il fallait en se soumettant au diktat de la société américaine antisyndicale propriétaire de Sel Windsor et de diviser la communauté en incitant les gens à s'en prendre à eux ne marcheront pas. Les travailleurs de Windsor-Essex et la communauté de Windsor-Essex ne font qu'un. Ils dépendent les uns des autres et se défendent les uns les autres. CBC News et les autres qui misent sur l'échec des travailleurs doivent le comprendre.

Au grand dam de ceux qui souhaitent leur capitulation, les travailleurs disent clairement qu'ils se défendent, défendent la communauté et défendent le pays lui-même contre l'assaut brutal d'un holding américain qui s'acharne à attaquer ce que les travailleurs canadiens ont créé au fil des générations. En cela, ils bénéficient du soutien de leurs collègues partout dans le monde, car il s'agit d'un seul et même combat pour les droits de tous.

En ce début de la 17e semaine de grève, les travailleurs cherchent comment combattre collectivement cette campagne de désinformation. Empower Yourself Now est convaincu que c'est en luttant pour une cause juste que des solutions peuvent être trouvées.

Note

1. Pour l'article de CBC News, cliquez ici.

(Empower Yourself Now. Traduit de l'anglais par Forum ouvrier.)


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Numéro 30 - 12 juin 2023

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