La grève à Sel Windsor

Les travailleurs du sel renforcent leurs rangs pour s'opposer à l'antisyndicalisme

Empower Yourself Now informe que la grève à Sel Windsor, à Windsor, en Ontario, entre maintenant dans sa 15e semaine et tout indique que les négociations entre l'entreprise et les syndicats – les sections locales 1959 et 240 d'Unifor – ne progressent pas. Les propriétaires de Sel Windsor continuent d'aller et venir à leur guise pour montrer qu'ils sont aux commandes. Si leur message est que les travailleurs n'ont pas d'autre choix que d'accepter ce qu'ils demandent ou qu'ils peuvent tenir les piquets de grève jusqu'à la fin des temps, les travailleurs ne sont pas impressionnés. Dans une démonstration de force, l'entreprise fait entrer et sortir des camions de l'usine d'évaporation, mais les travailleurs sont informés de manière fiable que ces camions sont là pour les apparences. Ils ne transportent que peu ou pas de produits à l'intérieur ou à l'extérieur de l'usine.

Le 31 mai, la convention des travailleurs du sel américains de Morton Salt à Silver Springs, dans l'État de New York, expire. Les travailleurs du sel du Canada sont parfaitement conscients que l'entreprise pourrait utiliser cette situation pour menacer les travailleurs de s'entendre, sans quoi leurs homologues à d'autres usines feront beaucoup d'heures supplémentaires pour compenser l'interruption de la production dans l'une ou l'autre des deux usines. L'entreprise n'a pas retiré sa demande de soumettre les travailleurs à son droit de sous-traiter et de modifier le libellé de la convention afin d'affaiblir le syndicat des travailleurs.

Sel Windsor et Morton Salt appartiennent toutes deux à la société américaine Stone Canyon Industries Holdings Inc. L'avocat antisyndical de Morton Salt a démissionné ou a été licencié du célèbre cabinet d'avocats antisyndical Jackson Lewis au mois de mars, mais il a été engagé par Morton Salt pour s'occuper de la lutte antisyndicale « en interne ». À un moment donné, l'entreprise a prétendu qu'elle ne pouvait pas négocier pendant que l'entreprise était en train de former des cadres au sauvetage minier pour maintenir la production. Plus récemment, l'entreprise a déclaré qu'elle ne pouvait pas négocier pendant qu'elle enquêtait sur un incident présumé dans l'usine, dans lequel elle insinuait que les travailleurs étaient impliqués, offrant une récompense de 50 000 dollars pour toute information.

Depuis le début, le mode opératoire de l'entreprise et de son avocat consiste à utiliser n'importe quel prétexte pour intimider, faire pression et bluffer. Ils semblent penser que les travailleurs et/ou leur syndicat abandonneront leur résistance à leur tentative de briser le syndicat en recourant à la sous-traitance. Cela n'a pas encore fonctionné et plus les travailleurs acquièrent de l'expérience, plus ils deviennent immunisés contre les manigances de l'entreprise.

Les travailleurs ont directement constaté que le déploiement d'enquêteurs privés, engagés par on ne sait trop qui, pour « enquêter » sur une prétendue agression qui aurait eu lieu à la mine selon l'entreprise qui fait miroiter une récompense de 50 000 dollars pour toute information, était en fait un mécanisme destiné à intimider et à tester le moral de certains travailleurs. Les travailleurs signalent que, dans certains cas, lorsque les enquêteurs privés se sont rendus au domicile de certains d'entre eux et n'y ont trouvé personne, ils ne sont pas revenus pour poursuivre leur « enquête ». Dans d'autres cas, ils ont « rendu visite » à des travailleurs plus d'une fois, possiblement pour semer le doute sur leur intégrité ou les intimider. Les travailleurs sont conscients que, compte tenu des actions des enquêteurs privés, s'ils ont été en fait engagés par l'entreprise, soit directement ou indirectement par l'intermédiaire d'une autre partie, il s'agirait d'une activité antisyndicale pour briser la grève et d'inconduite dans un contexte de grève, ce qui est illégal. Ils savent également que l'entreprise n'a pas le droit de communiquer les adresses des travailleurs à une tierce partie dans le but de briser la grève. Une telle démarche viole les lois canadiennes sur la protection de la vie privée.

Des travailleurs ont communiqué avec les enquêteurs privés pour leur dire qu'ils devraient enquêter sur l'entreprise s'ils voulaient savoir ce qui s'était passé lors de l'incident présumé. Le plus souvent, les enquêteurs n'ont pas posé d'autres questions. Dans au moins un cas, lorsque les enquêteurs ont été invités à enquêter sur l'entreprise, ils ont déclaré que ce n'était pas la première fois qu'on leur disait cela ! Cela témoigne de l'unité des travailleurs qui rejettent les efforts de les faire passer pour des voyous dans le but de diviser leurs rangs et de saper la grève.

Les manigances mises en scène par l'entreprise seraient risibles si son approche et son objectif ne nuisaient pas à l'économie et aux travailleurs du Canada. Les travailleurs sont sans emploi depuis près de 100 jours, privés de leur salaire, alors que l'entreprise dépense des millions pour des agents de sécurité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en surveillance et pour payer des camions de transport vides et qu'il est estimé que plus d'une centaine de millions de dollars sont perdus dans la production. Tout cet argent est dépensé pour briser le syndicat au lieu d'accroître la production, selon l'autorisation qu'elle a reçue de la ville de Windsor, pour qu'il y ait plus de puits de saumure et un nouveau niveau à la mine de sel.

Les travailleurs informent que l'entreprise continue d'agrandir les puits de saumure et fait entrer les importants tuyaux d'acier nécessaires à ces travaux. Selon plusieurs travailleurs interrogés sur les piquets de grève, cela indique que l'entreprise souhaite augmenter sa production. Ils sont néanmoins convaincus que l'intention de l'entreprise n'a rien à voir avec la production de sel, mais qu'elle veut briser le syndicat pour pouvoir faire ce qu'elle veut. Les travailleurs soulignent également que comme les lois canadiennes sont biaisées pour servir les intérêts des riches, il est tout à fait possible que l'entreprise déduise les pertes dues à la grève afin de bénéficier de réductions d'impôt !

Les travailleurs du sel disent qu'ils en viennent à la conclusion que les gouvernements à tous les niveaux doivent être tenus responsables de leur silence qui encourage l'entreprise. Ils doivent également être poussés à intervenir pour limiter les activités destructrices de l'entreprise, plutôt que la capacité des travailleurs à mettre un terme aux activités de briseur de grève de l'entreprise.

Les discussions sur les piquets de grève sont très vivantes. En plus d'autres sujets de préoccupation, les travailleurs, les membres de la communauté et les travailleurs d'autres secteurs de l'économie discutent constamment de leurs conditions de travail et de la manière de faire face à l'offensive néolibérale antisociale. Dans le cas des travailleurs du sel, les discussions portent également sur la manière de défendre leurs intérêts jusqu'à leur retour au travail et après leur retour au travail. Ils disent qu'avant la grève, l'entreprise utilisait les heures supplémentaires pour éviter d'embaucher de nouveaux travailleurs. Peu avant la grève, lorsque les travailleurs ont senti que quelque chose se tramait, ils ont commencé à limiter les heures supplémentaires pour empêcher l'entreprise d'entreposer du sel qui pourrait être utilisé contre eux en cas de grève. Les travailleurs se rendent également compte que les heures supplémentaires sont devenues monnaie courante, surtout pendant la pandémie, alors qu'il s'agissait d'une situation d'urgence et que c'est inacceptable que cela devienne la nouvelle normalité. Ils disent qu'il faudrait embaucher davantage de travailleurs pouvant adhérer au syndicat dans tous les secteurs de l'économie, y compris l'éducation et la santé.

Les travailleurs du sel sont conscients que l'entreprise veut remédier à la pénurie de travailleurs non pas en embauchant davantage de travailleurs syndiqués, mais en recourant à la sous-traitance. L'entreprise se justifie en affirmant que les travailleurs n'ont pas les compétences suffisantes, qu'il n'y a pas assez de travailleurs « disponibles » ou que les travailleurs supplémentaires ne sont pas nécessaires une grande partie du temps et que cela ne justifie l'embauche de travailleurs à temps plein. Si l'entreprise n'arrive pas à imposer la sous-traitance, elle peut encore recourir à l'utilisation abusive des heures supplémentaires en pénalisant les travailleurs de diverses manières s'ils les refusent. Les travailleurs reconnaissent qu'il est important pour eux d'organiser la façon dont les heures supplémentaires sont effectuées afin qu'elles ne soient pas utilisées contre eux, au détriment de leurs familles ainsi que de leur santé et de leur sécurité. Comme tous les travailleurs, ils veulent des conditions de travail saines et stables qui développent l'emploi et contribuent à un environnement de travail plus sécuritaire pour tous.

Les discussions sur les lignes de piquetage et les expériences avec les enquêteurs privés montrent que les travailleurs sont convaincus que leur position pour défendre leur syndicat est la bonne. Cette conviction est renforcée par le refus de l'entreprise de les respecter, eux et leur travail, et de les traiter avec mépris, comme s'ils étaient jetables. Ils savent que leur sécurité réside dans la défense des droits de tous et de toutes, et non dans le fait de laisser les arrogants propriétaires américains de Sel Windsor dicter leur vie.

Forum ouvrier appelle tout le monde à renforcer son soutien aux travailleurs de Sel Windsor.


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Numéro 28 - 29 mai 2023

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