Opposition à la multiplication des attaques contre les droits des travailleurs et les programmes sociaux


Des travailleurs de la santé de l'Ontario participent à la marche du Premier Mai 2022 à Toronto.

À revoir l'expérience acquise par le mouvement ouvrier depuis le 1er mai dernier, il est clair que les attaques contre le droit à la santé, à l'éducation et aux programmes sociaux se multiplient partout au pays. Dans la foulée des lois antisociales adoptées en Ontario pour imposer des limites aux travailleurs de l'éducation, le gouvernement du Québec a déposé un projet de loi de plus de 1 000 articles qui restructure profondément le réseau de la santé. Il dit vouloir confier la gestion du réseau aux « meilleurs éléments » du secteur privé et fusionne les 130 unités de négociation des syndicats de la santé pour les réduire à quatre.

Tous les efforts des gouvernements vont dans le sens d'éliminer la voix et les revendications des travailleurs qui savent ce qu'il faut faire pour résoudre la crise en santé. En même temps, les changements qui confient la gestion au secteur privé ne font rien pour créer un système moderne basé sur les plus grandes réalisations de la science et de la technologie, qui sont considérables. Cela favoriserait grandement le diagnostic et le traitement des maladies que d'aider les médecins, les infirmières et les travailleurs de la santé à accomplir leurs tâches de manière socialement responsable. Au lieu de cela, en plaçant les monopoles privés et leurs intérêts étroits en position de décider directement de ce qui se passe au quotidien, les gouvernements obligent les médecins, les infirmières et les travailleurs de la santé à être constamment sur le qui-vive dans le soin des patients qui souffrent, non seulement dans les situations d'urgence, mais au quotidien. L'objectif de la restructuration est suspect et c'est là tout le problème.

Les graves problèmes apparus dans le réseau de santé à l'issue de la pandémie, comme la crise du personnel, sont le résultat d'années d'offensive antisociale, de sous-financement et de restructuration de l'État au nom de la flexibilité, de l'efficacité et de la responsabilisation. Les gouvernements sont entre les mains de cabinets d'experts-conseils qui conseillent, supervisent et même gèrent la manière dont les monopoles privés peuvent tirer profit de tous les aspects du système de santé. Ils ne s'attaquent pas aux grands problèmes identifiés par la communauté, et en particulier les travailleurs de la santé et leurs organisations, et ce n'est pas leur intention.

Dans tout le pays, en plein milieu des négociations et à l'issue de la pandémie, les gouvernements mettent en place des lois qui définissent les travailleurs du secteur public et des services publics comme essentiels afin d'éliminer leur droit de grève. En décembre 2022, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a adopté une loi autorisant le déploiement de travailleurs de remplacement (briseurs de grève) venant de l'extérieur des unités de négociation syndicales au gré du gouvernement, par exemple en cas de grève.

Les gouvernements ont recommencé à agir en toute impunité en supprimant les limites de leur pouvoir qui, jusqu'à présent, faisaient partie de l'état de droit établi au fil du temps. Ils permettent aux ministres d'utiliser les pouvoirs de prérogative demandés par des intérêts privés étroits. Le recours à la clause de dérogation de la constitution par le gouvernement Ford en Ontario, pour éliminer les limites à son action, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres au pays. La restructuration de l'État vise à éliminer toute limite à ce que les intérêts privés étroits représentés par les gouvernements peuvent faire dans leur quête de profit maximum aux dépens du peuple, de la société et de la Terre Mère.

Un exemple de la suppression des limites est que les entreprises sont autorisées à s'auto-réglementer, comme dans le cas des chemins de fer, de l'agroalimentaire, de la construction, de la sous-traitance des emplois miniers et industriels et de tous les autres secteurs de l'économie, y compris la santé, l'éducation, la fonction publique et même les opérations militaires. Il n'y a aucune considération pour les conséquences pour la santé et la sécurité des travailleurs ou les accidents qui sont inévitables, sans parler de la destruction du tissu social.


Ligne de piquetage massive des travailleurs de la fonction publique en grève dans la région de la Capitale nationale le 19 avril 2023

Dans le domaine des transports, les tragédies ferroviaires sont devenues monnaie courante dans toute l'Amérique du Nord, car les gouvernements agissent au nom des monopoles ferroviaires. Au Canada, le gouvernement permet au CN, au CP et à d'autres compagnies ferroviaires privées de s'auto-réglementer, ce qui mène à des tragédies comme celles de Lac-Mégantic, au Québec, et de Field, en Colombie-Britannique, ainsi que dans les Prairies et les centres industriels. Aux États-Unis, en pleine négociation, l'administration Biden a imposé par décret une convention qui rejette les revendications des cheminots. Cette décision a été prise malgré les tragédies, dont le monde entier est témoin, causées par de l'auto-réglementation et le diktat des chemins de fer privés et des entreprises de transport.

Dans le secteur de l'éducation, le financement d'urgence mis en place dans un certain nombre de provinces pendant la pandémie est maintenant réduit en pleine négociations avec les travailleurs de l'éducation. Ces compressions budgétaires sont faites alors même que les conditions se détériorent et qu'une grave crise de personnel sévit dans le système d'éducation partout au pays, aggravée par des années d'absence d'investissements adéquats. C'est la même chose dans la santé.

Les entreprises emboîtent le pas en refusant de négocier avec leurs employés et en utilisant les lois du travail pour briser les syndicats qui refusent de se soumettre à leur diktat. Au lieu de reconnaître ce que la pandémie a montré, que les travailleurs sont les producteurs de toute la richesse et doivent être respectés, les entreprises déclarent qu'aucune discussion ou négociation sur les salaires, les conditions de travail et la santé et la sécurité ne sera tolérée. Il n'y aura que le diktat des entreprises et des gouvernements et le gouvernement par décret. Les entreprises font ces déclarations au nom de la flexibilité et demandent des investissements et des subventions publiques pour une « économie verte ». Pour ceux qui en position de contrôle, la flexibilité du gouvernement et de l'entreprise signifie la sous-traitance à volonté, sans aucune sécurité, sans droit de parole ni affirmation de ses droits pour la classe ouvrière, celle-là même qui produit ce dont le peuple et la société ont besoin pour exister.

Les travailleurs à la demande et les travailleurs temporaires sont victimes de mauvais traitements. Les entreprises utilisent de plus en plus les nouveaux immigrants et les étudiants internationaux comme une source de main-d'oeuvre bon marché au même titre que la main-d'oeuvre migrante. Dans certains cas, ils sont utilisés pour remplacer des travailleurs en grève. Beaucoup répondent à des annonces de placement sans savoir qu'ils sont recrutés comme briseurs de grève. Ces travailleurs sans méfiance deviennent la cible de violence, souvent accusés d'être des briseurs de grève alors qu'eux-mêmes ne savent pas ce qui se passe. En fait, les entreprises et les gouvernements organisent un système de traite des personnes et doivent être tenus de rendre des comptes pour avoir profité de la situation tout en sapant l'unité et la cohésion de la classe ouvrière.

Cela aussi est une nouvelle réalité que le mouvement ouvrier doit prendre en compte pour assumer la responsabilité des conditions existantes et exercer un contrôle sur elles en mobilisant le facteur humain/conscience sociale. Tout est fait par ceux qui détiennent les moyens de production et de distribution pour désorienter les travailleurs et les empêcher de trouver leurs repères et de s'unir dans l'action pour être effectifs et obtenir satisfaction de leurs revendications.

Partout au pays, les forces qui luttent pour la justice sociale s'opposent également aux gouvernements qui exploitent les travailleurs d'autres pays comme une source de main-d'oeuvre bon marché au service des monopoles. Ces nouveaux travailleurs sont privés des droits qui leur appartiennent, non pas en vertu d'une loi, mais en raison de leur humanité. D'autres nouveaux arrivants sont des réfugiés qui fuient la destruction de leur pays par les guerres d'agression et des guerres économiques de toutes sortes, que le Canada appuie. Ils sont également privés de leurs droits et de leur humanité.

Les gouvernements parlent d'un système ordonné de travailleurs migrants qui demandent un statut permanent pour couvrir la corruption inhérente au système. Les recruteurs de migrants et les gouvernements sont autant des trafiquants d'êtres humains, en violation systématique de toute responsabilité clairement établie par des conventions internationales. Les recruteurs profitent de la situation tandis que les gouvernements n'acceptent que les réfugiés qui répondent à leurs besoins, abandonnant les autres à leur sort dans les camps et les prisons pour finalement se faire expulser.

Les luttes pour la défense des droits de toutes et de tous sont appelées à s'intensifier durant l'année qui vient.

Notre avenir est dans la défense des droits de toutes et de tous !
Tous ensemble pour défendre la dignité du travail !


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Numéro 23 - 1er mai 2023

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