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Les travailleuses et travailleurs de la fonction publique iront en grève si une entente de principe n'est pas conclue immédiatement

L'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) a annoncé que 120 000 travailleuses et travailleurs du Conseil du Trésor et 35 000 de l'Agence du revenu du Canada, soit un total de 155 000 travailleuses et travailleurs, déclencheront la grève à 0 h 01 le 19 avril si aucune entente de principe n'est conclue d'ici 21 h le 18 avril. Parmi les employés du Conseil du Trésor il y a entre autres ceux de Service Canada, d'Immigration Canada, de Transports Canada, de la Garde côtière, du Service correctionnel et d'Anciens Combattants Canada. L'AFPC a fait cette annonce lors d'une conférence de presse dans la matinée du 17 avril.

Les représentants de l'AFPC ont dit que même si des progrès ont été réalisés aux tables de négociation au cours des deux dernières semaines, le gouvernement continue d'exiger des concessions sur les salaires, la sécurité d'emploi, le télétravail et d'autres questions. Ils soulignent que les comités de négociation du syndicat tentent en vain de négocier une entente depuis juin 2021. L'absence d'augmentation salariale depuis juin 2020 signifie que les employés fédéraux ont vu leur pouvoir d'achat réduit de plus de 10 %.

L'offre salariale du gouvernement est bien en deçà du taux d'inflation, ce qui constitue une offensive contre tous les travailleurs canadiens, a déclaré le président de l'AFPC Chris Aylward.

« Lorsque le gouvernement fédéral fait pression à la baisse sur les salaires de ses propres employés, il fait pression sur les salaires des travailleurs de tout le pays, syndiqués ou non, du secteur privé ou du secteur public », a déclaré Chris Aylward. « C'est une tentative de leur faire porter le fardeau de l'inflation », a-t-il ajouté, signalant que ce ne sont pas les travailleurs qui sont à l'origine de l'inflation, alors que les entreprises privées engrangent des bénéfices records. Les travailleurs de tout le Canada doivent s'assurer qu'aucun d'entre eux n'est laissé pour compte, a-t-il dit.

AFPC région des Prairies, 14 avril 2023

Le président de l'AFPC a clairement indiqué que son syndicat est déterminé à rester à la table de négociation, mais qu'il est maintenant nécessaire de recourir à la grève pour faire avancer les choses si une entente n'est pas conclue sans tarder. Les négociations traînent depuis trop longtemps, a-t-il dit.

Chris Aylward a également mis en garde le gouvernement fédéral contre l'utilisation d'une loi de retour au travail si les travailleurs sont contraints d'aller en grève. Le droit de grève doit être respecté, a-t-il affirmé.

À un journaliste qui lui demandait ce qui se passerait en termes de piquets de grève, il a répondu qu'il y aurait des piquets de grève dans tout le pays, que le syndicat choisirait des endroits très stratégiques pour les piquets de grève afin d'avoir un impact maximal sur le gouvernement et un impact aussi faible que possible sur les services à la population. Si la grève se poursuit, il y aura des retards dans les services tels que les demandes d'immigration, les demandes d'assurance-emploi et le traitement de l'impôt sur le revenu.

L'AFPC a accepté de maintenir la présence d'un certain nombre de travailleurs essentiels si la grève est déclenchée. Pour éviter la grève et l'interruption des services, le gouvernement doit signer une entente acceptable pour les travailleuses et les travailleurs, a déclaré Chris Aylward.

Le vice-président exécutif régional de l'AFPC pour le Québec, Yvon Barrière, a dit que les travailleuses et travailleurs ne veulent pas faire la grève, mais qu'ils ne peuvent pas se permettre de voir leur pouvoir d'achat réduit à cause de l'intransigeance du gouvernement.

Le mandat de grève très ferme que les 155 000 employés du Conseil du Trésor et de l'Agence du revenu du Canada ont donné à leur syndicat lors de votes partout au pays du 22 février au 11 avril montre que les travailleurs sont convaincus qu'ils ne peuvent plus attendre pour obtenir les salaires et les conditions de travail qu'ils demandent.

Le Conseil du Trésor offre une augmentation de salaire de 2,06 % par année en moyenne entre 2021 et 2025, ce qui représente une perte de salaire continue en raison de l'inflation. L'AFPC signale qu'il y a également d'autres questions importantes à l'ordre du jour :

Sécurité d'emploi : L'AFPC essaie d'améliorer l'Appendice sur le réaménagement des effectifs. Elle propose un processus équitable et transparent. Le Conseil du Trésor, lui, demande des concessions qui limiteraient la capacité des fonctionnaires mis à pied ou excédentaires de trouver un autre emploi au gouvernement.

Télétravail : Le télétravail fait maintenant partie du quotidien de bien des gens. On a vu pendant la pandémie que les fonctionnaires peuvent travailler aussi efficacement à la maison qu'au bureau. Il est grand temps d'intégrer le télétravail dans nos conventions collectives. Toute modification unilatérale des conditions de travail, comme l'imposition du retour au bureau, est une violation flagrante du droit à la négociation collective.

Racisme systémique au travail : La lutte contre le racisme et l'amélioration de la diversité au sein de la fonction publique sont censées être des priorités du gouvernement. Il devrait travailler avec nous pour éliminer les barrières et démanteler les structures qui perpétuent le racisme dans nos milieux de travail.

Conciliation travail-vie personnelle : L'AFPC défend le droit à la déconnexion, parce que personne ne devrait se sentir enchaîné à son travail et être obligé de vérifier ses courriels et sa boîte vocale en dehors de ses heures de travail.

Sous-traitance et privatisation : Quand l'argent des contribuables finance le secteur privé, la population est perdante sur toute la ligne : les risques sont plus élevés et on finit par payer plus cher pour des services de moins bonne qualité. On n'a qu'à penser aux résultats désastreux des foyers de soins privés pendant la pandémie.

L'AFPC encourage également les travailleurs fédéraux à communiquer avec le ministre du Travail, Seamus O'Reagan (seamus.oregan@parl.gc.ca), et la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier (mona.fortier@parl.gc.ca), pour dénoncer les courriels de leur employeur qui encouragent les membres de l'AFPC à continuer de travailler en cas de grève. « C'est une tactique antisyndicale connue qui vise à saper nos efforts pour décrocher un bon contrat de travail, avec des salaires décents qui tiennent compte du coût de la vie et qui ne vous obligent pas à subir l'équivalent d'une baisse de salaire », a déclaré l'AFPC. « C'est même plutôt hypocrite de la part d'un gouvernement qui a promis de déposer une loi anti-briseurs de grève dans la fonction publique fédérale. Il dit vouloir appuyer les travailleuses et les travailleurs, mais au lieu de respecter le droit de grève de ses propres fonctionnaires, il les incite à franchir les lignes de piquetage », ajoute l'AFPC.

La Loi sur les relations de travail dans le secteur public fédéral désigne les employés dont les fonctions sont jugées essentielles à la sécurité du public et qui doivent continuer à travailler pendant une grève. L'AFPC et le gouvernement ont conclu une entente sur les services essentiels. Parmi les exemples de services essentiels figurent certaines fonctions exercées par les agents des services frontaliers, les pompiers et les membres qui traitent la paye des Canadiens.

Tandis que l'employeur décide quelles fonctions doivent être considérées comme essentielles, le syndicat peut présenter des arguments quant au nombre de membres nécessaires et aux tâches exactes qu'ils accompliront dans le cadre de leur travail. En fin de compte, c'est le Conseil des relations du travail et de l'emploi dans le secteur public fédéral qui statue sur ces différences. Les employés sont informés par leur employeur si leur poste est considéré comme essentiel une fois que le syndicat est en position de grève.


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Numéro 20 - 18 avril 2023

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