Cédric Joly, représentant en prévention, Syndicat des Métallos, section locale 7493, Rio Tinto Fer et Titane, Poudres Métalliques à Sorel-Tracy
La délégation des syndicats des Métallos au Congrès de la FTQ
Ma préoccupation principale, présentement, c'est de rejoindre les jeunes. Nous en avons parlé ici au Congrès, nous en avons parlé à plusieurs endroits. C'est un enjeu syndical qu'on a. J'ai fait partie du Comité des jeunes du Syndicat des Métallos lorsque j'étais plus jeune. Je suis actif à mon usine pour en recruter aussi. Nous voulons avoir des délégués jeunes dans notre structure pour aller chercher les autres jeunes dans notre usine. C'est quelque chose de préoccupant. On a besoin d'eux. Il faut continuer les débats sur ce sujet.
La pénurie de main-d'oeuvre n'aide pas parce que les jeunes ne restent pas nécessairement longtemps chez nous. Ils viennent chez nous, s'en vont, ne sont pas nécessairement attachés à la place de travail.
Les jeunes n'ont pas nécessairement les mêmes objectifs que les travailleurs plus âgés. Nous avons de bonnes conditions dans notre usine, nous sommes dans le milieu industriel, chez Rio Tinto, nous avons quand même de bons salaires. Les enjeux ne sont pas les mêmes. L'objectif des jeunes, ce n'est pas de gagner 50 $ de l'heure. Ils ne veulent pas travailler en temps supplémentaire tout le temps. La conciliation travail-famille est super importante pour eux. En entrevue, souvent, le jeune ne reste pas parce que des quarts de travail en rotation en entretien, ou des quarts de travail en fin de semaine, ils n'en veulent pas. La vie familiale c'est très important pour eux. Si cela veut dire 12 $ de moins de l'heure, en travaillant ailleurs, ils sont prêts à l'accepter.
Il faut trouver le moyen d'aller les chercher. Au Comité des jeunes, et pendant le Forum des jeunes Métallos, les jeunes ont besoin de dire et de sentir qu'ils apportent quelque chose, qu'ils sont importants, que leur travail est efficace. Ils ont besoin à la fin de la journée de se sentir gratifiés de ce qu'ils ont fait. Ils pensent vert, ils pensent à leur santé, leur bonheur.
Les jeunes sont là, ils veulent s'impliquer, ils ont le courage de s'affirmer et de s'exprimer.
Au Forum des jeunes, plusieurs n'avaient jamais parlé au micro. Il y avait plein de monde qui prenait le micro, ils se passaient le micro. Ils ont besoin de jaser, ils ont besoin de choses concrètes. Ils veulent savoir ce qu'on peut leur apporter comme syndicat. C'est un gros enjeu et c'est à nous de trouver comment les interpeller. On n'a peut-être pas encore la recette miracle. La voie de communication n'est pas la même qu'avant. On doit travailler différemment, s'adapter à eux. Je suis content qu'on parle de cela, dans les colloques des Métallos, à la FTQ, partout.
Il y a des obstacles à cela. Premièrement, en tant que syndicats, on manque de temps. On est occupé par les enjeux à notre travail, par les relations de travail. Aussi, ce qui se passe en ce moment dans la société crée beaucoup de choses qui nous occupent beaucoup. C'est pas évident comment on doit répondre à tout ce qui se passe.
Un autre enjeu, et on vit cela beaucoup chez nous et dans d'autres entreprises qui sont proches de la nôtre, c'est le problème de l'employeur qui fait ce qu'il veut, qui ne communique plus avec le syndicat. On en discute beaucoup entre nous. Il ne veut plus faire les choses en commun avec nous, il fait des choses sur le plancher sans nous en parler en tant que syndicat. Ils veulent nous écarter, plutôt que de travailler avec nous et voir le syndicat plutôt en partenariat pour résoudre les problèmes.
Autant en ce qui concerne la santé-sécurité , qu'en relations de travail, ou qu'en changements technologiques, il y a beaucoup de changements. Les gens changent beaucoup de place, changent d'horaires, changent d'emploi, leur vie change. Cela affecte beaucoup nos travailleurs, et nous avons beaucoup de dossiers à gérer avec ces changements.
On doit accepter qu'on est deux parties, mais on doit être capable de travailler ensemble.
Il nous faut aussi plus de temps pour s'occuper des jeunes et les impliquer. Nous avons besoin des jeunes. Avec ces multinationales-là, on a besoin de toute l'implication possible. On a besoin de garder notre rapport de force en tant que syndicat.
Présentement l'employeur gère tout en urgence, dépense des millions en formation mais les jeunes s'en vont. Des fois chez nous il manque de monde les fins de semaine, on n'est pas assez de monde sur le plancher. Il y en a mais pas assez pour faire la tâche.
On doit être capable de considérer les relations de travail comme un gars d'entretien. Il faut y aller d'avance, prédire les choses. Il faut gérer de façon organisée d'avance plutôt que d'y aller en catastrophe.
Cet article a été publié dans
Numéro 12 - 15 mars 2023
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/FO2023/Articles/FO08123.HTM
Site Web: www.pccml.ca Courriel: redaction@pccml.ca