Les travailleurs du sel dénoncent l'arrogance d'une société de portefeuille américaine

La grève aux installations de Sel Windsor à Windsor, en Ontario, en est à sa troisième semaine. Les travailleurs rapportent que l'avocat de la compagnie, un mercenaire antisyndical notoire, a quitté la région et, après avoir présenté la première offre inacceptable cherchant à imposer la sous-traitance, est retourné à Milwaukee. Depuis ce temps, en dépit du fait que les travailleurs ont indiqué clairement qu'ils sont prêts à négocier, il n'y a pas eu de réponse de l'entreprise comme quoi elle voulait négocier. Par contre, la compagnie tente de déplacer par train de grandes quantités de sel entreposé dans l'installation d'évaporation, ce que les travailleurs ont réussi à empêcher jusqu'à ce que l'entreprise se voit accorder le 1er mars une injonction du tribunal empêchant les travailleurs en grève de défendre leur gagne-pain en bloquant la sortie du sel entreposé.

Les travailleurs ont aussi signalé que le représentant de la sécurité minière de la province de l'Ontario a retiré son équipement de sécurité de la mine, ce qui veut dire qu'il ne peut y avoir de production souterraine, ce que la compagnie semblait vouloir tenter de faire en utilisant ses cadres. Présentement, les cadres dorment dans les installations selon des quarts de travail de trois jours. Les travailleurs expliquent que normalement, après une fermeture de deux semaines de l'exploitation de la mine, cela peut prendre jusqu'à un mois pour redémarrer la machinerie qui se fige avec le temps et doit être remise en état de fonctionner.

Dans les discussions sur les lignes de piquetage, les travailleurs disent clairement qu'ils sont déterminés à ne pas s'en laisser imposer et permettre que leur syndicat soit démantelé par le recours à la sous-traitance, ce qu'ils considèrent comme une attaque contre le mouvement syndical et le pays dans son ensemble. Ils expliquent que durant la pandémie, ils étaient considérés comme des travailleurs essentiels et ont travaillé 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 – isolés de leurs familles. L'entreprise leur avait donné des lettres confirmant leur statut de travailleurs essentiels pour éviter qu'ils reçoivent une contravention si jamais ils étaient arrêtés par la police parce qu'ils se rendaient au travail durant la période de confinement obligatoire. Maintenant que l'entreprise veut attaquer leur syndicat, ils sont déclarés de facto non essentiels et rejetés comme étant inutiles. C'est quelque chose qu'ils ne sont pas d'humeur à accepter.

Aussi les travailleurs sont-ils conscients que le fait d'avoir un syndicat est ce qui permet de défendre leur propre santé et sécurité dans les mines et dans la transformation. La demande de sous-traitance mènerait à la détérioration de la santé et sécurité au travail, ce que les travailleurs ne peuvent accepter.

Le mépris est grandissant envers l'arrogance de l'entreprise américaine, Stone Canyon Industries Holding Ltd., Mark Demetree and Affiliates, qui a acheté les installations. Les travailleurs soulignent plus précisément que le fait d'avoir eu recours à un avocat d'une tierce partie, notoire pour son antisyndicalisme et sa façon d'agir comme des mercenaires, laisse entendre que l'entreprise pense qu'elle peut faire ce qu'elle veut au Canada et c'est quelque chose qu'ils ne peuvent accepter.

Les travailleurs savent que le travail qu'ils font et le sel qu'ils extraient et transforment est d'une énorme valeur pour la société. Ils sont prêts à négocier des ententes qui sont à l'avantage réciproque mais ne sont pas d'humeur à accepter d'être rejetés et de s'en laisser imposer par des firmes américaines antisyndicales. Ils savent que Windsor est en voie de devenir un centre pour le transport de produits essentiels, ce qui inclut l'extraction et la transformation du sel, et ils veulent que cela soit à l'avantage de la communauté et non une occasion pour des propriétaires américains d'exercer un chantage parce qu'ils veulent faire un coup d'argent pour ensuite revendre l'entreprise à un nouvel acheteur.

Ils rapportent qu'ils reçoivent beaucoup d'appui de la communauté et que cela contribue grandement à ce qu'ils se tiennent debout.

(Photos : Unifor, EYN)


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Numéro 9 - 6 mars 2023

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