Mines
Grève des mineurs de sel à Windsor
Des mineurs et des gens qui les soutiennent dans la
communauté bloquent le transport du sel
hors de la mine le 23 février 2022.
Le 17 février, 250 mineurs de Windsor Salt représentés par la section locale 1959 d'Unifor et le personnel de bureau représenté par la section locale 240 d'Unifor ont déclenché la grève à Windsor, en Ontario. Les grévistes comprennent des travailleurs de la mine Ojibway de Windsor Salt, qui fabrique du sel de voirie, et des travailleurs de l'usine de traitement par évaporation, qui fabrique du sel de table de qualité alimentaire par évaporation de la saumure extraite des puits.
Il s'agit des premières négociations avec les nouveaux propriétaires de l'entreprise, la Stone Canyon Industries Holding Ltd, Mark Demetree and Affiliates, basée à Los Angeles, en Californie, qui a acheté toutes les opérations de Windsor Salt en 2021 de K+S Aktiengesellschaft. Les nouveaux propriétaires ont entamé ces négociations en exigeant la sous-traitance des emplois syndiqués, puis ont refusé de négocier, ce qui a conduit au déclenchement de la grève. Les travailleurs ne sont pas d'humeur à accepter des concessions dictées étant donné les concessions qu'ils ont déjà faites aux anciens propriétaires en 2014. À l'époque, ils avaient accepté de renoncer à leur régime de retraite à prestations déterminées en échange d'un investissement de 300 millions de dollars dans l'exploitation, qui devait permettre d'accroître la production et les emplois pour les générations futures avec une augmentation de la production de sel gemme et de sel de table.
En 2016, la mine Ojibway a été agrandie pour prolonger la production d'environ 50 ans et, en avril 2022, la ville de Windsor a autorisé les nouveaux propriétaires à creuser de nouveaux puits de saumure pour l'extraction du sel sous le parc Malden, dans l'ouest de la ville, prolongeant ainsi la production de ces opérations pendant au moins 30 ans. Lorsque les travailleurs ont accepté de changer leur régime de retraite pour un régime à cotisations déterminées, c'était sur la base que les générations futures de travailleurs seraient en mesure de maintenir les pensions grâce à une production continue et élargie. Les travailleurs disent qu'ils sont prêts à négocier, mais qu'ils ne sont pas prêts à accepter la perte d'emplois au profit de la sous-traitance, ce qui ne fera qu'affaiblir leur syndicat et nuire à la communauté par la perte d'emplois syndiqués.
Lorsque Stone Canyon a racheté les activités du groupe allemand K+S Americas en 2021, il a pris le contrôle de K+S Chile, qui exploitait la mine à ciel ouvert Salar Grande de Tarapaca dans la province d'Iquique, et de Morton Salt, dont les activités s'étendent aux États-Unis, au Canada et aux Caraïbes. Morton Salt était la société mère de Windsor Salt Ltd. qui, outre ses activités à Windsor, en Ontario, a des activités dans d'autres régions du Canada et au Québec. L'achat de K+S Group Americas par Stone Canyon est intervenu un an après l'achat de Kissner Group Holdings LP, propriétaire d'un autre groupe de grandes exploitations de sel en Amérique du Nord, dans le but de créer un plus grand conglomérat dans l'industrie du sel.
Les nouveaux propriétaires ont décidé d'utiliser leur contrôle des réserves critiques en sel pour exiger des concessions. Les mineurs qui travaillaient à la mine de Windsor Salt à Pugwash, en Nouvelle-Écosse, représentés par la section locale 823 d'Unifor, étaient en négociation lorsque Stone Canyon a acheté Windsor Salt. Ils ont signalé à ce moment-là que l'entreprise a commencé à exiger des concessions sur les heures de travail, de nouvelles clauses sur les mises à pied et des changements au régime de retraite. En raison du refus de l'entreprise de négocier, les travailleurs ont fait la grève en novembre 2021. Au lieu de négocier, l'entreprise a commencé à stocker du sel à Halifax et à l'Île-du-Prince-Édouard à partir de ses autres opérations pour tenter d'utiliser son contrôle sur l'industrie du sel en Amérique du Nord pour briser la grève. À l'époque, l'entreprise affirmait qu'elle avait désormais « une capacité de production annuelle de plus de 29 millions de tonnes dans 24 installations de production de sel, 15 usines de traitement et 130 lieux de stockage en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes ».
Après deux semaines de grève, les travailleurs de Pugwash ont accepté un accord de principe, dont les termes n'ont pas été rendus publics. Les rapports indiquent que le nouveau contrat était semblable à l'offre que les travailleurs avaient initialement rejetée. « Nous n'avions pas le choix. L'entreprise n'a cessé d'apporter du sel pendant toute la durée des négociations », aurait déclaré un travailleur au sujet du nouveau contrat. La députée provinciale de la Nouvelle-Écosse, Elizabeth Smith-McCrossin, avait alors fait part de ses inquiétudes : « La mine de sel de Pugwash fournit du sel de voirie pour toute la province. [...] Je veux que le gouvernement s'assure, dans les futurs contrats, que le sel utilisé sur les routes de la Nouvelle-Écosse est du sel extrait ici, en Nouvelle-Écosse. C'est important, car une partie du sel utilisé actuellement a été importée du Québec en prévision de la grève qui a duré trop longtemps. »
Il est clair que les travailleurs en grève de Windsor font face à un employeur enhardi qui pense pouvoir faire ce qu'il veut au Canada. Mais ils savent qu'ils ne se défendent pas seulement eux-mêmes et défendent les générations futures et la communauté elle-même en refusant d'accepter le diktat de l'entreprise. Ils méritent le soutien de tous, y compris des élus locaux qui ont approuvé l'expansion de la mine Ojibway, pour faire comprendre que le diktat ne sera pas accepté et que les travailleurs et leurs communautés doivent être respectés. Leurs revendications sont justes et doivent être satisfaites !
Voyez ci-dessous une entrevue accordée par un représentant des
travailleurs en grève à Empower Yourself Now.
Cet article a été publié dans
Numéro 7 - 27 février 2023
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