Des changements dans l'éducation pour servir des intérêts privés dans la nouvelle économie
St. Clair College, un collège communautaire de Windsor, a
annoncé son intention de lancer un diplôme de technicien en
véhicules à propulsion électrique (« Electric Drive Vehicle
Technician ») et un programme de certification des
principes fondamentaux des véhicules à propulsion électrique («
Electric Drive Vehicle Fundamentals certification »),
approuvés par le ministère des Collèges et Universités (MCU), en
réponse à la construction d'une usine de batteries électriques
et d'une usine d'assemblage de voitures électriques dans la
région. L'usine est financée par des fonds publics en
partenariat avec LG et Stellantis.
Les usines de batteries et d'assemblage ont déjà reçu des fonds
publics considérables. Désormais, l'accent est mis sur la
recherche et la formation gratuites. L'usine de batteries, un
partenariat entre LG et Stellantis, est financée par des fonds
publics à tous les niveaux du gouvernement et, bien que les
montants n'aient pas encore été divulgués, les estimations les
situent autour de 500 millions de dollars. La ville de Windsor a
elle-même acheté le terrain sur lequel elle se trouve pour 50
millions de dollars et a accordé une exonération fiscale de 20
ans d'une valeur de 70 millions de dollars. Le réoutillage de
l'usine d'assemblage de Stellantis reçoit jusqu'à 500 millions
de dollars du seul gouvernement fédéral.
Waseem Habash, premier vice-président des opérations académiques et collégiales à St. Clair, a déclaré que le collège se prépare à cette transition depuis plusieurs années et a exprimé son enthousiasme quant aux opportunités que les nouveaux programmes offriront aux étudiants. « Nous sommes vraiment emballés parce que cela met Windsor sur la carte et donne à nos diplômés, la jeune génération, la prochaine génération, la possibilité d'avoir des emplois pendant longtemps », a-t-il dit.
Le programme de technicien en véhicules à propulsion électrique préparera les étudiants à une carrière de technicien en véhicules électriques, responsable de l'entretien, du service et de la réparation des véhicules électriques (VE), des véhicules électriques hybrides rechargeables (VEHR) et des véhicules électriques hybrides (VEH). Le programme « Principes fondamentaux des véhicules à propulsion électrique » présentera aux étudiants les principes fondamentaux des VE et leur fournira une base pour le programme de technicien. Le programme couvrira des sujets tels que les principes fondamentaux de l'électricité et de l'électronique, les systèmes et les composants des véhicules électrifiés, la sécurité à haute tension et l'entretien des VE.
Les frais de scolarité pour un programme de deux ans au St. Clair College coûtent actuellement environ 4 000 dollars pour les étudiants canadiens et 15 300 dollars pour les étudiants internationaux. Les étudiants canadiens ont droit à des prêts étudiants, qu'ils doivent rembourser avec intérêts dès qu'ils commencent à gagner des revenus dépassant un certain seuil.
L'université de Windsor prévoit également de proposer un programme d'ingénierie mécatronique en 2024, axé sur la fabrication et la production de véhicules électriques. Le génie mécatronique est la conception de systèmes électromécaniques contrôlés par ordinateur, et il englobe les aspects mécaniques, électriques, électroniques et de contrôle informatique d'un système. Les diplômés de ces programmes ont poursuivi le développement de prothèses avancées, d'appareils de l'Internet des objets (IdO), de véhicules autonomes et de robotique.
L'Université de Waterloo propose déjà ce programme, qu'elle a commencé à développer en 2000. Elle compte actuellement environ 110 étudiants, avec des frais de scolarité annuels de 17 100 dollars pour les étudiants canadiens et de 61 300 dollars pour les étudiants internationaux, sans compter le coût des livres, de logement et de repas et des frais de subsistance. Le programme dure quatre ans et huit mois et comprend souvent un volet de stages en milieu de travail dans le cadre duquel les étudiants travaillent pour des entreprises du secteur. Bien qu'ils soient rémunérés, ils doivent simultanément payer les frais associés au programme des stages. Les entreprises reçoivent ensuite gratuitement une main-d'oeuvre formée. Compte tenu de la durée d'obtention d'un diplôme, le coût des frais de scolarité pour le programme complet d'un étudiant canadien s'élève à environ 79 686 dollars, tandis qu'il est de 285 658 dollars pour un étudiant international.
Dans les profils de ses diplômés, l'université met en vedette deux étudiants de 2015 qui ont démarré une entreprise appelée Embark Trucks, axée sur les problèmes liés aux camions à conduite autonome. L'entreprise a mis en place un modèle consistant à faire payer aux entreprises de camionnage des frais d'abonnement au kilomètre pour leur logiciel afin de permettre la conduite autonome des camions. Elle prévoit de mettre en place les opérations pour les transporteurs à partir de 2024. La société a récemment conclu un accord avec une grande entreprise qui lui a fourni 614 millions de dollars pour financer son logiciel de conduite autonome pour les transports de marchandises sur de longues distances.
Cela montre comment l'enseignement postsecondaire est orienté pour répondre aux besoins de la nouvelle économie qui est en train de naître, en fournissant gratuitement le personnel qualifié dont elle a besoin. Des contrats privés sont alors conclus entre les individus qui deviennent les meilleurs et les plus brillants et les grandes entités privées. Les étudiants et leurs familles financent les frais de scolarité et, grâce à des fonds publics, des travailleurs sont formés sur mesure pour répondre aux besoins de l'industrie des véhicules électriques (VE) basée sur l'intelligence artificielle.
L'une des questions que cela soulève est d'où proviendront les fonds nécessaires au financement des programmes sociaux, tels que la santé, l'éducation et la culture. Bien que ceux qui réussissent dans la nouvelle économie puissent être en mesure de financer leurs propres régimes privés d'assurance sociale et médicale, la majorité des gens sont laissés pour compte. Les progrès technologiques sont la création de l'ensemble des forces productives et ils doivent profiter aux générations actuelles et futures. Cette question n'est pas abordée parce que ceux qui contrôlent la direction que prend l'économie sont les géants qui ont usurpé le pouvoir de l'État et l'utilisent à leur propre profit. Malgré cela, l'avenir ne peut se dessiner que si les travailleurs le créent eux-mêmes. Ils doivent établir la direction de l'économie en se donnant le pouvoir de décider, et ils peuvent se donner le pouvoir de décider en s'assurant que la valeur créée par ces nouvelles forces productives bénéficie aux êtres humains, à leurs collectifs, y compris les communautés, et à la société en général.
Cet article a été publié dans
Numéro 3 - 16 février 2023
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