La crise du logement au Québec
Manifestation pour le droit au logement à Trois-Rivières le 8
février 2023
La crise du logement au Québec prend des proportions inégalées en ce début d'année 2023.
Le 27 janvier, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a émis un communiqué suite au dépôt du Rapport sur le marché locatif de la Société canadienne d'hypothèques et de logement. Le FRAPRU écrit : « Non seulement les taux de logements inoccupés diminuent-ils dramatiquement, mais les loyers, eux, accélèrent leur escalade. Nous ne sommes pas loin de la tempête parfaite, si on prend également en considération le nombre élevé d'évictions dues à la spéculation. L'année qui commence sera extrêmement difficile pour le droit au logement, partout au Québec. »
Ainsi, les taux de logements inoccupés se retrouvent maintenant sous le seuil d'équilibre de 3 % dans toutes les régions métropolitaines du Québec. À l'échelle de la province, il est passé de 2,5 % à 1,7 %. À Gatineau, il est tombé à 0,8 %. À Saguenay, Sherbrooke et Trois-Rivières, il est de 0,9 %. À Québec, il est descendu à 1,5 % et dans la région métropolitaine de Montréal, il est de 2 %. Dans les grands appartements familiaux de 3 chambres à coucher et plus, le taux est de 0,1 % à Saguenay et de 0,2 % à Gatineau.
À une exception près, les 38 autres centres urbains du Québec sont aussi affectés par la pénurie d'appartements locatifs et, dans 25 centres, le taux d'inoccupation est inférieur à 1 %. À Gaspé, Roberval et Sainte-Sophie, le taux de logements inoccupés est carrément de 0 %. À Drummondville, Granby et Rimouski, où la situation avait été très tendue à l'été 2022, le taux est toujours très bas à 0,4 %. Depuis le 1er janvier, l'Association des locataires de Sherbrooke rapporte une trentaine d'évictions et de reprises de logements.
Les voix des organismes de défense du droit au logement s'élèvent de partout au Québec pour dénoncer cette situation invivable et insoutenable pour les Québécois.
Le FRAPRU sillonne les régions du Québec depuis novembre 2022 avec son char allégorique pour rendre visibles les besoins des ménages locataires en détresse. « On veut illustrer les besoins des ménages locataires parce que la crise du logement frappe dur », exprime Catherine Lussier, organisatrice communautaire au FRAPRU, mentionnant le faible nombre de logements disponibles, les augmentations de loyer, les évictions et les reprises de logements.
La clause F des bails résidentiels
L'existence de la clause F dans
les baux, en vigueur depuis 1980, contribue également à la crise
du logement. Pour les logements situés dans un immeuble neuf ou
dans un immeuble ayant récemment fait l'objet d'un changement
d'affectation, elle accorde aux propriétaires une période de
cinq ans pendant laquelle les loyers peuvent être augmentés sans
limite et sans que les locataires puissent recourir au Tribunal
administratif du logement (TAL) pour les contester. Son objectif
supposé est de permettre aux propriétaires de récupérer le coût
de la construction de nouveaux logements.
À titre d'exemple, le journal 24 Heures rapporte qu'en
2022, une famille avec trois enfants vivant à
Sainte-Marthe-sur-le-Lac dans les Laurentides a vu son loyer
mensuel augmenter de 725 $, passant de 1 475 $ à 2 200 $, soit
une augmentation de 50 %. Et ce, après un an de location d'une
maison construite il y a moins de cinq ans. Cette situation est
insoutenable.
Offensive antisociale
Au cours des 30 dernières années, le gouvernement du Québec a entrepris d'imposer son programme antisocial de destruction des programmes sociaux de toutes sortes. La Régie du logement qui jadis permettait une certaine protection contre les hausses de loyer, les abus des propriétaires, l'insalubrité des logements, etc. a été démantelée. Elle a été remplacée par le Tribunal administratif du logement qui ne répond pas aux conditions d'aujourd'hui.
Le gouvernement dit fournir de l'« aide » de toutes sortes. Il existe un programme allocation-logement destinée spécifiquement aux personnes âgées de 55 ans et plus, dont le loyer ou les frais de logement excèdent 30 % de leur revenu. Les personnes ou les familles à faible revenu peuvent recevoir de l'aide financière avec le programme Allocation-logement sous certaines conditions.
Alors d'un côté, une clause F qui favorise les propriétaires et, de l'autre, une « aide » aléatoire aux locataires qui peut être donnée ou retirée. Ce sont des mesures contradictoires qui ne résolvent en rien la pénurie de logements, les évictions, la piètre qualité des logements et l'augmentation des loyers sans limite. L'élite dirigeante prétend que la pénurie de logements est causée, parmi les autres choses, par l'augmentation du nombre de migrants, le vieillissement de la population et une plus forte proportion de personnes vivant dans les centres urbains. Cette soi-disant explication n'est pas nouvelle et n'aide personne à traiter avec la réalité d'aujourd'hui. La question est que le Québec a besoin de nouveaux arrangements qui garantiront ce droit pour tous et toutes.
Le droit au logement est un droit fondamental pour tout être humain pour vivre son humanité, y compris se loger et loger sa famille décemment, Le logement doit être salubre, bien isolé, abordable, apportant tranquillité d'esprit et sécurité, et ce, dans les conditions bien spécifiques du Québec, adaptées aux quatre saisons. Le besoin de nouveaux arrangements pour garantir ce droit est à l'ordre du jour des travailleurs du Québec.
(Photos : FRAPRU)
Cet article a été publié dans
Numéro 2 - 15 février 2023
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