Numéro 29 - 16 avril 2021
La corruption et l'arrogance de
l'élite privilégiée
Les dangers de la saisie du pouvoir
décisionnel des gouvernements par
des intérêts privés
- Louis Lang -
• Des révélations
concernant des négociations secrètes pour
importer des déchets radioactifs du Japon au
Canada
• Les
portes tournantes des représentants de l'élite
qui vont et viennent entre le secteur public et
le secteur privé
• Une
conception inacceptable de ce qui constitue un «
stockage sécuritaire » de combustible
nucléaire irradié
• La
nécessité de régler ses comptes avec l'abus de
pouvoir et le privilège
La corruption et l'arrogance de
l'élite privilégiée
- Louis Lang -
Ce numéro de Forum ouvrier traite des
dangers posés par les déchets des réacteurs
nucléaires et du contrôle des décisions concernant
leur élimination par des intérêts privés étroits.
La prise de contrôle des gouvernements par des
intérêts privés étroits est une caractéristique
principale de l'offensive antisociale néolibérale.
C'est une question de grande préoccupation avec
laquelle la classe ouvrière doit régler ses
comptes. Les articles de ce numéro dévoilent l'un
des nombreux plans récemment révélés sur la façon
dont des intérêts privés étroits ont pris le
contrôle des gouvernements pour fournir des fonds
publics et confier aux monopoles ce qu'ils
appellent « le stockage sécuritaire des déchets
nucléaires », afin d'encaisser d'énormes profits.
Comme les articles le soulignent à juste titre,
une telle chose n'existe pas, car la manipulation
et le stockage sécuritaire des déchets nucléaires
sont un problème scientifique qui n'a pas encore
été résolu.
Les révélations par Radio-Canada que les
négociations dans cette affaire se déroulent en
secret révèlent la corruption inhérente à ce qui
est présenté comme le système canadien fondé sur
des règles et la nécessité pour les travailleurs
de ce pays d'y mettre un terme. Le fait est que
cela continue la pratique du gouvernement Harper
qui a remis l'industrie nucléaire et tous les
réacteurs du Canada à des intérêts privés. Il n'y
a pas tout à fait dix ans, Énergie atomique Canada
(EACL), la société d'État qui dirigeait les
laboratoires nucléaires de Chalk River, en
Ontario, et qui possédait et exploitait plusieurs
réacteurs CANDU au Canada, a été démantelée et
vendue à SNC-Lavalin. Le travail visant à
exploiter en toute sécurité l'énergie nucléaire a
été retiré des mains des scientifiques et des
autorités publiques et transformé en une
entreprise à but lucratif sous le contrôle
d'intérêts privés. Tout est légal en ce qui
concerne l'adoption de lois[1].
L'une des dernières actions du gouvernement
Harper avant de perdre les élections en 2015 a été
de créer l'Alliance nationale pour l'énergie du
Canada (ANEC), une organisation gouvernementale
mais gérée par des entrepreneurs (OGEE) qui est un
stratagème des plus lucratifs mis sur pied pour
payer les riches sous prétexte de réduire un
passif de 7,9 milliards de dollars en matière de
déchets nucléaires. La majorité des membres de
l'ANEC sont des sociétés étrangères comme Fluor et
Jacobs, deux multinationales basées au Texas
impliquées dans la production d'armes nucléaires.
L'autre membre principal est SNC-Lavalin. L'ANEC a
pris le contrôle de toutes les installations
nucléaires fédérales et des déchets radioactifs du
Canada et le dossier montre que depuis la création
de ce consortium, les coûts pour le gouvernement
canadien ont presque quadruplé. Selon les rapports
financiers d'EACL, les crédits parlementaires sont
passés de 327 millions de dollars en 2015 à 1,3
milliard de dollars (approuvés) pour l'année se
terminant le 31 mars 2021. Le fardeau financier
d'EACL en matière de déchets nucléaires n'a pas
diminué et semble en fait avoir augmenté d'environ
200 millions de dollars.
Alors que le public ne connaît à peu près rien de
l'augmentation du coût, sans parler de l'absence
de discussion, le gouvernement Trudeau et l'ANEC
ont renouvelé le contrat d'OGEE avec l'ANEC au
début du confinement dû à la pandémie au printemps
2020. L'ANEC est aussi l'auteur de la proposition
d'une installation de traitement de déchets
nucléaires au campus du Laboratoire nucléaire
canadien de Chalk River. La proposition a suscité
une forte opposition de la part des Premières
Nations, des groupes de la société civile, de 140
municipalités du Québec, d'experts en matière de
déchets nucléaires, de scientifiques et de
citoyens préoccupés par la question. En dépit de
cette vaste opposition, le projet se poursuit et
le consortium continue de recevoir près d'un
milliard de dollars par année en fonds publics. Le
problème est aggravé par le fait que le consortium
amène des milliers de camions remplis de déchets
radioactifs au site de Chalk River provenant
d'autres installation fédérales au Manitoba, en
Ontario et au Québec.
Le problème de fond est qu'en vertu de la
domination de l'industrie nucléaire par des
intérêts privés, non seulement la recherche
scientifique nécessaire sous contrôle public
a-t-elle été sabotée, mais des tonnes de
substances radioactives qui demeurent toxiques
pour toute forme de vie durant des centaines de
milliers d'années sont entreposées sans que soient
examinés les dommages permanents que cela cause à
l'environnement et la contamination de la rivière
des Outaouais, qui est une source d'eau potable
pour Ottawa, Gatineau, Montréal et de nombreuses
autres communautés.
La domination de l'industrie nucléaire par des
intérêts privés crée une situation très sérieuse.
Cette dangereuse ligne de marche a été mise en
place au fil de plusieurs années par les
différents gouvernements et cela ne va pas
s'arrêter là. Le fait que les citoyens ne
contrôlent pas les décisions qui établissent la
direction de l'économie et que les intérêts privés
étroits ont été politisés par cette porte
tournante entre le cabinet, le conseil privé, les
consultants privés et les oligopoles pose un grand
danger pour la population et l'environnement
naturel. Toutes les décisions importantes
économiques et politiques doivent être entre les
mains du peuple par un processus politique
démocratique renouvelé qui bloque les voies
actuellement utilisées pour priver le peuple du
pouvoir de décider.
Note
1. Voir LML
du 24 janvier 2014
Radio-Canada a révélé que l'ex-premier ministre
du Canada Jean Chrétien a tenu des négociations
secrètes avec des représentants de la Tokyo
Electric Power Corporation (TEPCO) - Société
d'énergie électrique de Tokyo - et d'autres
représentants en position d'autorité au Japon pour
importer leurs déchets radioactifs au Canada et
les enfouir au Labrador. Jean Chrétien a été le
premier ministre du gouvernement libéral du Canada
de 1993 à 2003. Il travaille maintenant
avec la firme d'avocats internationale Dentons,
qui a enregistré un revenu brut de près de 3
milliards de dollars en 2019. Dentons est la
firme-conseil des promoteurs du projet secret pour
importer des déchets nucléaires associés à une
entreprise nommée Terra Vault.
Radio-Canada a obtenu des courriels échangés par
Jean Chrétien et les gens d'affaires japonais liés
à l'industrie nucléaire et les médias de masse.
L'ancien premier ministre, que Dentons décrit
comme un « proche conseiller » de l'actuel
premier ministre, Justin Trudeau, a aidé à
rapprocher deux membres de l'élite japonaise et
Tim Frazier, un ancien conseiller du gouvernement
des États-Unis en matière d'énergie nucléaire et
le principal investisseur dans Terra Vault, et
Albert Barbusci, le chef d'entreprise et
investisseur montréalais qui est un promoteur du
stockage de déchets nucléaires d'autres pays au
Canada[1].
Les deux Japonais sont Takuya
Hattori, conseiller principal du Forum industriel
atomique du Japon et ancien vice-président de
TEPCO, et Hisafumi Koga, ancien président de
l'agence de nouvelles Kyodo, la plus grande du
Japon, qui dirige maintenant sa branche de
relations publiques. Toutes ces personnes devaient
se rencontrer en février 2020 pour discuter
en personne de comment poursuivre le projet, mais
la rencontre a été remise à cause de la pandémie.
Radio-Canada écrit : « Des mois après la
lettre de Jean Chrétien au responsable de
relations publiques japonais, la réponse de
Hisafumi Koga en septembre 2019 illustre le
caractère secret de ces discussions. 'Comme le
succès du projet dépend de la coopération de
toutes les parties prenantes, il faut empêcher la
fuite des informations avec le plus grand soin',
écrit Hisafumi Koga, qui acceptait l'invitation à
une rencontre au Canada. 'Je comprends que j'y
serai à titre personnel', a
dit Koga. Takuya Hattori, qui occupait un poste de
direction à TEPCO, l'entreprise impliquée dans
l'accident nucléaire de Fukushima, devait aussi
participer au voyage, selon les courriels. »
Radio-Canada a aussi obtenu des courriels de
l'investisseur montréalais Albert Barbusci et
d'associés de Dentons. Radio-Canada écrit : «
Un courriel de juin 2020 de monsieur Barbusci
parle d'une 'transition en douceur' après la
démission du premier ministre de
Terre-Neuve-et-Labrador Dwight Ball qui est entrée
en vigueur en août. 'Comme vous le savez
peut-être, le premier ministre Ball (du Parti
libéral) a annoncé qu'il va démissionner et qu'un
nouveau chef sera nommé le 3 août [2020].
Cela dit, nous prévoyons rester en contact avec le
premier ministre Dwight Ball de sorte que la
transition devrait se faire en douceur', écrit
Barbusci.
« Il y a quatre ans, il a été révélé que le chef
de cabinet du premier ministre Dwight Ball, Greg
Mercer, n'avait pas révélé à temps ses activités
passées de lobbyiste. Une partie de son lobbying
avait impliqué la compagnie qui est au centre du
groupe engagé dans le projet de stockage
nucléaire, Terra Vault. Frazier, l'ancien
conseiller en matière nucléaire du gouvernement
des États-Unis et un autre joueur important du
projet, est un des principaux actionnaires de
Terra Vault. Il a refusé de parler à Radio-Canada.
[...]
« [L'ancien premier ministre] Dwight Ball a aussi
déclaré, jeudi, que Jean Chrétien lui avait
mentionné l'idée d'un DGP (dépôt géologique en
profondeur) au Labrador. »
« Je lui ai répondu rapidement qu'en tant que
premier ministre, mon gouvernement n'était pas
intéressé à entamer des discussions avec ses
clients sur cette question, écrit Dwight Ball.
Albert Barbusci a dit qu'il n'était pas au courant
de l'incident relatif au lobbying [avec le chef de
cabinet de Dwight Ball, Greg Mercer] et que cela
s'est produit avant qu'il ne s'implique dans le
projet de DGP. Il a aussi dit que l'endroit du
site n'était pas encore décidé. »
« Un conseiller de confiance »
Dans un courriel adressé à tous ceux qui étaient
impliqués dans le projet de déchets nucléaires, un
avocat de Dentons du nom de Terry Didus vante les
relations de Jean Chrétien avec l'actuel
gouvernement fédéral du Parti libéral et qualifie
l'ancien premier ministre de « conseiller de
confiance » du premier ministre Justin
Trudeau. Après que les libéraux de Trudeau ont été
réélus en 2019 à la tête d'un gouvernement
minoritaire, Terry Didus a écrit à ces mêmes
personnes : « Bonne nouvelle : les
libéraux sont de retour ! » Puis,
quelque temps après : « Meilleure
nouvelle ! Jean [Chrétien] vient d'être
'désigné' par Justin Trudeau comme son 'conseiller
de confiance' [...] Essentiellement, Jean sera au
courant de toutes les grandes décisions politiques
à venir. »
Lors de l'entrevue avec Radio-Canada, Jean
Chrétien a semblé irrité par le courriel de Terry
Didus et il a nié la suggestion qu'il était un «
conseiller de confiance » et un «
lobbyiste ». Il a dit : « Je ne suis pas
son conseiller de confiance [à Trudeau]. [...] Je
ne fais pas de lobby pour personne. Je vous l'ai
dit. »
Dans la même entrevue, Jean Chrétien a défendu
une fois de plus le projet de stocker les déchets
radioactifs du Japon, disant que « nous avons une
responsabilité de stocker le matériel nucléaire
utilisé ». Il a dit qu'il agissait «
simplement à titre d'avocat et avait accepté de
signer la lettre en 2019 lorsque des
collègues de la firme le lui ont demandé. Nous, le
Canada, on a été des vendeurs d'uranium,
c'est-à-dire qu'on a profité de ce problème. Parce
qu'on a vendu de l'uranium. Alors, on aurait une
responsabilité d'aider à régler le
problème. »
Jean Chrétien a aussi présenté l'énergie
nucléaire comme quelque chose de vert et une
option pour lutter contre les changements
climatiques. Selon Radio-Canada, Jean Chrétien «
croit que l'énergie atomique est une des solutions
pour combattre les changements climatiques ».
Tout ceci révèle le gâchis
nauséabond de laisons de toutes sortes entre les
gouvernements, les intérêts privés étroits, la
porte tournante des gens au gouvernement, puis,
hors du gouvernement, qui utilisent leurs liens
pour faire avancer leurs propres intérêts privés
étroits tout en servant les intérêts des
oligopoles qui contrôlent des secteurs entiers de
l'économie. Cela confirme que les véritables
conflits d'intérêts qu'on cherche à cacher sont
ceux qui tiennent du fait que ce qu'on appelle
démocratie est faite de personnes au gouvernement
qui prennent des décisions en secret pour servir
des intérêts privés étroits et de simples sujets
qui n'ont pas leur mot à dire sur les décisions
qui affectent leur vie.
Le but de l'économie, qui est de faire le profit
maximum dans le moins de temps possible, empêche
les scientifiques et les techniciens d'accomplir
un travail qui tient compte de tous les aspects.
En ce qui concerne l'industrie nucléaire, les
oligarques en contrôle de l'économie et de la
politique canalisent les efforts scientifiques
vers la production d'énergie et de bombes
nucléaires tout en laissant pratiquement de côté
la question connexe des déchets nucléaires. Les
scientifiques ont eux-mêmes accusé l'oligarchie de
faire peu ou rien du tout pour faire de la
recherche et découvrir ce qu'il faut faire avec
les déchets nucléaires, sans parler du problème de
la conduite des affaires internationales sans
violence. Les scientifiques et d'autres personnes
disent que stocker les déchets nucléaires, peu
importe où, est irresponsable et que ce n'est pas
une solution viable à long terme. Les déchets
radioactifs qui ne peuvent pas être recyclés pour
produire de l'énergie sont encore très dangereux
et nocifs. L'exposition à une certaine quantité,
même pendant un bref moment, peut tuer un humain.
Le secret entourant le projet de déchets
nucléaires va à l'encontre du besoin moderne
d'informer le peuple sur tous les enjeux et de
bâtir des formes qui permettent la discussion sur
une base de masse et la prise de décision qui
donne une voix au peuple. Il est tout à fait
aberrant qu'une poignée d'hommes ou de femmes
puissants aient des discussions secrètes et
prennent des décisions qui affectent
l'environnement social et naturel et la vie des
résidents et de la faune du Labrador. On pourrait
certainement leur demander pour qui ils se
prennent mais la question urgente qui se pose est
de les arrêter et d'arrêter leurs négociations
secrètes ! Non à l'importation des déchets
nucléaires radioactifs du Japon ! Non à leur
enfouissement au Labrador !
Note
1. Barbusci
est le PDG de Sydney Harbour Investment
Partners, qui « a été formé spécifiquement pour
rassembler le consortium d'affaires requis pour
développer le méga-terminal en eau profonde de
Novaporte à Sydney en Nouvelle-Écosse. Il a
aussi établi l'agence de publicité basée à
Montréal Cadence Communications, fondée en 1980.
« Selon le registre des lobbyistes [de
Nouvelle-Écosse], Terra Vault partage une
adresse à Montréal avec Sydney Harbour
Investment Partners, dont Jean Chrétien a été un
conseiller international. En 2018, la GRC de
Nouvelle-Écosse a fait une enquête sur Jean
Chrétien en rapport à des allégations de lobby
illégal auprès du premier ministre d'alors
Stephen McNeil au sujet d'une proposition de
port. La GRC avait dit qu'elle n'avait trouvé
aucun méfait. » (La Presse canadienne, le
1er avril 2021)
Cela semble être la norme en ce
qui concerne les enquêtes de la GRC pour méfait
par des membres de l'élite.
Le fait que l'ancien premier ministre Jean
Chrétien et d'autres passent de la politique à la
défense d'intérêts privés et vice-versa révèle que
la politique a dégénéré au point que les riches
oligarques contrôlent leurs entreprises, les
cartels et leurs gouvernements. Ils se déplacent
facilement d'un secteur à l'autre et prennent des
décisions qui affectent le peuple, l'économie et
la société. Cela révèle la corruption de la
politique officielle et de la grande entreprise où
les participants servent des intérêts privés
étroits au mépris du peuple, de l'économie, de la
société et de la Terre Mère.
Dans une entrevue accordée à l'émission Enquête
de Radio Canada, Jean Chrétien a tenté de défendre
le projet d'enfouir les déchets nucléaires des
pays étrangers au Labrador. Il a déclaré que le
Canada, en tant que « meilleur vendeur
d'uranium », avait la responsabilité d'aider
à nettoyer les déchets nucléaires parce qu'il
gagnait de l'argent en vendant de l'uranium
utilisé pour produire de l'énergie nucléaire et
des bombes. Le fait que, pour Chrétien et d'autres
de son acabit, stocker des déchets nucléaires dans
un trou dans le sol soit synonyme de «
nettoyer », montre leur arrogance et à quel
point ils agissent de manière intéressée et sont
devenus superflus. Parler comme ils le font ne les
dérange aucunement, car ce ne sont probablement
pas leurs familles qui vivront à côté des sites
d'enfouissement.
Selon Radio Canada, les courriels rédigés
par Chrétien en 2019 et 2020
disent : « Nous avons une certaine
responsabilité, je crois, et si nous pouvons
aider, nous devrions le faire. Le Canada est le
premier fournisseur de combustible nucléaire
depuis de nombreuses années, et j'ai toujours
pensé qu'il est tout à fait normal que le Canada
devienne en fin de compte l'intendant et le garant
du stockage sécuritaire des combustibles
nucléaires irradiés après son premier cycle de
service. J'organiserai et participerai aux
discussions au Canada, avec ses provinces et avec
les pays partenaires potentiels pour faire avancer
le concept d'un dépôt en profondeur dans le
nord-est du Canada. »
Pour sa part, Tokyo Electric Power Corporation
(TEPCO) connaît bien cette méthode car elle
propose de simplement rejeter dans l'océan
Pacifique l'eau contaminée de ses quatre réacteurs
nucléaires endommagés à Fukushima. En fait, les
forces d'occupation militaires des États-Unis ont
privatisé le secteur de l'électricité au Japon
en 1951, créant TEPCO avec huit autres
entreprises privées dans lesquelles les oligarques
américains pourraient investir. TEPCO possède onze
réacteurs nucléaires au Japon, dont quatre
réacteurs détruits par le tsunami en 2011
dans son usine de Fukushima Daiichi. L'entreprise
n'a pas réussi à démanteler les réacteurs
endommagés, qui continuent d'émettre une
contamination radioactive empêchant le retour
de 160 000 anciens résidents et
l'assainissement de la zone. Les réservoirs de
confinement d'urgence dans lesquels est entreposée
l'eau contaminée des canalisations pour refroidir
les coeurs des réacteurs approchent de leur
capacité. TEPCO a demandé l'autorisation de
rejeter l'eau toxique dans l'océan Pacifique, ce
qui met en colère les pêcheurs et d'autres
personnes préoccupées par une telle pratique.
Le concept de « stockage sécuritaire de
combustible nucléaire irradié dans un dépôt en
profondeur » est réfuté par plusieurs
scientifiques et d'autres personnes. En réponse à
la nouvelle du projet de transport des déchets
nucléaires du Japon pour le stockage au Canada,
Mycle Schneider, un consultant international en
énergie nucléaire basé à Paris, a déclaré : «
Ma première réaction a été une de stupéfaction à
quel point des gens extrêmement haut placés se
rassemblent dans une espèce de conspiration
incroyable, clairement destinée à garder au secret
un plan. »
Radio-Canada rapporte que « Schneider dont
l'expertise est recherchée partout dans le monde,
a dit que ce genre de projet doit être mené par
des gouvernements, et non par des sociétés
privées. ‘Nous ne parlons pas de construire un
garage quelque part. Nous parlons d'un projet
extrêmement complexe qu'aucun pays au monde n'a
jusqu'à présent mis en oeuvre avec succès et, vous
savez, de stockage de matières radioactives'.
Schneider conteste également la volonté explicite
du groupe de garder ses plans secrets, considérant
‘les dangers des substances impliquées' ».
Radio-Canada
poursuit : « La pratique est connue comme un
'dépôt géologique en profondeur' ou DGP. La
Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN)
du Canada a essayé pendant des années de
construire un DGP pour enfouir les déchets des
centrales nucléaires canadiennes, y compris en
Ontario. »
Mycle Schneider a dit à Radio-Canada que
les courriels montrent que ce projet se concentre
sur la collaboration avec d'autres pays pour
stocker leurs déchets, à commencer par le Japon,
ce qui n'a pas été fait auparavant. « Et il y a de
bonnes raisons, a dit Schneider. Ce sont des
matières extrêmement radioactives. À un mètre de
distance, si un combustible irradié n'est pas
protégé, la dose létale pour un humain c'est en
moins d'une minute. »
Le problème pour beaucoup est que les
gouvernements ne sont pas sous leur contrôle. Les
DGP, que ce soit au Canada ou ailleurs, empêchent
la poursuite des recherches nécessaires pour
trouver une méthode sécuritaire pour manipuler,
recycler ou éliminer autrement les déchets
nucléaires. Les oligarques en contrôle veulent que
le peuple ignore le problème et accepte les DGP
comme la seule possibilité sans discussion et sans
mérite scientifique. Sous le néolibéralisme, le
rôle des gouvernements est de ne pas permettre que
soit posé le problème du besoin de remplacer le
système qui amène et maintient ces gouvernements
au pouvoir.
Le Japon est situé le long de la ceinture de feu
du Pacifique, une région exposée aux éruptions
volcaniques, aux tremblements de terre et aux
tsunamis. Les DGP ne peuvent même pas être
envisagés à proximité de la ceinture de feu, ce
qui soulève la question de savoir pourquoi les
impérialistes ont construit tant de centrales
nucléaires dans tout le Japon sans se demander
quoi faire avec les déchets nucléaires et sans se
soucier des dangers encourus pour les centrales
nucléaires face aux tremblements de terre et aux
tsunamis. Il convient de noter que les États-Unis
ont construit six centrales nucléaires en
Californie au-dessus ou à proximité de la faille
de San Andreas, qui est une section de la ceinture
de feu.
On pourrait décrire l'activité de Jean Chrétien
comme un abus criminel de pouvoir et de sa
position en tant qu'ancien premier ministre. Le
problème ne se réduit pas au mauvais comportement
de Chrétien. Le problème est structurel, en ce
sens qu'il est inhérent au système impérialiste
lui-même. La segmentation privée de l'économie en
éléments qui rivalisent les uns avec les autres,
leur motif et leur contrôle intéressés et les
formes existantes de prise de décision sur
l'économie et en politique sont anachroniques. Ils
ne reflètent pas la réalité d'une économie
interreliée qui nécessite la coopération à
avantage réciproque. Ils ne reflètent pas comment,
au XXIe siècle, les gens vivent, produisent et
sont en relations les uns avec les autres.
L'objectif de l'économie et les formes de la
politique ne sont pas ce qu'ils doivent être dans
un Canada moderne où les gens doivent avoir le
pouvoir de décider sur ces questions qui affectent
leur vie, la société et la nature d'une manière
qui sert l'intérêt général.
L'objectif de l'économie est le profit privé
alors que tout ce qui touche à l'économie est
public et social. L'économie est publique et
sociale puisqu'elle concerne non seulement ceux
qui y participent directement mais des populations
entières, leurs sociétés et les relations entre
les humains et les humains et entre les humains et
la nature. Des décisions importantes ne peuvent
pas être fondées sur des considérations privées
étroites. La technique requise pour produire et
distribuer le produit social partout dans le monde
est d'une telle complexité et est si interreliée
que chaque décision doit prendre en compte
l'objectif et qui il sert.
Le
processus de prise de décision qui sert l'objectif
de réaliser le maximum de profit privé des
conditions socialisées ne peut pas continuer.
Cette pratique se heurte à la réalité, comme par
exemple la production d'énergie nucléaire sans
considérer et planifier ce qui adviendra des
déchets nucléaires et dans quels endroits bâtir
des usines nucléaires. L'objectif et les formes de
contrôle de l'économie doivent être modernisés
afin que toutes les caractéristiques de la
production et de la distribution soient prises en
compte sur la base de ce qui sert le peuple, la
société et la Terre Mère et affirme le droit du
peuple d'établir lui-même la direction de
l'économie.
Toutes les décisions importantes sur l'économie
et la politique doivent être publiques et
sociales. Ces manigances secrètes de la part d'un
ancien premier ministre doivent être considérées
comme criminelles. Les positions d'influence
basées sur la richesse privée et le privilège
doivent être abolies. Les actions telles que
décrites dans les courriels et les commentaires
des gens impliqués dans cette conspiration visant
à importer et à ensevelir des déchets radioactifs
révèlent une élite dirigeante incapable même de
faire la distinction entre le bien et le mal,
l'autocratie et la démocratie, la science et
l'obscurantisme intéressé, et les principes et
l'opportunisme. Elles révèlent l'état de
dégradation et de corruption des institutions et
de la pensée démocratiques libérales et comment
celles-ci doivent être balayées et faire place au
nouveau.
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