La Clinique juridique communautaire des travailleurs accidentés réclame la restitution des fonds aux travailleurs accidentés
La
Clinique juridique communautaire des travailleurs
accidentés (IWC) commence son mémoire en rejetant
les prémisses de la consultation et en exigeant
que le gouvernement « rende aux travailleurs
accidentés ce qui leur a été enlevé au nom de
l'élimination du passif non capitalisé
(PNC) ». L' IWC et d'autres ont toujours
souligné
qu'il n'y a aucune raison pour qu'un système
public comme la CSPAAT (Commission de la sécurité
professionnelle et de l'assurance contre les
accidents du travail) ait besoin d'un état
permanent de financement complet. Autrement dit,
le « passif non capitalisé » est une ruse.
La clinique souligne que la consultation
elle-même était biaisée parce qu'elle était basée
sur un rapport d'examen opérationnel commandé par
le ministre du Travail en 2019, le rapport
Speer-Dykeman de novembre 2020, qui n'a pas
examiné l'historique du passif non capitalisé et
qui a payé pour cela. Ce faisant, l'IWC soutient
que
« le rapport s'est dégagé de la responsabilité
d'examiner ce qui a créé le passif non capitalisé
en premier lieu (des primes artificiellement
basses) et qui a payé pour son élimination (les
travailleurs accidentés) » et affirme que cet
historique « n'est pas seulement une partie
importante de la compréhension de ce que le
gouvernement et la
CSPAAT devraient faire à ce moment historique mais
que c'est l'élément le plus important pour ouvrir
une voie vers l'avant ».
Événements historiques importants
Le gouvernement de Mike Harris a effectué des
compressions dans les années 1990, dont 15,2
milliards $ avec la loi 99 en 1996 qui a réduit
les ajustements au coût de la vie, réduit les
prestations pour perte de revenus de 90 % à 85 %
du montant net, réduit de moitié la prestation
pour perte de revenus à la retraite et réduit les
prestations pour la douleur chronique.
Dans
les années 2000, le gouvernement de Dalton
McGuinty a imposé de nouvelles réductions des
prestations afin de réduire le « passif non
capitalisé » en étendant le processus de «
présomption » qui « prétend que les
travailleurs ont un emploi qu'ils n'ont pas. Le
gouvernement a réduit leurs prestations du montant
en salaire qu'ils
gagnent prétendument dans cet emploi
fictif », il a réduit l'indemnisation en
fonction de « conditions préexistantes » et
en ignorant l'avis des médecins traitants des
travailleurs accidentés. Le responsable de cet
assaut contre les droits à l'indemnisation des
travailleurs accidentés, David Marshall, a
ouvertement déclaré qu'il introduirait
des mesures « dures, dures, dures » et qu'il
mettrait son équipe au défi de « réduire de moitié
le taux de bénéficiaires (d'indemnisation) de
longue durée ».
L'IWC souligne qu'« au moment de ces
compressions, cependant, les travailleurs
accidentés ont été informés de manière sans
équivoque qu'une fois le passif non capitalisé
éliminé, certaines de ces prestations coupées
commenceraient à être rétablies."
« Enfin, rien qu'au cours des deux années
précédant le rapport, les employeurs ont déjà été
récompensés par une réduction de 47,1 %
des taux de cotisation depuis 2019, ce qui
leur a déjà permis d'économiser des milliards de
dollars.
« Un observateur le moindrement sensé pourrait
conclure que, puisque les employeurs ont déjà été
récompensés par des réductions massives des taux
de cotisation, il ne devrait y avoir qu'un seul
type de consultation maintenant : comment
rendre une partie des prestations aux travailleurs
accidentés qui ont été forcés de faire les
sacrifices
qui ont éliminé le passif non capitalisé. »
L'IWC explique que la CSPAAT a créé l'excédent en
ne versant pas de prestations aux travailleurs.
Elle rapporte que « les propres rapports
financiers annuels de la CSPAAT révèlent
qu'entre 2010 et 2015 seulement, les
prestations versées aux travailleurs accidentés
ont été réduites de moitié, passant de 4,809
milliards
de dollars à 2,332 milliards de
dollars », tout cela par des compressions que
l'IWC analyse en détail. Il s'agit notamment de la
présomption, de la non-indemnisation des lésions
chroniques de stress mental liées au travail
malgré les changements législatifs de 2016
qui exigeaient que ces lésions soient couvertes de
la même manière
que les autres lésions, du rejet des réclamations
pour maladies professionnelles et d'une réduction
de 65 % des règlements pour lésions
permanentes sans réduction correspondante des taux
de lésions.
La
suppression des réclamations, c'est-à-dire les
efforts des employeurs par l'intimidation ou des
moyens plus subtils pour empêcher les travailleurs
de présenter des réclamations, est également un
facteur, rendu possible par l'absence d'audit et
d'enquête efficaces sur la suppression des
réclamations. L'IWC indique :
« Nous savons que la CSPAAT n'hésite pas à
signaler, à intensifier et à enquêter de manière
approfondie sur tout comportement qu'elle juge «
suspect » du côté des travailleurs, allant
jusqu'à engager des détectives privés coûteux et
envahissants pour filer les travailleurs ».
Nous n'avons pas de preuve à l'appui, mais nous
n'observons pas et n'entendons pas parler d'un
même niveau d'effort, de ressources et de réponse
lorsqu'il s'agit d'enquêter sur le comportement
suspect d'un employeur.
« Une réclamation supprimée, au fond, est une
réclamation que la CSPAAT n'a pas à payer, ce qui
permet à la Commission de réaliser d'énormes
économies. Le fait de retourner le ‘surplus' de
primes aux employeurs avant de doter le personnel
de la Commission de mandats d'enquête et de
ressources solides est une autre raison pour
laquelle
les travailleurs accidentés se sentent ‘humiliés'
par ce processus de consultation. »
L'IWC propose que, « dans la foulée de
l'augmentation du financement de la CSPAAT, le
gouvernement devrait apporter les changements
législatifs suivants pour donner la priorité aux
travailleurs accidentés, dans le but de ramener le
système au moins au niveau où il était avant que
les compressions liées au passif non capitalisé ne
commencent dans les années 1990 ».
Les changements législatifs proposés comprennent :
- augmentation du taux de perte de gains
de 85 % à 90 %;
-
remplacement rétroactif complet des prestations
liées à l'ajustement au coût de la vie;
- augmentation du pourcentage de prestations
pour perte de revenu de retraite, actuellement
de 5 %, réduit du 10 % qu'il
était par la loi 99 en 1996;
- une augmentation du taux de la prestation
pour perte non économique par l'établissement
d'un « taux de base » approprié, plus
conforme aux indemnités accordées dans les cas
de dommages corporels ou par les assurances
privées;
- un financement indépendant pour le Réseau
ontarien des groupes de travailleurs accidentés
(ONIWG) afin de lui permettre de participer aux
consultations sur la meilleure façon de financer
la CSPAAT.
En conclusion, lançant l'appel à la restitution
immédiate des fonds aux travailleurs, l'IWC
déclare :
«
Cette consultation est entravée par le refus du
rapport Speer-Dykeman d'examiner comment le passif
non capitalisé a été éliminé et qui l'a payé. Par
conséquent, elle pose les mauvaises questions et
vise à récompenser la mauvaise partie pour la
soi-disant ‘victoire' sur le passif non
capitalisé. En d'autres termes, le ministre du
Travail a reçu
un avis partial et incomplet, et devrait faire
preuve de dignité et de respect envers les
travailleurs accidentés qui ont tellement subi de
pertes pendant plus de deux décennies, en
restituant les prestations qui ont été réduites au
fil du temps. Ci-dessus, nous avons énuméré
quelques mesures qui pourraient être prises pour
commencer à redresser les
compressions qui ont été faites dans le système
d'indemnisation, et commencer à restaurer la
confiance parmi les travailleurs accidentés.
« Enfin, essayez de vous mettre à la place des
travailleurs accidentés qui, collectivement, ont
vu des milliards de dollars être amputés de leurs
chèques de prestations pendant des décennies, tout
en se faisant dire que ‘les choses iront mieux
lorsque nous serons financés', pour constater que
la récompense de leurs sacrifices est une
consultation
sur la manière de répartir les prestations perdues
entre les employeurs. Ce sont ces mêmes employeurs
qui les ont lésés et dont beaucoup ont peut-être
supprimé et géré leurs réclamations et celles de
leur communauté. Qui sont protégés contre les
poursuites judiciaires, qu'ils soient négligents
ou non. Qui font campagne publiquement pour un
système qui en fait moins pour les travailleurs
accidentés .
« Nous ne faisons pas ces mémoires uniquement
parce que nous sommes du côté des travailleurs.
Nous les faisons parce que nous sommes du côté de
l'équité. Nous pensons avoir démontré que se
précipiter pour retourner de l'argent aux
employeurs n'est pas une approche équitable pour
l'élimination du passif non capitalisé. »
Pour lire le texte intégral du mémoire de la
Clinique juridique communautaire des travailleurs
accidentés, cliquer ici
Cet article est paru dans
Numéro 98 - 22 octobre 2021
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