À titre
d'information
Les travailleurs étrangers temporaires dans les usines de transformation de la viande
Le rapport « Travailleurs étrangers de
l'industrie de la fabrication d'aliments au
Canada » a été publié par Statistique Canada
en avril 2021. Forum ouvrier offre
un sommaire du rapport touchant à l'industrie de
transformation de la viande. Pour l'étude
intégrale, cliquez ici
Selon
le rapport, le terme « travailleur étranger »
désigne « un résident temporaire qui travaille au
Canada et qui reçoit un feuillet T4 (État de la
rémunération payée) d'un employeur de l'industrie
de la fabrication d'aliments. Cela englobe les
résidents temporaires qui sont autorisés à
travailler avec un permis de travail (p. ex. en
vertu du
Programme des travailleurs étrangers temporaires
[PTET] ou du Programme de mobilité internationale
[PMI]), ainsi que ceux qui sont autorisés à
travailler sans permis (p. ex. les demandeurs
d'asile), certains titulaires de permis d'études
et ceux qui détiennent un autre type de permis, à
l'exception des visas de visiteurs. Les résidents
permanents ne
sont pas considérés comme des travailleurs
étrangers ».
Selon le rapport, il y avait 3 800
travailleurs étrangers temporaires dans le secteur
de la transformation de la viande en 2017,
soit 3,9 % de tous les travailleurs. Les
« travailleurs étrangers » dans l'industrie
de transformation de la viande sont principalement
des hommes (76 %)
et 88 % ont moins de 45 ans et plus
de la moitié moins de 35 ans. Près
de 90 % travaillent dans des usines
ayant plus de 100 travailleurs. Ils sont
concentrés dans les provinces des Prairies
(43 %) et au Québec (33 %). La majorité
d'entre eux ne sont pas recrutés par le PTET, mais
par le
Programme de mobilité internationale.[1]
Le rapport révèle un énorme écart de salaire
entre les « travailleurs étrangers » et tous
les travailleurs au Canada. Dans toutes les
industries, les « travailleurs étrangers »
constituent 2,9 % de tous les travailleurs
mais ne gagnent que 1,6 % de leur
salaire. Dans la transformation de la viande, ils
représentent 3,9 % de tous les
travailleurs, mais ne gagnent que 2,4 %
de toutes les rémunérations.
La résidence permanente
Une autre donnée importante du rapport est le
déclin du nombre de travailleurs étrangers
temporaires qui obtiennent le statut de résidence
permanente. Le rapport couvre la période
de 2005 à 2017.
Le rapport a examiné le cas des travailleurs qui
ont obtenu leur premier permis de travail
entre 2005 et 2013. Il a trouvé que près
des deux tiers (63,2 %) de la cohorte
d'entrée de 2005 a fait la transition vers le
statut de résident permanent à un moment donné
entre son année d'entrée et 2018, la fin de
la période
d'observation. En outre, 49,5 % de la
cohorte de 2005 a effectué une transition au cours
des cinq premières années depuis son arrivée
et 23 %, au cours des deux premières
années suivant son arrivée au Canada. En revanche,
seulement 41,7 % de la cohorte de 2013 a
fait la transition vers le statut de résident
permanent au cours des cinq premières années
suivant son arrivée (soit de 2014
à 2018), et seulement 5,4 %, au
cours des deux premières années.
Ceci met en évidence l'impact qu'a eu la « règle
de 4 ans » imposée par le gouvernement
Harper en 2014 en vertu de laquelle le permis
de travail d'un travailleur étranger temporaire
était échu après qu'il avait travaillé au Canada
pendant quatre ans et qu'il ne pouvait par la
suite obtenir un nouveau permis de travailleur
avant
quatre ans. Bien que le gouvernement Trudeau ait
retiré cette règle, il a été totalement
indifférent à la situation des travailleurs qui se
sont retrouvés sans papiers à cause de cette
règle. Nous ne savons pas combien de travailleurs
sans-papiers demeurent au Canada dont l'emploi
n'est pas reflété dans le rapport de Statistique
Canada, puisqu'ils
travaillent dans « l'économie parallèle ».
Compétences
transformation alimentaire Canada (CTAC) a mené un
sondage d'information sur le marché du travail
pour l'industrie canadienne de transformation de
la viande.[2]
Selon le sondage, il y avait 60 000
travailleurs dans l'industrie de transformation de
la viande et 7 300
postes vacants. En 2017, 1 800
travailleurs (ou 3 % de la population
active) ont été embauchés par le biais du PTET.
Les travailleurs étrangers temporaires, ainsi que
les immigrants et réfugiés récents,
représentent 13 % de la main-d'oeuvre de
l'industrie.
Le rapport conclut : « Nonobstant le succès
obtenu par les employeurs avec le PTET, personne
ne considère que c'est une panacée (i.e. c'est
très dispendieux et inaccessible pour la plupart
des compagnies). C'est plutôt perçu comme une
mesure improvisée face à un problème chronique.
Les employeurs se tournent plutôt vers la
migration
à la fois domestique et internationale pour
répondre aux besoins de main-d'oeuvre, revitaliser
leurs communautés et développer leurs
entreprises. »
Cette déclaration indique que malgré le
recrutement de travailleurs étrangers temporaires
par les géants mondiaux de transformation de la
viande de façon importante pendant plus de 15 ans,
ceux-ci ont toujours un gros roulement de
personnel à cause des conditions de travail et des
salaires inacceptables qui sont le propre de
l'industrie sous la
mondialisation néolibérale. Bien qu'ils jurent
vouloir de l'immigration et non des travailleurs
étrangers temporaires, les monopoles de la
transformation de la viande continuent de
revendiquer un nombre croissant de travailleurs
migrants, et la tendance est que moins de
travailleurs, et non plus de travailleurs,
deviennent des résidents
permanents.
Notes:
1. Les
Programmes de mobilité internationale
comprennent les conjoints de « travailleurs
qualifiés » qui viennent au Canada via les
programmes d'Entrée express, des travailleurs en
voie d'obtenir leur résidence permanente, les
conjoints d'étudiants internationaux et des
participants aux programmes d'échange
internationaux tels qu'Expérience internationale
Canada (EIC) qui fournit des « visas de vacances
et de travail » pour les jeunes des pays
suivants : Australie, Autriche, Belgique,
Chili, Costa Rica, Croatie, République Tchèque,
Danemark, Estonie, France, Allemagne, Grèce,
Hong Kong, Irlande, Italie, Japon, Corée
(République de),
Lettonie, Lituanie, Mexique, Pays-Bas,
Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal,
Saint Marin, Slovaquie, Espagne, Suède, Suisse,
Taïwan, Ukraine et Royaume-Uni.
2. Pour le
sondage sur le marché du travail de Compétences
transformation alimentaire du Canada, cliquez
ici.
Cet article est paru dans
Numéro 96 - 18 octobre 2021
Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/FO2021/Articles/FO06962.HTM
Site Web: www.pccml.ca
Email: redaction@cpcml.ca
|