À titre d'information

Les travailleurs étrangers temporaires dans les usines de transformation de la viande

Le rapport « Travailleurs étrangers de l'industrie de la fabrication d'aliments au Canada » a été publié par Statistique Canada en avril 2021. Forum ouvrier offre un sommaire du rapport touchant à l'industrie de transformation de la viande. Pour l'étude intégrale, cliquez ici

https://www.cpcml.ca/francais/Images2019/Slogans/NonAuTraficDEtresHumains2.JPGSelon le rapport, le terme « travailleur étranger » désigne « un résident temporaire qui travaille au Canada et qui reçoit un feuillet T4 (État de la rémunération payée) d'un employeur de l'industrie de la fabrication d'aliments. Cela englobe les résidents temporaires qui sont autorisés à travailler avec un permis de travail (p. ex. en vertu du Programme des travailleurs étrangers temporaires [PTET] ou du Programme de mobilité internationale [PMI]), ainsi que ceux qui sont autorisés à travailler sans permis (p. ex. les demandeurs d'asile), certains titulaires de permis d'études et ceux qui détiennent un autre type de permis, à l'exception des visas de visiteurs. Les résidents permanents ne sont pas considérés comme des travailleurs étrangers ».

Selon le rapport, il y avait 3 800 travailleurs étrangers temporaires dans le secteur de la transformation de la viande en 2017, soit 3,9 % de tous les travailleurs. Les « travailleurs étrangers » dans l'industrie de transformation de la viande sont principalement des hommes (76 %) et 88 % ont moins de 45 ans et plus de la moitié moins de 35 ans. Près de 90 % travaillent dans des usines ayant plus de 100 travailleurs. Ils sont concentrés dans les provinces des Prairies (43 %) et au Québec (33 %). La majorité d'entre eux ne sont pas recrutés par le PTET, mais par le Programme de mobilité internationale.[1]

Le rapport révèle un énorme écart de salaire entre les « travailleurs étrangers » et tous les travailleurs au Canada. Dans toutes les industries, les « travailleurs étrangers » constituent 2,9 % de tous les travailleurs mais ne gagnent que 1,6 % de leur salaire. Dans la transformation de la viande, ils représentent 3,9 % de tous les travailleurs, mais ne gagnent que 2,4 % de toutes les rémunérations.

La résidence permanente

Une autre donnée importante du rapport est le déclin du nombre de travailleurs étrangers temporaires qui obtiennent le statut de résidence permanente. Le rapport couvre la période de 2005 à 2017.

Le rapport a examiné le cas des travailleurs qui ont obtenu leur premier permis de travail entre 2005 et 2013. Il a trouvé que près des deux tiers (63,2 %) de la cohorte d'entrée de 2005 a fait la transition vers le statut de résident permanent à un moment donné entre son année d'entrée et 2018, la fin de la période d'observation. En outre, 49,5 % de la cohorte de 2005 a effectué une transition au cours des cinq premières années depuis son arrivée et 23 %, au cours des deux premières années suivant son arrivée au Canada. En revanche, seulement 41,7 % de la cohorte de 2013 a fait la transition vers le statut de résident permanent au cours des cinq premières années suivant son arrivée (soit de 2014 à 2018), et seulement 5,4 %, au cours des deux premières années.

Ceci met en évidence l'impact qu'a eu la « règle de 4 ans » imposée par le gouvernement Harper en 2014 en vertu de laquelle le permis de travail d'un travailleur étranger temporaire était échu après qu'il avait travaillé au Canada pendant quatre ans et qu'il ne pouvait par la suite obtenir un nouveau permis de travailleur avant quatre ans. Bien que le gouvernement Trudeau ait retiré cette règle, il a été totalement indifférent à la situation des travailleurs qui se sont retrouvés sans papiers à cause de cette règle. Nous ne savons pas combien de travailleurs sans-papiers demeurent au Canada dont l'emploi n'est pas reflété dans le rapport de Statistique Canada, puisqu'ils travaillent dans « l'économie parallèle ».

https://cpcml.ca/images2020/Rights/200822-Mtl-StatutMigrantRefugie08-LML.jpgCompétences transformation alimentaire Canada (CTAC) a mené un sondage d'information sur le marché du travail pour l'industrie canadienne de transformation de la viande.[2] Selon le sondage, il y avait 60 000 travailleurs dans l'industrie de transformation de la viande et 7 300 postes vacants. En 2017, 1 800 travailleurs (ou 3 % de la population active) ont été embauchés par le biais du PTET. Les travailleurs étrangers temporaires, ainsi que les immigrants et réfugiés récents, représentent 13 % de la main-d'oeuvre de l'industrie.

Le rapport conclut : « Nonobstant le succès obtenu par les employeurs avec le PTET, personne ne considère que c'est une panacée (i.e. c'est très dispendieux et inaccessible pour la plupart des compagnies). C'est plutôt perçu comme une mesure improvisée face à un problème chronique. Les employeurs se tournent plutôt vers la migration à la fois domestique et internationale pour répondre aux besoins de main-d'oeuvre, revitaliser leurs communautés et développer leurs entreprises. »

Cette déclaration indique que malgré le recrutement de travailleurs étrangers temporaires par les géants mondiaux de transformation de la viande de façon importante pendant plus de 15 ans, ceux-ci ont toujours un gros roulement de personnel à cause des conditions de travail et des salaires inacceptables qui sont le propre de l'industrie sous la mondialisation néolibérale. Bien qu'ils jurent vouloir de l'immigration et non des travailleurs étrangers temporaires, les monopoles de la transformation de la viande continuent de revendiquer un nombre croissant de travailleurs migrants, et la tendance est que moins de travailleurs, et non plus de travailleurs, deviennent des résidents permanents.

Notes:

1. Les Programmes de mobilité internationale comprennent les conjoints de « travailleurs qualifiés » qui viennent au Canada via les programmes d'Entrée express, des travailleurs en voie d'obtenir leur résidence permanente, les conjoints d'étudiants internationaux et des participants aux programmes d'échange internationaux tels qu'Expérience internationale Canada (EIC) qui fournit des « visas de vacances et de travail » pour les jeunes des pays suivants : Australie, Autriche, Belgique, Chili, Costa Rica, Croatie, République Tchèque, Danemark, Estonie, France, Allemagne, Grèce, Hong Kong, Irlande, Italie, Japon, Corée (République de), Lettonie, Lituanie, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Pologne, Portugal, Saint Marin, Slovaquie, Espagne, Suède, Suisse, Taïwan, Ukraine et Royaume-Uni.

2. Pour le sondage sur le marché du travail de Compétences transformation alimentaire du Canada, cliquez ici.


Cet article est paru dans

Numéro 96 - 18 octobre 2021

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https://cpcml.ca/francais/FO2021/Articles/FO06962.HTM


    

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