Les monopoles de transformation de la viande demandent
plus de travailleurs étrangers temporaires

Un statut permanent pour toutes et tous! Régularisation immédiate de tous les travailleurs migrants !

Le Conseil des viandes du Canada, qui représente les établissements d'emballage et de transformation de la viande enregistrés au fédéral, demande au gouvernement fédéral d'augmenter le nombre de travailleurs étrangers temporaires que les employeurs peuvent embaucher. À l'heure actuelle, le nombre de travailleurs étrangers temporaires est plafonné à 10 à 20 % de la main-d'oeuvre de chaque établissement. Toute usine qui a embauché des travailleurs étrangers temporaires avant 2014 est plafonnée à 20 %. Les entreprises demandent une augmentation à 30 % de l'ensemble des travailleurs des usines, soit environ 10 000 travailleurs étrangers temporaires. Elles souhaitent également la mise en place d'un « programme d'employeurs de confiance » permettant à ces employeurs d'embaucher 10 % supplémentaires de la main-d'oeuvre en tant que travailleurs étrangers temporaires, soit jusqu'à 40 %.

Le site Web du Conseil des viandes du Canada indique qu'il y a 4 166 postes à combler dans les usines de transformation de la viande à travers le pays, sur une main-d'oeuvre totale d'environ 34 000 personnes. Au Québec, le taux de vacance des emplois avoisine les 40 %, tandis qu'il est d'environ 20 % dans les usines de l'Alberta, selon le Conseil.

« Les Canadiens ne veulent pas devenir bouchers », a déclaré avec arrogance Marie-France Mackinnon, porte-parole du Conseil des viandes du Canada. En conséquence, les géants de la transformation de la viande perdent de l'argent parce qu'ils sont obligés de réduire leur production, s'est-elle plainte. Cette réponse scandaleuse ne fait que souligner le mépris total de ces oligopoles mondiaux envers les travailleurs. Les oligarques mondiaux qui ont réalisé des profits records pendant que les travailleurs tombaient malades et que beaucoup mouraient veulent maintenant se voir attribuer le titre d'« employeur de confiance ».

Les travailleurs de la transformation de la viande ont été particulièrement touchés par la COVID-19, avec de nombreux décès. Ils ont fait l'objet de menaces, d'intimidations et de harcèlement, notamment la pression pour les forcer à travailler pendant la pandémie alors qu'ils étaient malades. Seule l'action unie des travailleurs et de leurs syndicats a forcé la fermeture des usines où la COVID-19 sévissait et a obligé les entreprises à adopter des mesures de sécurité.

L'industrie de la transformation de la viande et de la volaille était déjà connue pour les conditions inhumaines imposées par la mondialisation néolibérale, malgré la résistance militante des travailleurs. Les conditions dangereuses qui affectent la santé et la sécurité des travailleurs ne sont pas apparues avec la COVID-19, mais celle-ci les a mises en lumière. Les vitesses vertigineuses des lignes de production étaient et restent un facteur important du taux élevé d'accidents et de maladies sur le lieu de travail bien avant la COVID-19. Il en va de même pour les bas salaires qui prévalent dans l'industrie.
Les géants de la transformation et de l'emballage de la viande dépendent fortement des travailleurs les plus vulnérables, notamment les réfugiés et les travailleurs sans papiers aux États-Unis, ainsi que les réfugiés et les travailleurs recrutés dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires au Canada. Il s'agit là d'un modèle néolibéral délibéré et intentionnel, qui s'appuie sur l'État pour agir comme trafiquant d'êtres humains. L'usine JBS de Brooks, en Alberta, en est un exemple. Lorsque la société américaine Tyson a acheté l'usine au début des années 1990, laquelle appartient maintenant à la société brésilienne JBS, elle est passée d'environ 500 travailleurs à ses 2 800 travailleurs actuels dans une ville qui comptait alors 12 000 habitants. Brooks a maintenant une population d'environ 16 000 habitants. Il est impossible de trouver des travailleurs à Brooks et dans les communautés environnantes pour faire face à une telle expansion. Ce n'est pas une coïncidence si l'une des destinations prévues pour l'installation des réfugiés afghans est Brooks, ainsi que d'autres villes de l'Alberta où se trouvent des usines de transformation de la viande et de la volaille.


Les bas salaires font partie intégrante du modèle néolibéral. En 1984, un emploi de premier échelon à l'usine de Brooks, alors connue sous le nom de Lakeside Packers, était payé 12 $ de l'heure, soit 26,25 $ en dollars de 2021. Le salaire de départ en 2021 est de 17,95 $ à 24,60 $ pour les emplois de production, selon le niveau de compétence et la formation et l'éducation requises. Les salaires restent très inférieurs aux niveaux antérieurs à la mondialisation néolibérale, malgré la longue bataille pour la syndicalisation et la grève militante de 2005 dans laquelle les travailleurs originaires du Soudan ont joué un rôle de premier plan.

L'élite dirigeante divise le peuple en catégories telles que les Canadiens, les travailleurs migrants ayant une voie vers la résidence permanente, les travailleurs migrants sans voie vers la résidence permanente, les travailleurs sans papiers confrontés à la mort civile, et ainsi de suite, afin de surexploiter ceux qui se voient accorder moins de droits.

Non seulement cette demande des géants de l'emballage et de la transformation de la viande doit-elle être rejetée, mais l'État canadien doit être tenu responsable de son rôle dans la traite des êtres humains et le déni des droits humains des travailleurs migrants. Le gouvernement Trudeau prétend offrir une « voie vers la résidence permanente » pour les travailleurs de ce secteur par le biais de programmes tels que le Programme d'immigration agroalimentaire. Cependant, ces programmes servent les besoins des riches pour attirer les travailleurs malgré leur horrible dossier d'abus et de négligence, alors que seuls quelques travailleurs seront acceptés comme résidents permanents. Cela montre la nécessité de régulariser immédiatement la situation de tous les migrants, réfugiés et sans-papiers dans le pays et de leur fournir un statut permanent dès maintenant, sans exception. La solution réside dans l'affirmation des droits de tous. Un statut pour toutes et tous ! est la revendication des travailleurs migrants, des organisations de défense des migrants et de la classe ouvrière canadienne.


Cet article est paru dans

Numéro 96 - 18 octobre 2021

Lien de l'article:
https://cpcml.ca/francais/FO2021/Articles/FO06961.HTM


    

Site Web:  www.pccml.ca   Email:  redaction@cpcml.ca