Les travailleurs s'unissent dans des actions collectives pour le respect et pour la défense de leurs droits


Dépouillement des votes de grève au SCFP Nouveau-Brunswick

Steve Drost est le président du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Nouveau-Brunswick

Forum ouvrier
: Quels sont les derniers développements en ce qui concerne votre lutte pour les droits des travailleurs du secteur public ?

Steve Drost :
Nous avons récemment terminé notre décompte et nous avons reçu un mandat de grève écrasant de nos 10 sections locales qui représentent 22 000 membres. Il est en moyenne de 94 % partout, toujours au-delà de 90 %. Les secteurs représentés sont la santé, de l'éducation, de transport, le tourisme et les services sociaux. Nos membres sont répartis dans toute la province.

Nous espérons vraiment que les négociateurs gouvernementaux vont revenir à la table. Malheureusement, le gouvernement cherche à imposer des concessions et nous avons dit clairement que nous ne retournerons pas négocier s'il y a des demandes de concessions. Le premier ministre a déclaré par la voie des médias que le gouvernement est prêt à revenir à la table mais que les concessions sont toujours là. Nous sommes dans une sorte d'impasse.

Nous entrons maintenant une fois de plus dans une période difficile en ce qui concerne la COVID. Nos chiffres augmentent assez rapidement comparativement à ce que le Nouveau-Brunswick avait connu. Nos admissions à l'hôpital et aux soins intensifs sont à la hausse. Nous avons eu plus de décès ces derniers temps que pendant toute la pandémie. Le gouvernement vient d'annoncer un état d'urgence dû à la COVID.

Comme la contagion dans la province est très préoccupante en ce moment, nous avons informé le public que nous n'allons pas retirer nos services jusqu'à ce que nous réexaminions la question le 22 octobre. Les sections locales vont quand même mener des actions entretemps. Par contre nous n'organiserons aucun débrayage en ce moment dans le secteur de la santé parce qu'il est en crise.

Le public apprécie beaucoup cette décision. Il en va de même de certains gestionnaires. Même le premier ministre a parlé en bien de notre décision à la radio. Nous essayons de gérer la pandémie mais nous avons tout de même 22 000 travailleurs qui ont accordé à leur équipe de négociation et à l'équipe centrale de négociation, qui représente les 10 sections locales, un mandat on ne peut plus clair à l'effet qu'ils sont prêts à débrayer pour obtenir des salaires et un contrat équitables.

La situation devient très difficile mais nos membres demeurent très positifs et leur engagement est extrêmement fort. Les femmes et les hommes sur le terrain ont exprimé clairement qu'ils ne peuvent plus travailler dans de telles conditions. Nous sommes aux prises avec une grave crise de rétention et de recrutement, et tout programme de relance post-COVID doit comprendre des investissements dans les services publics et une rémunération suffisante des travailleurs du secteur public.

Je peux te donner deux exemples très directs de problèmes de rétention et de recrutement en ce moment. Dans les résidences pour aînés, qui sont syndiquées SCFP, sur près de cinquante résidences, il y a plus de 400 postes vacants. Il y a quelques semaines, dans une des résidences pour aînés, il devait y avoir un effectif de 18 personnes en fonction mais la résidence n'en avait que 5. Un autre syndicat, l'Union des infirmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick, a 1 000 postes vacants.

Il y a eu trop de coupures d'austérité au cours des derniers 20 ans dans notre système de santé. En fait, le système était au bord de la crise avant la pandémie et celle-ci n'a fait qu'aggraver la situation.

Nos travailleurs sont et ont été depuis le début la première ligne de défense de la population du Nouveau-Brunswick contre la pandémie. Nos travailleurs sont épuisés, inquiets et choqués que ce gouvernement les a poussés dans cette situation. Ils veulent être traités avec dignité et respect et signer une convention collective qui est acceptable pour les deux parties.

La réalité c'est que le gouvernement est venu à la table avec une offre salariale de 1,25 % par année pour 4 ans et a ensuite offert 2 % par année pour les prochains 2 ans, parce qu'il voulait une convention de 6 ans. Ces groupes n'ont jamais eu de conventions d'une durée de plus de 4 ans. Et même en prenant en compte l'augmentation de 2 %, l'offre salariale n'approche même pas le coût de la vie. Certains de nos membres sont parmi les travailleurs du secteur public les moins bien payés au Canada. Cette offre salariale serait l'équivalent d'environ 30 dollars bruts par semaine et certains travailleurs sont sans convention depuis 3, 4 et même 5 ans. Et c'est sans parler de ce qui s'est produit lors des deux conventions collectives précédentes, lorsque le gouvernement a proposé des gels salariaux de 0 %, 0 %, 2 %, 2 % sur 4 ans puis un autre gel salarial avec une augmentation de 1 % par année sur 4 ans. Les travailleurs du secteur public ont perdu au moins 10 % de leur pouvoir d'achat pendant ces années parce que les salaires n'ont pas suivi le coût de la vie.

Nous pensons que ce que fait le premier ministre est très irresponsable, mais nous pensons aussi que cela correspond à un calcul. Nous pensons qu'il a ciblé notre syndicat parce que nos travailleurs en ont marre et ont décidé de tracer une ligne dans le sable et de dire qu'assez, c'est assez.

FO :
Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?

SD :
Nos 10 équipes vont prendre une décision le 22 octobre. Elles se réunissent depuis l'Action de grâce, le 11 octobre. Elles examinent quelles actions peuvent être organisées sans qu'il y ait de débrayage. Par exemple, les présidents des sections locales informent les travailleurs qu'ils doivent respecter leurs obligations contractuelles, mais n'ont pas à faire quoi que ce soit qui n'est pas dans la convention collective.

Nous n'avons pas connu une telle unité et solidarité depuis plusieurs années. Bien que les temps sont difficiles, c'est une période où nous sommes fiers de travailler avec le SCFP et avec tout le mouvement ouvrier du Nouveau-Brunswick.

Les travailleurs ont montré beaucoup de cran dans ce qu'ils ont fait tout au long de la pandémie, et maintenant en s'unissant dans des actions collectives pour le respect et pour la défense de leurs droits.

Nous voulons que ce premier ministre revienne à la table et agisse envers ce groupe avec le respect qui lui revient.


Cet article est paru dans

Numéro 95 - 15 octobre 2021

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